L’année témoigne d’une effervescence culturelle, créée par la programmation d’événements périodiques et de manifestations ponctuelles, qui regorgent de découvertes dans tous les domaines. Parmi tous les choix, voici ceux qui se distinguent.
Musique
La grande nouvelle tombe en novembre 2014 et provient de l’UNESCO : la pratique musicale des tambours du Burundi est inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité. Il s’agit de la reconnaissance internationale de l’ingoma, le « tambour du Burundi » ! Depuis longtemps considéré comme un emblème national, c’est tout un peuple qui acclame joyeusement cette décision, lors de la première fête du tambour et des tambourinaires, en décembre 2014.
Quelques semaines plus tard, une nouvelle révélation musicale apparaît : le chanteur Bobona obtient la deuxième place au concours du Prix découverte RFI 2014, au grand bonheur de ses fans, qui avaient massivement voté pour lui. Le jeune homme âgé de 28 ans a appris la musique au Centre jeunes Kamenge et a commencé sa carrière comme choriste de la star burundaise Steven Sogo. En 2011, il sort son premier, et pour l’instant, unique album. À l’occasion de la Semaine de la francophonie, le public de Bujumbura devient le témoin privilégié de la rencontre entre Marema, chanteuse sénégalaise et gagnante du concours, et leur représentant national. Un concert qui restera longtemps dans les mémoires, de par la générosité artistique des deux vedettes, diront plusieurs spectateurs. Bobona a aussi été juré du Concours de la chanson francophone, organisé dans l’anglophone East African Community et dont la finale a eu lieu à Bujumbura.
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L’actualité musicale a aussi été entachée par les propos malheureux du ministre de la Culture, Adolphe Rukenkanya, qui condamne certains chanteurs en fuite, alors que ces derniers sont menacés. Au lieu de soutenir la diversité de la production musicale, il conseille de chanter l’unité nationale et de ne pas trop « occidentaliser » la musique : « Ce qui est faisable sous d’autres cieux, ne peut pas nécessairement être fait au Burundi. Les artistes doivent être prudents. Le Burundi est un cas à part. Nous avons notre culture, ce qui peut être fait en France ou aux USA, n’est pas forcément recommandable au Burundi ». Toutefois, le ministre accepta de s’expliquer et de débattre avec des chanteurs, dans une émission spéciale de la radio Isanganiro.
Littérature
Outre la parution de plusieurs ouvrages scientifiques remarqués sur le plan national, Bujumbura est la scène de la seconde édition des Journées littéraires, à l’initiative de l’association Sembura, en novembre 2014. Sur deux jours, des écrivains congolais (RDC), rwandais et burundais se rencontrent lors de colloque, concert et foire aux livres. Comme pour l’édition précédente (Bujumbura 2011), une anthologie a vu le jour, dans laquelle les auteurs étaient invités à s’exprimer sur le thème « Promotion de la paix et des lettres ».
Pour cette 6e édition, le Prix littéraire Michel Kayoya, organisé par l’hebdomadaire Iwacu, récompensa trois nouvellistes prometteurs. Parmi les productions 2014, cinq textes ont été distingués par le Jury : deux obtiennent une mention spéciale et les trois autres se partagent le podium. Cette cuvée voit les femmes s’imposer, à l’image de la gagnante, Mise Jessica Musadinanga, consacrée pour « Le journal d’une schizophrène ». Le recueil des nouvelles primées est paru le 19 mars 2015, grâce au soutien de la coopération française.
Signalons la naissance du Prix littéraire Rumuri, créé par des étudiants de l’université du Burundi. Si quatre textes ont été remarqués par le jury composé d’universitaires, la récompense suprême de cette 1re édition a été attribuée à J.-Claude Ndayikangurukiye.
Cinéma
En avril, le Festicab fête sa 7e édition. Le rôle de ce festival cinématographique n’est plus à démontrer : en plus d’aiguiser des vocations en proposant des rencontres, des formations et des récompenses, il fait entrer les productions audiovisuelles burundaises dans une industrie régionale et mondiale. Cette année, le thème est « le cinéma et les droits humains » et la marraine est l’actrice égyptienne Gihan Fadel.
Art
Si quelques artistes se font remarquer à chacune de leurs expositions, à l’image de Nelson Niyakire et Clovis Ngoy, la manifestation la plus importante de cette année est sans doute la 2e édition (la 1re édition a eu lieu en 2012) de la Biennale internationale de Bujumbura, organisée en avril, sur le thème « l’art et la culture, facteurs de paix et de développement ».
Pour conclure, saluons le rôle incontournable des institutions culturelles, établies depuis des décennies, ou récentes, et des coopérations étrangères qui permettent à toute cette richesse artistique de voir le jour, par leurs soutiens matériels et financiers. Nous pensons entre autres à l’Institut français du Burundi, au Centre jeunes Kamenge, à l’Alliance franco-burundaise et au Centre culturel de Gitega.