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FRANCE - Retour sur l’année 2015-2016

FRANCE - Retour sur l’année 2015-2016

17 décembre 2015 - par Dominique Pennequin 

Concernant la vie politique française, on peut résumer la situation en examinant les faits et gestes de trois personnalités qui dominent la scène et qui la domineront jusqu’à l’élection présidentielle et les élections législatives du printemps 2017 : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen.


François Hollande (Flickr - Conseil européen)

FRANÇOIS HOLLANDE

Le président de la République, semblant imperturbable dans sa traversée des orages et la constante baisse de sa popularité enregistre fin septembre 2014 une nouvelle défaite électorale : Le Sénat n’aura été que trois ans présidé par un sénateur socialiste, Jean-Pierre Bel qui n’avait guère montré d’intérêt pour la fonction au point de ne pas chercher à la regagner.

Coté scandales provoqués par des conseillers ou des proches, après la démission du tout nouveau secrétaire d’État Thevenoud "allergique" à l’administration et aux déclarations fiscales, la série entamée par Jérome Cahuzac et Aquilino Morelle, va s’allonger en novembre avec la démission du secrétaire d’État aux Anciens Combattants Kader Arif, soupçonné de favoritisme pour l’obtention de marchés publics et encore la démission en décembre d’un conseiller à l’Élysée, Faouzi Lamdaoui, accusé d’abus de biens sociaux. De nouveaux accrocs sur le manteau du président qui avait promis la République exemplaire, lors de sa campagne.

En cette fin d’année 2014, les rapports avec la composante écologique de la majorité sont toujours dégradés par les incidents autour du projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes (près de Nantes), maintenu malgré le départ du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, redevenu député de Nantes. Ils deviennent exécrables à cause des atermoiements autour de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et surtout à cause de la mort d’un jeune étudiant manifestant contre le barrage de Sivens dans le Tarn, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme mobile. Conséquence, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, un des ministres les mieux considérés jusque là dans l’opinion est vivement attaqué.

Mais un drame plus grave encore, le 7 janvier, va provoquer un véritable séisme. C’est l’assassinat d’une grande partie de l’équipe de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, et de plusieurs policiers. Tuerie complétée deux jours plus tard par une prise d’otages dans un supermarché cacher faisant quatre morts. Les trois auteurs, terroristes islamistes nés en France sont tués lors des assauts des forces de l’ordre. Spontanément, les rassemblements républicains ont lieu dans de très nombreuses villes de France, et François Hollande prend l’initiative d’accompagner le mouvement lors d’un défilé monstre partant de la Place de la République à Paris. Et il réussit à faire marcher avec lui de très nombreux chefs d’État et de gouvernement de pays très divers, tous condamnant le terrorisme. De l’avis général, le président de la République, toujours brocardé pour sa mollesse, a été à la hauteur de la situation, décidant immédiatement l’opération Sentinelle qui déploie dix mille militaires, en complément du plan Vigipirate, pour sécuriser les possibles cibles des terroristes.

L’inquiétude est d’autant plus grande dans le pays que l’on constate qu’augmente le nombre de musulmans radicalisés partant faire le djihad en Syrie ou Irak sous la bannière de Daesch. Plus de 1500 sont recensés début 2015, terroristes pouvant revenir ensuite commettre des attentats puisque par ses interventions militaires au Mali et au Moyen-Orient, la France est directement menacée par l’État Islamique et ses filiales.
Aussi l’arsenal juridique de lutte contre le terrorisme sera renforcé avec l’accord majorité-opposition pour une loi en juin 2015 complétant les moyens des services de renseignement tout en respectant les libertés.

En mars, nouveau coup de tonnerre aux élections départementales, le Parti Socialiste perd la moitié de ses présidences. Se profile un échec aussi cuisant pour les régionales fixées en décembre. C’est le peuple de gauche qui semble chaque jour un peu plus déçu et, réponse surprenante, le gouvernement accentue le virage libéral, théorisé par François Hollande en janvie symbolisé par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. Celui-ci propose une loi fourre-tout englobant une série de mesures "déverrouillant" l’économie (travail du dimanche, transport par autocars, réglementation sociale...) Devant l’hostilité des députés frondeurs de l’aile gauche du PS, le Premier ministre choisit de faire passer le texte par l’article 49-3, montrant ainsi la faiblesse du soutien parlementaire au chef du gouvernement.

Du côté des écologistes, Cécile Duflot qui n’avait pas voulu participer au gouvernement Valls redevenue députée se montre de plus en plus hostile, ce qui finira par déboucher sur une scission parmi les parlementaires avec le départ d’Europe-Ecologie les Verts des trois chefs de groupe qui créent un nouveau parti.

Seule satisfaction, la mise en place de la nouvelle organisation territoriale promulguée au mois d’août, pourtant lourde de menaces pour les régionales de décembre. Celles de Nord-Pas de Calais-Picardie sont jugées gagnables par le Front National. Un moment d’autant plus délicat qu’il interviendra pendant la COP21, la grande conférence internationale à Paris, devant prendre des décisions pour la sauvegarde environnementale de la planète..

Nicolas Sarkozy (Flickr - PPE)

NICOLAS SARKOZY

L’année politique de Nicolas Sarkozy est marquée par la préparation de la primaire à droite qui doit départager les candidats pour la présidentielle de 2017. Très déterminé, l’ancien président arrive à changer le nom de son parti l’UMP en mai 2015 par l’appellation "Les Républicains", ceci afin de tenter de faire oublier les divisions de la bataille homérique Jean-François Copé-François Fillon.
L’ancien premier ministre, maire de Bordeaux, Alain Juppé, devenu "socialo-compatible" prend la tête dans les sondages et arrive à maintenir son influence dans le parti.

Surtout, Nicolas Sarkozy, malgré ses tentatives d’ancrage à droite sur les thèmes de société, d’immigration et de sécurité perd des soutiens comme celui de Nadine Morano qu’il est obligé de sanctionner en l’interdisant d’être candidate aux régionales. Cela vient s’ajouter à d’anciens départs comme ceux de Rama Yade et Chantal Jouanno, ou encore Patrick Buisson, l’idéologue de la victoire de 2007, et la prise de distance de fidèles comme Rachida Dati et Henri Guaino, tandis que le premier lieutenant Claude Guéant est contraint à l’ombre par ses démêlés judiciaires.
Justement, côté justice, Nicolas Sarkozy reste empêtré dans les imputations concernant l’affaire Bygmalion et les financements de ses deux campagnes de 2007 et 2012, incluant le rôle du président Khadafi et les conditions de sa mort.
Bien qu’il annonce avoir beaucoup appris de sa défaite, l’impression générale est que Nicolas Sarkozy reste prisonnier de son caractère volontariste et un tantinet expéditif.

Marine le Pen (Flickr - Parlement européen)

MARINE LE PEN

La période a particulièrement souri à la présidente du Front National, enregistrant succès sur succès électoral. Certes, elle n’a pas pu diriger un département, mais avec une moyenne de plus de 25 % des suffrages exprimés au 1er tour, allant jusqu’à plus de 35 % dans sept départements comme l’Oise ou le Pas de Calais, elle devient incontestablement membre du bipartisme devenu tripartisme. Succès attribué à une lente conquête des esprits et à un rejet des forces traditionnelles notamment dans l’électorat populaire dégouté par l’absence de résultats sur le chômage.
En mars 2015, le journal Le Monde a publié une grande enquête intitulée "Vote en touche"indiquant que les Français en plein désarroi, ne font plus confiance aux décideurs politiques et se sentent exclus. Soit ils cessent de voter, soit ils votent FN.

Aussi, Marine Le Pen se déclare-t-elle sans modestie, prête à gouverner, forte de l’encouragement de son second Florian Philippot qui revendique une filiation gaulliste et chevènementiste. Tous deux sont sortis vainqueurs d’un bras de fer avec le vieux chef fondateur Jean Marie Le Pen dont les propos révisionnistes concernant les chambres à gaz nazies ont fini par déboucher sur un clash amenant son éviction de la présidence d’honneur du parti. Malgré ses rodomontades sur sa volonté de faire battre sa fille à l’élection présidentielle, le vieux lion semble avoir les griffes usées et n’a pas entrainé grand monde derrière lui. Il n’a pas osé se présenter aux régionales en Provence Alpes Côte d’Azur comme il l’avait menacé, laissant le champ libre à sa petite fille, Marion, qu’il juge plus proche de lui.
À ces élections, on verra si les résultats en Nord-Pas-de-Calais Picardie et Provence Alpes Côte d’Azur marquent la nouvelle marche vers la présidentielle où il faudra compter avec Marine Le Pen. Et ce ne sera sans doute pas aussi simple qu’avec Jacques Chirac en 2002, car élément nouveau, le FN ne provoque plus le rejet complet parmi les publicistes, politologues et intellectuels, qui à des degrés divers acceptent son entrée dans les lieux de pouvoir. Certains même, comme l’économiste Jacques Sapir, prônent une alliance de "souverainistes" pour sortir des institutions européennes et la monnaie Euro.

Dominique Pennequin
Journaliste politique


Photo du logo : Flickr - Union européenne

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