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CONGO - Invasion de pianos !

CONGO - Invasion de pianos !

Une histoire jouée par l’IFC Pointe Noire

Franck Patillot, directeur délégué de l’IFC Pointe Noire raconte l’histoire des pianos et nous donne des nouvelles des échanges culturels entre le Congo et la France.

23 octobre 2014
Les pianos débarquent !
Les pianos débarquent !

On a assisté récemment à un bien curieux déménagement dans la rue de l’Institut français de Pointe Noire ! Des pianos... racontez-nous leur histoire ?

Franck Patillot lance le Festival N’SANGU NDJI NDJI 2014
Ph : IFC Pointe Noire

Effectivement, c’était un moment très attendu et bien inhabituel… Comme vous le dites : « quelle histoire… !!! ». Il se trouve que mon « véritable » métier, en France, est directeur d’un conservatoire musique, danse, théâtre. Les conservatoires sont des établissements publics d’enseignements artistiques qui forment notamment les futurs amateurs, mais aussi les futurs professionnels. Nous réformons les instruments de musique au bout de quelques années d’utilisation intensive afin que les élèves puissent travailler dans les meilleures conditions. Au Congo il n’y a aucun établissement de ce genre et les musiciens n’ont évidemment pas accès à ces formations. Vient s’ajouter à cela la grande rareté de certains instruments, cuivres, pianos, cordes, et les quelques-uns en circulation sont dans un état désastreux… J’ai donc contacté mes anciens collègues et leur ai proposé de monter un projet de « don » des instruments réformés. La collectivité sollicitée, la Communauté d’Agglomération Toulon-Provence-Méditerranée, dans le Var, a accepté l’idée et après plus d’un an d’échange et de procédure, celle-ci a pris un « arrêté de cession à titre gracieux » des instruments que nous avions ensemble listés : 4 pianos droits et 1 piano Gaveau ½ queue. Je tiens ici à remercier tous ceux qui ont permis que ce projet un peu fou se réalise, en particulier mon collègue et ami Stéphane Leclerc qui, sur place en France, m’a aidé à monter ce projet.

Katherine Nikitine et Stéphane Leclerc à l’IFC Pointe Noire en novembre 2013
Ph : IFC Pointe Noire

Les futurs utilisateurs sont-ils plutôt jazz, classique, chanson ? À moins qu’un style musical congolais soit particulièrement adapté au piano ?

Pour répondre à votre question, je serais tenté de dire que ce ne sont que des « outils »… et que, quel que soit le style de musique, ces instruments serviront au mieux l’expression musicale des artistes. Alors oui, jazz, latino, classique… En revanche, pour les éventuels récitals classiques (Mozart, Beethoven, Chopin, Liszt…) seul le grand piano à queue conviendra à ce type de répertoire.

L’IF est-il « simplement » la courroie qui a permis la transmission des pianos ou est-il impliqué dans leurs envolées futures ? Êtes-vous partie prenante dans les écoles de musique ou salles de spectacles qui vont les faire vivre ?

L’IFC de Pointe-Noire est partenaire de plusieurs évènements culturels congolais, de projets artistiques et de lieux de diffusion. Si le grand piano de concert, 1/2 queue Gaveau, rejoindra la grande salle de l’IFC de Brazzaville (seul lieu capable d’accueillir un tel instrument), les pianos droits iront, l’un à l’Espace Culturel Yaro (Loandjili, quartier de Pointe-Noire), un autre à l’école de musique Aseme (Pointe-Noire), un troisième à Dolisie, 3e ville du pays avec laquelle l’IFC de Pointe-Noire a signé une convention de partenariat culturel il y a 2 ans. Nous garderons le dernier… pour l’instant !

Au-delà de cette belle aventure, comment se portent les échanges culturels entre la France et le Congo ?

Difficile pour moi de porter un jugement pour l’ensemble du pays sur cette question. Le COCAC* serait certainement mieux à même de vous répondre… Ce que je peux dire, c’est qu’à chaque fois que nous recevons à Pointe-Noire des artistes (musiciens, danseurs, chorégraphes, comédiens, metteur en scène, écrivains, techniciens du spectacle, etc.) ou des intellectuels français (historiens, philosophes, scientifiques, etc.) nous multiplions les rencontres, débats, ateliers, avec les acteurs locaux, mais aussi avec l’ensemble de la population congolaise. Et à chaque fois, ces échanges « magiques » marquent profondément les invités français…

Quel est le prochain « gros coup » initié par vos services ?

Sans aucune prétention, je dirais que si l’arrivée des pianos représente certainement un « évènement », les « gros coups » sont réguliers. Je pense aux multiples actions que nous menons depuis plus de 2 ans avec tous mes collègues (9 agents congolais et 2 Volontaires Internationaux) notamment à toutes les actions externalisées dans les quartiers excentrés en direction des populations qui ne peuvent pas se déplacer en centre-ville (concerts, projections, conférences, etc.), à la Foire du Livre, à la manifestation « Pas de Quartier pour La Culture »…

À quelques jours du Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Dakar fin novembre, comment se porte notre langue commune entre Brazzaville et Pointe-Noire ? Le statut de la langue française est-il malmené ?

Le Congo est un pays qui a « mis au monde » de grands écrivains qui ont, chacun dans leur style, manié la langue française avec beaucoup de talent : Sony Labou Tansi (dont nous célèbrerons l’année prochaine le 20e anniversaire de la mort), Jessy Loemba, Emmanuel Dongala, Henri Lopes, Jean Malonga, Thicaya U’tam Si, Wilfried Nsondé, Alain Mabanckou etc.
Aujourd’hui, de nombreux jeunes talents, avec d’autres « outils », participent à la promotion de la langue française. Je veux parler ici des slameurs… L’IFC de Pointe-Noire organise depuis deux années les sélections nationales de slam, pour le grand tournoi mondial qui se déroule à Paris. Par ailleurs, je suis toujours très impressionné par la maitrise du français, du « beau français », dont font preuve les élèves congolais lors des débats et autres rencontres avec des conférenciers que nous invitons. Nous organisons aussi un grand concours de Scrabble durant la semaine de la francophonie. Je dois avouer là encore que de 8 à 50 ans, le nombre de participants ne cesse de croitre et le niveau de jeux est vraiment remarquable…

La Fête de la musique en 2014... la prochaine au son du piano ?
Ph : IFC Pointe Noire

* Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle

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