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Assane Dieng - Un Sénégalais sur le chemin de la poésie

Assane Dieng - Un Sénégalais sur le chemin de la poésie

23 janvier 2014 - par Arnaud Galy 

Qu’il doit être angoissant, parfois le matin au réveil, de sentir qu’on est fait pour être poète. Que quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, on est poussé par la fibre littéraire. Dans ce monde où les stars d’un jour naissent dans les coulisses des émissions de télévision et où la recherche du profit immédiat monopolise l’attention des majorités, les fils spirituels de Senghor et Sall ont la vie dure ! Pourtant Assane se lève le matin, convaincu qu’une bonne étoile lui montre le chemin : vers le pays des poètes, des hommes de culture et de l’altruisme.


Assane Dieng et Charles Camara, le sourire accroché au micro !

Déjà sage, il va vers ses 24 ans, Assane sait qu’il est un poète en devenir. Il poursuit avec assiduité le compagnonnage qui le mènera dans les hautes sphères des lettres. La lecture des Contemplations de Victor Hugo a convaincu cet étudiant et amoureux de la langue française qu’il devait se lancer dans l’écriture et que triturer les mots serait son destin. Il reconnaît que, malheureusement, l’école ne favorise pas l’amour de la poésie. Cet art est considéré comme le plaisir d’une élite intellectuelle peu en phase avec les réalités de la vie quotidienne et son apprentissage à l’école tient plus du pensum que de l’extase ! Assane, lui, est né entre deux rangées de livres, élevé par une mère enseignante de français et une tante universitaire. Petit coup de pouce du destin qui l’a mené à écouter davantage de vieilles chansons françaises dites à texte que d’anglosaxonneries à la mode. Ce qui a le don de faire s’écarquiller les yeux de ses camarades !

Premières pluies - Azo Dieng (nom d’auteur)
Edition : l’Harmattan Sénégal

Le compagnonnage est le moment délicieux où l’apprenti, au sens noble du terme, s’enrichit, découvre et expérimente. Assane manœuvre comme un compagnon. Il s’essaye à la radio grâce à la confiance de l’Institut Français qui lui permet d’animer une émission dédiée à la langue française. L’ambition de l’émission est de faire comprendre aux jeunes Sénégalais qu’ils doivent oser parler en français ! Sans complexe, sans honte. Les jeunes Sénégalais — sont-ils les seuls ? — rechignent à parler en français, car ils sont effrayés à l’idée de le massacrer. Massacrer l’anglais est une habitude planétaire et chaque utilisateur du globish s’en moque au grand dam des linguistes de la langue de John Lennon, mais massacrer le français ne se fait pas ! Dommage... les fautes se corrigent, elles ne doivent pas empêcher l’expression orale. Alors Assane et son ami Charles Camara, ouvrent le micro et invitent des gens à lâcher des mots comme on lâche des chevaux sauvages : il y a ceux qui chantent, ceux qui jouent aux apprentis journalistes et les autres qui dissèquent des règles de grammaire et des expressions familières... Assane s’essaye aussi à l’animation, en direct face au public. Il devient alors poète en vadrouille ! Il slam et fait slammer les jeunes lors d’apéritifs poétiques dans une galerie de St-Louis. À ses heures perdues – en a-t-il ? — il anime un cercle de poètes et d’écrivains à l’université. Enfin, il affronte le monde de l’édition et des prix littéraires. Quelques succès déjà qui ne lui font pas tourner la tête. Avant, qu’éventuellement, elle tourne, Assane aura été poursuivre ses études en France ou au Québec, histoire d’ajouter une pierre à son compagnonnage.


Ndar, la ravissante

« Me ravit la belle cité dans les bras de la mer bleue

Baignant les cœurs et les esprits lorsque la lueur dorée

Se dissipe dans les nuées de la marée blanche.

C’est le moment où Faidherbe étendu sur son lit savoure les délices

De la majesté, les délices de la mélodie de l’âme revigorée.  »


Assane est un militant de la langue française, sans aucun doute, pourtant comme tout Sénégalais, il cultive sa langue, le pula. Une langue qui ne s’apprend pas à l’école, mais qui possède sa syntaxe et sa grammaire. Assane est bien conscient qu’il ne la maitrise pas totalement, pourtant c’est sa langue de cœur, de famille, sa langue de l’intime. Francophonie et diversité culturelle font cause commune. Les Peuls, les Wolofs et les Sérères sont les premiers artisans à façonner cette richesse. Rêvons que cela dure. Inch Allah !

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