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MyFrenchFilmFestival

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Partenariat AGORA / GRAND TOUR 2017 - Par Arnaud Galy
17 janvier 2017 - par Arnaud Galy 

Le Grand Tour est l’initiative francophone de l’année 2017. C’est la volonté de montrer concrètement la richesse et l’attraction des cultures francophones. Le Grand Tour est orchestré par le ministère français des Affaires étrangères (Secrétariat d’État chargé du Développement et de la Francophonie) accompagné par les plus grands acteurs institutionnels et médiatiques de la francophonie. L’ambition est de labelliser 100 événements et de construire, formellement ou informellement, un réseau mondial des festivals, des artistes, des organisateurs et des publics. Le Grand Tour fera des escales sur les 5 continents.
La plateforme Agora est associée au Grand Tour. Au fil des mois nous égrènerons des sujets réalisés en exclusivité par nos auteurs et mettrons en ligne une revue de presse spécifique.
Que ce voyage en francophonie soit votre « madeleine de Proust » de l’année !


Le MyFrenchFilmFestival

Atmosphère, atmosphère...
Les pavés de la place de la Concorde luisent sous les effets combinés des grosses gouttes de pluie et de l’éclairage plongeant des réverbères. La luxueuse rue de Rivoli, la populaire Grande Roue, la citoyenne Assemblée nationale, les lointains Champs-Élysées... un panorama à 180°, clichés parisiens garantis, que ne renierait pas Woody Allen. Une ambiance de comédie romantique qui s’intensifie avec l’arrivée d’un véhicule de classe allemande, couleur noire métallisée. Il s’immobilise sans bruit devant l’entrée de l’Automobile Club de France, haut lieu des cercles chics parisiens. Un homme, tout en noir, s’éjecte de la limousine et la contourne au plus vite. Un bruit sec annonce l’ouverture d’un parapluie tout aussi noir, suivi de celle en douceur de la porte arrière-droite. Une silhouette, on ne peut plus élégante, vêtue d’un strict ensemble tout aussi noir que le reste du décor, prend place sous le parapluie. Le duo file à l’abri dans un bruit de talons pressés. «  Hé ! C’est Nathalie Baye ». Un type qui se tenait à l’abri sous le porche de l’hôtel voisin vient de briser la scène... Clap de fin. Dommage. Le film était certes classique, mais admirablement maîtrisé. La soirée UNIFRANCE pour le lancement du MyFrenchFilmFestival peut commencer...

Qu’il est agréable de communiquer les bons résultats ! Isabelle Giordano et Jean Paul Salomé
Photo : Arnaud Galy - Agora F

Le MFFF est le rendez-vous incontournable du cinéma français en ce début d’année. Il positionne clairement l’industrie cinématographique parmi les succès culturels et économiques de la France à l’étranger. Il suffit d’entendre les conversations de couloirs et les discours lors de la cérémonie pour être assuré que chacun est bien conscient de l’attractivité des productions françaises à l’exportation. Les deux maîtres de cérémonie, Isabelle Giordano* et Jean Paul Salomé* ont égrené quelques chiffres qui laissent peu de place au doute. Même si 2016 fut une année, en demie teinte, personne ne semble vraiment inquiet tant la dynamique est inscrite dans la durée. Le MFFF est le « top » départ de la nouvelle année. Il s’agit d’un festival numérique, mondial, à la carte. La programmation tourne autour du chiffre 10 !

*Isabelle Giordano : directrice générale de UNIFRANCE
*Jean Paul Salomé : président de UNIFRANCE

Le MFFF, en bref !

10 courts-métrages et 10 longs-métrages sous-titrés en 10 langues accessibles du 13 janvier au 13 février.
L’ensemble des courts-métrages est accessible gratuitement, quel que soit le pays d’origine du festivalier alors que les longs-métrages sont parfois payants. Ils sont en accès libre en Afrique, Amérique latine, Inde, Pologne, Roumanie et Russie.
Il suffit de faire son choix, de se connecter pour visionner et pourquoi pas de voter ! Un prix sera attribué par un jury de journalistes spécialisés, un autre par un jury de réalisateurs et le dernier est le prix du Public. Alors, votez !

En 2016, le compteur affichait 6,5 millions de visionnages... pourquoi pas le vôtre cette année ?
Des talents francophones méconnus en pagaille accompagnent Anais Desmoutier, Sami Frey, Arno, Mélanie Thierry, Marina Fois, Emmanuelle Devos, Vincent Cassel, Agnès Jaoui, Ramzi ou… Nathalie Baye !

Sans oublier quelques bonus, parfois insolites :
Le film culte d’Agnès Varda, « Clio de 5 à 7 » de 1962 ; Françoise Dorléac filmée par Philippe Labro en 1964 ; quelques films hors compétition à regarder sans préjugés !



Trailer / Bande-annonce - MyFrenchFilmFestival... par Myfrenchfilmfestival


L’Automobile Club de France à Paris... loin d’une salle obscure !
Photo : Arnaud Galy - Agora F


Rencontre avec trois membres du jury des réalisateurs, par petites touches...

Photo : Veeren Ramsamy

Schlomi Elkabetz (Israël)
Comment vivez-vous ce rôle de jury ? Participer à ce jury, rencontrer des réalisateurs francophones, voir des films et pouvoir en parler avec d’autres professionnels est un cadeau. Le cinéma français m’a tant donné. Il m’a donné des collègues, des rencontres et aussi un public. Le cinéma français m’a aussi donné la langue française. C’est par le cinéma, pour le cinéma, que j’ai appris le français. Je vis une vraie histoire d’amour avec la France et le français, déjà enfant je rêvais de France je ne rêvais pas en anglais. Pour le meilleur et pour le pire je pense mes films à travers le français. Je m’inscris dans une histoire du cinéma français. Votre rapport à la langue ? La langue induit des valeurs et un sens propre. Une phrase écrite en français, en anglais ou en hébreu n’aura jamais la même signification. Que ce soit à l’écriture ou à l’écoute, une phrase traduite dans deux langues différentes ne sera jamais la même I don’t give a damn et je m’en fous sont pour moi totalement différents ! C’est pourquoi il faut toujours voir les films dans leur langue originelle. Vos influences françaises ? (Un long silence, une profonde réflexion.) Chéreau, Bresson... j’ai chez moi une grande collection de films français, mais aussi de films américains. Le cinéma américain a tellement été influencé par les Français... Je ne peux pas dire que je sois plutôt « Nouvelle vague », je suis plutôt sensible au mélange. Par exemple j’aime Woody Allen et Cassavetes qui sont fortement influencés par la « Nouvelle vague ». Aujourd’hui, quel cinéma vous attire en tant que spectateur ? Je suis très intéressé par le cinéma roumain... mais je vis en Israël et il est très difficile d’avoir accès aux cinémas particuliers, ce n’est pas comme à Paris ! Ici, tout arrive même si c’est pour un temps limité tout passe par Paris, en Israël, je dois attendre les DVD.

Photo : Veeren Ramsamy

Fabrice du Welz (Belgique)
Le conflit linguistique wallon – flamand, ça vous parle ? Je vis à Bruxelles qui est une vraie ville cosmopolite, mes voisins parlent portugais, anglais, flamand, c’est une marmite de cultures ce qui fait que ne me sens pas impliqué dans l’opposition des deux grandes communautés de Belgique. Bruxelles n’est pas la Belgique comme Los Angeles n’est pas les États-Unis. Je me sens plus Bruxellois que Belge. Mon quartier est flamand, mais très ouvert sur le monde. Quid du cinéma des deux communautés ? Pour le coup il y a de vraies différences. Les modes de financement sont très différents, le CNC belge est calqué sur le modèle français alors que l’équivalent flamand est plus anglo-saxon. Le cinéma flamand est davantage porté sur le cinéma de genre comme le polar par exemple. Je suis aussi belge que mes copains flamands, mais eux ont grandi avec les chaînes flamandes et moi avec les chaînes françaises. Culturellement nous partageons très peu de choses. Je me sens toujours plus proche d’un Français que d’un Flamand. C’est le charme de la Belgique ! Et parfois le bazar ? Oui, mais un bazar joyeux ! Le Bruxellois est bonhomme, tolérant, hypertolérant. Même s’il faut se méfier de certains Belges qui ont réussi à Paris et qui jouent les bonshommes, les modestes alors que... Et la langue française pour vous ? Je ne fais pas de prosélytisme pour la langue française. Si je devais tourner en chinois, je tournerais en chinois. Attention, j’aime ma langue, mais je suis perméable. J’aime ma Belgique, mais je suis citoyen du monde avant tout...

Photo : Veeren Ramsamy

Rebecca Zlotowski (France)
Tourner en français est-il un frein à l’exportation ? Je viens de terminer un film que j’ai tourné en Europe avec des actrices étrangères, notamment, Natalie Portman et Lilly Rose Depp, une partie du film est anglophone ! Quand j’ai présenté le film à Toronto, les journalistes américains me renvoyaient la difficulté que le film soit en deux langues et qu’il y ait des sous-titres. Il est certain que cela freine la diffusion à l’étranger et que des territoires seront assurément hostiles et resteront à distance du film. Mais la cinéphilie française a tellement rayonné dans le monde entier que je pense que paradoxalement mon film aurait eu moins de freins dans sa diffusion aux États-Unis s’il avait été tourné en langue française uniquement, car il aurait été vu comme s’inscrivant directement dans la cinéphilie française. Ici c’est la présence des deux langues qui gêne. Trop compliqué ? Oui, un produit d’exportation vers l’Amérique du Nord doit être simplifié... La langue française a une histoire radieuse en terme de cinéma et c’est une force pour moi, mais pour les produits d’exportation, la langue anglaise rafle la mise. En Europe c’est un peu différent, les films en français passent très bien les frontières allemandes par exemple. Le plaisir de la langue française ? Oui, il y a des francophiles partout. J’en ai beaucoup rencontré au Brésil et en Amérique du Sud. Au cours de mes voyages, je ressens vraiment une amicale autour de la langue française, de sa littérature et de son cinéma. Je ne suis pas spécialiste du sujet, mais il me semble que nous vivons toujours sur les acquis des années 60. Les personnes cultivées et amoureuses de la langue française dans le monde sont toujours sensibles au structuralisme, à Derrida, Foucault, Barthes ou Deleuze et au cinéma de la Nouvelle vague. Ce grand rayonnement a imprégné les pensées et nous bénéficions encore de ce sillon. N’est-ce pas frustrant de sentir qu’on vit sur un acquis ? Non... c’est plus l’impression qu’on doit être digne de la lignée ! D’autant plus qu’il est assez confortable de faire des films en France, quand j’entends mes collègues étrangers parler de leurs difficultés à tourner et produire les bras m’en tombent !

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