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GÉORGIE - Retour sur l’année 2015-2016

GÉORGIE - Retour sur l’année 2015-2016

24 novembre 2015 - par Mirian Méloua 
 - © Flickr - emilstefanov
© Flickr - emilstefanov

Avant-propos
La prononciation francophone des noms de pays n’épargne aucun d’entre eux, en particulier la Géorgie. Certains journalistes audiovisuels s’acharnent à prononcer « Georgie » sans marquer l’accent aigu coiffant la deuxième lettre : ils rendent peut-être ainsi hommage à Saint Georges, patron de la nation caucasienne, qui terrassa un dragon renaissant chaque jour.

POLITIQUE

Depuis 1991, la Géorgie tourne le dos à la Russie qui le lui rend bien, séparatisme abkhaze et sud-ossète, guerre d’août 2008 aidant. Les États-Unis, allié privilégié, n’ont toutefois pas réussi à lui faire rejoindre l’OTAN, Paris et Berlin s’y opposant afin de ne pas déplaire à Moscou. L’Union européenne est également prudente : si l’accord d’association économique a été signé en 2014 avec la Géorgie, la libéralisation des visas attendra et les perspectives d’adhésion aussi. Sur le plan régional, les bonnes relations avec les pays turcophones sont induites par la géographie et le commerce extérieur, les relations difficiles avec l’Arménie (le président Margvélachvili ne s’est pas rendu à Erevan en 2015 aux cérémonies du centenaire du génocide) sont induites par les tensions turco-arméniennes et la proximité politique russo-arménienne. L’Ukraine, qui pourtant a accueilli l’ancien président géorgien Saakachvili — aujourd’hui dans l’opposition — et lui a confié un poste de gouverneur de province (après lui avoir accordé la nationalité ukrainienne), demeure un partenaire stratégique pour Tbilissi.

Sur un plan intérieur, la gouvernance actuelle plus accaparée par la gestion et à l’administration du pays que par une médiatisation internationale, ne parvient pas toujours à convaincre une opinion publique versatile et à défaire le pays des tares passées, chômage endémique (officiellement 12,4 % en 2014, 25 % pour certaines ONG), instrumentalisation de la justice et délabrement du système pénitencier.

SOCIÉTÉ

Selon le recensement de novembre 2014, le territoire de la « Sakartvelo » — nom donné par les « Kartvèles » à leur pays — abrite 3,7 millions d’habitants, soit une baisse de 700 000 habitants depuis le recensement de 2002 et de 1,8 million depuis le recensement de 1989 : 15 % de cette population appartiendraient aux ethnies arméniennes, azéries ou russes, à l’exclusion des ethnies abkhazes et ossètes localisées sur les territoires séparatistes. La population d’ethnie «  kartvèle » vivant à l’intérieur du territoire national serait ainsi à peine supérieure à celle vivant à l’extérieur, diasporas historiques en Iran et Turquie, diasporas du XXe siècle en Russie et Ukraine, diasporas économiques du XXIe siècle sur 4 continents (Europe, Amérique, Asie, Australie).

Officiellement, 11,4 % de la population vivaient en 2014 sous le seuil de pauvreté : les ONG internationales affichent des pourcentages très nettement supérieurs (25 %, voire plus selon les modes de calcul).

Depuis quelques années l’Europe occidentale est infiltrée par une mafia particulière, dite « Vory v zakone » (les voleurs dans la loi en russe), qui s’est développée au XXe siècle sur le territoire soviétique et dont les racines remontent au système pénitencier du régime tsariste. Elle fonctionne par clans, spécialisés et fortement hiérarchisés. Deux d’entre eux, dits de Tbilissi et de Koutaïssi, disposent d’états-majors à Moscou et d’acteurs d’origine géorgienne : ils opèrent par vol de marchandises et écoulement rapide. Selon les médias, l’action conjuguée des unités dédiées de la gendarmerie et de la police françaises a conduit fin décembre 2014 au fichage de 2000 individus d’origine géorgienne soupçonnés de crime organisé et à l’incarcération de 200 d’entre eux.


Le port de Batumi ( wikimedia commons - barry kent)

ÉCONOMIE
Dépourvue de matières premières, dépourvue d’industrie de transformation, non autosuffisante en termes d’énergie et d’agriculture, la Géorgie avance néanmoins plusieurs atouts, intermédiation, tourisme et exportation. Elle constitue une zone d’échange d’est en ouest entre l’espace caspien et l’Europe pour les hydrocarbures et d’ouest en est pour les produits manufacturés ; elle constitue aussi une zone d’échange du Nord au Sud entre l’espace russe et l’Arménie (et peut-être l’Iran demain). Elle est dotée d’un fort potentiel touristique, montagne et mer, patrimoine historique et modernité, habitat traditionnel et hôtellerie internationale, qui a contribué à l’accueil de 3 millions de visiteurs en 2014. Elle tente enfin de diversifier ses exportations, celle du vin en particulier avec un accroissement de plus de 50 % en 2014.
Parallèlement les flux migratoires — et certains partenaires d’import/export — participent à l’entrée de devises dans le pays : elle était évaluée à 20 % du produit intérieur brut (16,5 milliards de dollars) il y a quelques années. Les canaux constitués par les expatriés en visite et les négociants «  artisanaux » faisant transiter des marchandises sur le territoire géorgien ne permettent pas de quantification précise.
Officiellement, le cours de la monnaie nationale, le lari, s’est affaibli de 25 % en 2 ans (1 dollar pour 1,66 lari en 2013 contre 2,33 laris en 2015), alourdissant le coût des importations et grevant le pouvoir d’achat des consommateurs.



CULTURE
Si les chants polyphoniques (et les danses traditionnelles) appartiennent à la culture ancestrale géorgienne, l’école géorgienne de musique classique et l’école géorgienne cinématographique se sont développées plus tard et ont été particulièrement encouragées à l’époque soviétique. Les flux migratoires du XXIe siècle ont favorisé leur expatriation, plus particulièrement en France où sont données des représentations dans les domaines de la polyphonie (ensembles vocaux de naissances françaises comme Marani, Mze Shina, Harmonie géorgienne, Angegeorgien, Tsistsinatela, Tamarionni, Samshabati, Satchukari…), du cinéma (documentaires de Nino Kirtadzé ou films « 13 Tzameti » de Gela Babluani, « Keep Smiling » de Rusudan Chkonia, « Eka et Natia » de Nana Ekvtimishvili, « Terre éphémère » de George Ovashvili, « Notre enfance à Tbilissi » de Theona et Thierry Grenade, « Particulier à Particulier » de George Varsimashvili,…), du piano (Elisso Bolkvadzé, Khatia Buniatichvili, Nino Pavlenichvili, Meguy Djakeli, Irakli Avaliani, Georges Beriachvili …), du violon (Lisa Batiashvili, Artchil Kharadzé), du violoncelle (Alexandre Tchidjavadzé), de l’art lyrique (la mezzo-soprano Nona Javakhidzé, le ténor Irakli Kakhidzé, la basse Nika Guliashvili). Les domaines du théâtre (Alexis Djakeli, Lasha Bougadzé par exemple), de la peinture (Levan Mosiashvili pour n’en citer qu’un) ou de la sculpture (Djoti Bjalava) fournissent aussi leur contingent de manifestations à l’étranger.



La Terre Éphémère de George Ovashvili - Extrait 1 par LesBAdeVivalaCinema


SPORT
Plusieurs fois champions d’Europe (et parfois champions du monde) dans les domaines du judo et de la lutte, les Géorgiens excellent aussi dans le domaine du rugby — proche du « lélo », leur jeu ancestral — : les joueurs issus de l’école géorgienne de rugby, aguerris au sein des clubs français du Top 14, remportent régulièrement la 1re place de la 2e division, donc derrière les six pays majeurs, comme en 2015.

FRANCOPHONIE
L’Ambassade de France, l’Institut français de Géorgie, l’Agence universitaire de la francophonie, différentes écoles (École française du Caucase, École Saint-Exupéry, École Patardzéouli,…) et différentes associations géorgiennes (Professeurs de français,…) impulsent la démarche en faveur de la francophonie : conférences, projections cinématographiques, théâtre, concerts, concours… ont marqué la capitale et la province en mars 2015 comme les années précédentes. Une prolongation a été organisée le 12 juillet, au bar-restaurant franco-géorgien « La Tartine » de Tbilissi, par un tournoi de pétanque — en l’honneur de la fête nationale française — doté de nombreux prix dont 3 voyages en France !

La langue française reste une langue de culture et concerne moins de 100 000 personnes. Le russe, langue de proximité, est la langue étrangère des générations les plus anciennes. L’anglais est devenu la langue étrangère d’aujourd’hui, encouragée pour les jeunes diplômés par des perspectives d’emploi dans les multiples délégations internationales résidant à Tbilissi mais aussi dans l’accompagnement du tourisme. Un mot a traversé les siècles et les millénaires de l’histoire géorgienne, « ganatleba » : il se traduit par l’instruction, l’éducation ou le savoir, mais aussi par la lumière. Il a conduit à faire de Tiflis (ancien nom de Tbilissi) la métropole du Caucase : la francophonie doit y garder sa place.


Pour en savoir plus
1) Les chiffres cités dans le texte proviennent de l’Office national de statistiques de Géorgie
http://geostat.ge/index.php?action=0&lang=eng
2) Le site de l’Institut français de Géorgie peut être consulté sur
http://www.institutfrancais.ge/fr/
3) Les numéros de 2010 à 2015 de la lettre mensuelle d’information « Les Infos Brèves France Géorgie » peuvent être consultés sur
http://www.samchoblo.org/Infos_Breves_France_Georgie.htm


Quelques points de repère historiques
*Le premier émissaire du royaume de Géorgie venu en royaume de France a touché François Ier au début du XVIe siècle. La délégation géorgienne la plus importante fut conduite en avril 1714 par Sulkhan Orbeliani, auprès de Louis XIV à Versailles : elle sollicitait l’aide d’un grand royaume chrétien vis-à-vis d’un petit royaume chrétien.
*En 1812, bien que l’avancée de Napoléon sur Moscou ait été contenue par un général géorgien de l’armée russe, Bagration, sous les ordres de Koutouzov, l’intelligentsia géorgienne espérait de l’empereur français la reconnaissance de leur nation (annexée par l’Empire russe en 1801) : la popularité de Napoléon Ier est restée forte en Géorgie.
*Un certain nombre de révolutionnaires géorgiens, sociaux-fédéralistes et sociaux-démocrates, trouvèrent refuge politique en France avant et après 1905. Si la plupart rejoignirent la 1re République de Géorgie (1918-1921), l’un d’entre eux y resta définitivement, Joseph Davrichachvili : il devint un as de l’aviation française durant la 1re Guerre mondiale sous le nom de Jean Davri, intégra le service de contre-espionnage français, organisa un réseau de Résistance durant la IIe Guerre mondiale, publia plusieurs livres sous le nom de Jean Violan et affirma être le demi-frère de Joseph Staline !
*A fin 2013, la France comptait un peu plus de 10 000 citoyens géorgiens dont 403 étudiants accueillis dans les universités françaises, la Géorgie comptait un peu plus de 300 citoyens français.


Mirian Méloua
Rédacteur en chef
des Infos Brèves France Géorgie
mirian.meloua@wanadoo.fr

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