LE RÉSEAU INTERNATIONAL DES MAISONS DES FRANCOPHONIES, UNE INITIATIVE POUR CRÉER UNE FRANCOPHONIE DES TERRITOIRES
La Francophonie institutionnelle existe principalement à travers l’OIF et ses grands opérateurs. Quatre-vingt-huit pays et gouvernements en font partie et agissent de diverses façons pour promouvoir et développer cette francophonie aux visages multiples.
Mais force est de constater que la francophonie a encore de grands défis à relever. Il ne faut pas s’arrêter aux chiffres avancés par ceux et celles qui se fondent seulement sur la démographie des pays africains francophones pour affirmer que tout va bien et risquer ainsi de relâcher les efforts, pourtant si nécessaires, à son déploiement et à sa consolidation. Avec lucidité, il convient de prendre en compte que plusieurs jeunes de pays et gouvernements membres ne parlent pas ou peu le français, faute parfois à des systèmes scolaires qui peinent à remplir leur rôle et à un manque de professeurs de français. Il faut également prendre en compte qu’un nombre, sans cesse croissant, de jeunes privilégie toujours l’apprentissage de l’anglais ou des cursus dans des collèges et universités anglo-saxonnes. Prendre en compte, enfin, que la considération de la richesse d’une langue en partage, n’est pas perçue avec la même attention par tous les pays pourtant membres ou membres observateurs. Malheureusement, dans plusieurs états francophones être moderne consiste encore à utiliser l’anglais (voir la publicité, la pratique de certaines grandes entreprises, les logos de plusieurs collectivités et même certaines déclarations internationales de dirigeants politiques…).
La francophonie est un bien précieux, une clé, une passerelle, un liant : elle a de multiples atouts, mais reste malgré tout fragile. Aussi il est temps de réagir. Réagir en mettant tout en œuvre à son renforcement et en mobilisant la société civile qui apparait comme un maillon essentiel, mais pourtant sous-évalué, de l’élan commun absolument nécessaire à sa consolidation.
L’initiative de Maisons des francophonies - qui se déploient déjà dans plusieurs pays du monde - et de la création du Réseau international de Maisons des francophonies (RIMF) est née de ce constat et de cette envie, en responsabilité, de s’engager sur ce chemin vertueux.
Il ne s’agit ici pas d’un combat contre l’anglais ou toute autre langue ; les langues s’épanouissent aux contacts des autres. Il faut aujourd’hui encourager l’apprentissage de plusieurs langues. Mais ceci ne peut signifier oublier notre langue, nos cultures. L’objectif est de faire comprendre que la mondialisation ne saurait être synonyme d’uniformisation.
La francophonie cela signifie mettre en valeur la langue française, dans le respect de ses riches accents, et faire la promotion de la diversité culturelle.
La francophonie c’est promouvoir une langue qui appartient, avec d’autres, au patrimoine mondial de l’Humanité.
La francophonie c’est promouvoir une certaine conception de la vie, des valeurs comme le respect des Droits de la personne, la solidarité, l’inclusion, le respect de nos différences et de nos environnements.
La francophonie des territoires vise à créer et renforcer des structures qui rassemblent, sur un lieu donné, associations et individus ; véritables forces vives portées par la volonté de montrer que le français est un bien commun partagé par des centaines de millions de personnes réparties sur les cinq continents que nous ne pouvons, par manque de vigilance, laisser se déliter.
Comme se sont créées des Maisons de l’Europe pour promouvoir l’idée européenne, nous avons pris l’initiative de créer des Maisons des francophonies (le pluriel est important) et le RIMF. Il est important de souligner que sont également membres du RIMF des organismes qui, même s’ils ne portent pas ce nom, poursuivent les mêmes objectifs.
Le but n’est pas de créer une structure complémentaire s’ajoutant simplement à celles existantes. C’est plutôt de proposer à nos membres, qui conservent leur pleine autonomie, de s’unir afin d’échanger de bonnes pratiques, de dialoguer, de concevoir des activités communes, d’associer ponctuellement leurs réseaux, leurs savoir-faire et leurs capacités de rayonnement et surtout de s’appuyer sur leur réactivité et leurs connaissances fines des territoires pour valoriser leurs actions, mais aussi des élans et messages communs aux services des francophonies.
Ce nouveau réseau se construit donc sur un maillage local, qui garantit l’adaptabilité aux réalités géographiques et culturelles des territoires, tout en proposant une grande capacité de mise en synergie nationale et internationale.
Déjà, existent ou sont en projet une dizaine de Maisons en France. Le RIMF, quant à lui, compte près de cinquante membres répartis sur tous les continents. Il est coprésidé par Michel Robitaille, Président du conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques et de Christian Philip, Président de la Maison de la francophonie de Lyon. Son bureau de direction inclut également des membres d’Allemagne, du Cameroun, de Hongrie, du Maroc, de l’Ontario (Canada) et du Vietnam.
Notre jeune Réseau a déjà montré sa grande force de mobilisation puisqu’il a pu, en seulement trois mois, réaliser, financer et finaliser sa première activité commune, le concours mondial Ma Minute francophone, qui a connu un vif succès avec la réception de 217 vidéos provenant de 41 pays. Il tiendra, en 2021, des Universités d’été régionales sur le thème de « Quelle francophonie au XXI siècle ? » puis, une session mondiale en 2022.
Représentant la société civile, nous travaillons également à une Adresse que nous souhaitons transmettre au prochain Sommet de la Francophonie. Ceci dit, notre principale ambition sera de s’adresser à la jeunesse pour que notre initiative et notre engagement deviennent les leurs. Par exemple, à Lyon, il est proposé aux autorités éducatives d’accompagner les professeurs dans les lycées pour faire connaître la francophonie, ce qu’elle représente, ses valeurs. Au Québec, le Centre de la francophonie des Amériques a créé le Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques et le Parlement francophone des jeunes des Amériques.
Si la Maison de la francophonie de Lyon a été la première crée en 2008, elle n’avait de sens que si se créait un véritable réseau d’associations de ce type. Aujourd’hui nous sommes sur la bonne voie. L’idée était également que ces Maisons soient un lieu où toutes les structures contribuant à la promotion de la francophonie, quelles qu’elles soient, puissent se rencontrer et mener des actions communes, tout en gardant leur autonomie. Ainsi se crée une francophonie citoyenne plurielle, active auprès des populations, qui contribue à l’essor et la pérennité de la langue français et des cultures francophones.
Christian Philip et Michel Robitaille
Coprésidents du Réseau international des Maisons des francophonies
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