Avec les dix mots de francophonie mis en concours par les temps qui courent, songez aux histoires de caractère propres à transporter l’âme, ou de penchant naturel qu’auraient pu confier chez Zigzag, comme ça ou autrement, les personnalités sollicités à l’occasion de ce 20 mars mythique de la Francophonie.
En dix mots comme en cent, elles sont au rendez-vous du rêve francophone qui leur était proposé. A tout seigneur tout honneur, le secrétaire général Abdou Diouf rêve tout éveillé à l’accomplissement d’ "humanisme intégral" de son mentor Senghor, un humanisme populaire où la différence n’empêche pas l’égalité dans la même dignité. Tout un programme...
C’est un vaste programme que trace Michel Guillou, président du Réseau international des chaires Senghor de la Francophonie, dans son rêve de "la troisième Francophonie", celle du dialogue, de la proximité et de l’utilité dans des échanges mondialisés. Un programme détaillé contre la francophobie, pour la reconquête et l’objectif de 400 millions de Francophones en 2020.
Secrétaire général de la Conférence des ministres de l’éducation des pays ayant le français en partage (Confemen, plus ancienne institution francophone), Jacques Ki Boureima rêve de marier concrètement dans des programmes d’éducation, y compris de formation technique, le concept de "multilatéralité francophone" , et le souci du développement durable.
Ministre de la culture, de l’audiovisuel, de la santé et de l’égalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan rêve d’une francophonie qui fait avancer l’égalité (y compris l’égalité homme-femme) dans la diversité de accents et des couleurs, quand le français, "base de notre surréalisme", zwanze à Bruxelles, spite dans le Hainaut, ou fait l’fiesse à Liège.
Il voit le rêve venir d’Afrique, et assume le métissage. Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris, assigne au français, "langue-monde", l’objectif de devenir la langue de l’ouverture à l’autre, d’une pluralité voulue et valorisée. Une langue qui marie l’universel et le spécifique.
Dorina Bohantov, critique d’art moldave, témoigne, par son histoire personnelle, de l’usage des rêves qui permettent de survivre, puis de vivre, puis de rêver la vie, une vie partagée dans l’empathie, l’écoute et le partage. Une porte ouverte, dans les enfermements antérieurs du système politique, par des mots en français.
Et la médiatrice, Marie-Christine Saragosse, directrice générale de TV5Monde, avoue son amour pour Babel, pour la somme des langues diverses qui disent la diversité du monde, avec le passage d’images, de valeurs, d’idées, par le français, autour du français outil de réunion et de diversité à la fois.
Ils ont rêvé. Ils sont, comme nous tous, parfois un peu plus en charge, responsables du rêve francophone. Rêvons qu’ils réalisent nos rêves.
Loïc Hervouet - rédacteur-en-chef de l’Année francophone internationale