- Michel Guillou - Président du Réseau international des Chaires Senghor de la Francophonie, Titulaire de la Chaire Senghor de la Francophonie de Lyon, Directeur de l’Institut pour l’Etude de la Francophonie et de la Mondialisation
- Ph : IFRAMOND
La question de l’utilité et du rôle de la Francophonie est aujourd’hui posée. Les Francophonies des 19ème et 20ème siècles sont dépassées mais une troisième francophonie est possible en réponse et comme antidote aux défis et aux risques de la mondialisation : repli et confrontation identitaires, pauvreté, développement durable.
L’équilibre du monde et la recherche de la paix exigent de nouveaux pôles mondiaux d’influence voués au dialogue interculturel, à la solidarité tout autant qu’au développement économique. Dans ce contexte, la troisième francophonie est en avant-garde comme laboratoire et espace pilote. Il faut accélérer sa construction. Cet essai en présente le concept, le rêve, l’architecture et les chantiers.
Parler d’espoir, évoquer un nouveau départ pour la Francophonie, implique au préalable une évocation sans concession des inquiétudes qui s’expriment de partout et une réflexion sur son rôle demain et sa propre envie d’exister au moment où la mondialisation redistribue les cartes et casse bien des certitudes.
Il faut de même s’interroger sur son intérêt pour les populations qu’elle rassemble. Leur est-elle utile ? Chemin faisant, la question de l’avenir de la langue française, plus généralement du choix à l’international entre langue unique et multilinguisme, ne peut être éludée. Elle est, par ses conséquences, au cœur de la problématique du devenir francophone. Le débat d’idées sur ces questions est indispensable. Il faut l’ouvrir sans complaisance et le médiatiser.
En conclusion, ces propos montrent l’ambition de la troisième francophonie de répondre à un critère de double utilité au niveau mondial et au niveau des peuples.
La Francophonie est à un tournant. Face à la mondialisation, il lui faut choisir son cap.
Elle peut soit prendre le chemin du déclin irréversible, soit donner corps à son rêve d’une mondialisation humaniste, allant vers l’universel par la synthèse des différences et vers le développement économique par le partenariat solidaire.
Ne gâchons pas nos chances.