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France - Lourdes 2/2

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Bernadette Soubirous, histoire d’une apparition

Comment la petite Bernadette Soubirous, à qui la Vierge est apparue le 11 février 1858, dans la Grotte Massabielle, aurait-t-elle pu imaginer l’invraisemblable impact de son histoire personnelle ?

15 novembre 2010 - par Arnaud Galy 
Dans la ville, des restaurants et des chambres... - © Arnaud Galy
Dans la ville, des restaurants et des chambres...
© Arnaud Galy

Il était une fois …

Bernadette Soubirous
Ph : ZigZagthèque

Ainsi pourrait commencer l’histoire de Lourdes. Libre à chacun de prendre cette histoire comme une belle légende ou de l’interpréter au pied de la lettre. En d’autres termes, libre à chacun de croire ou non. Les apparitions sont obligatoirement des sujets d’interrogation qui divisent ou déchirent les Hommes, bien au-delà de leurs convictions religieuses, laïques ou politique. Mais le fait est là, depuis environ 150 ans, des millions de personnes de toutes races et cultures, bien au-delà du catholicisme, vouent un culte sans borne à l’apparition de la Vierge et aux miracles qui en ont découlés. Comment la petite Bernadette Soubirous, à qui la Vierge est apparue le 11 février 1858, dans la Grotte Massabielle, aurait pu imaginer l’invraisemblable impact de son histoire personnelle ? Agée de 14 ans, elle eut toutes les peines du monde à convaincre sa famille, le prêtre de Lourdes et les autorités locales de sa vision. Pourtant, elle n’était pas la première à "rencontrer" la Vierge. Dans cette région reculée des Pyrénées, de nombreuses chapelles ou sanctuaires sont construits depuis des siècles sur le même acte. Mais, la qualité du dialogue et l’état de transe dans lequel se trouve la jeune Bernadette convainc l’autorité religieuse à tirer avantage de ces apparitions. L’influence de la religion diminuait et les mouvements syndicalistes ouvriers faisaient pencher un grand nombre de pauvres gens du côté de l’action laïque. La pauvreté de Bernadette Soubirous et le monde rural qu’elle représentait donnait à l’église l’occasion de reconquérir les âmes. Mais l’époque est aussi à l’affirmation de la science et de la médecine comme moyen de sortir de l’obscurantisme et des croyances du passé. L’église dut alors s’allier à la science pour ne pas s’attirer les critiques faciles des laïques. C’est pourquoi les miracles qui suivirent les premiers pèlerinages ne furent authentifiés qu’avec la caution d’un collège de médecins. Naturellement cette caution n’atténue pas les critiques des contradicteurs, mais elle finit de rassurer et de convaincre … les convaincus ! Enfin, l’église voit en Lourdes le moyen de s’infiltrer dans la cause féministe. Les hommes politiques maintenaient les femmes dans un rôle purement familial et sans rôle actif dans la société économique ou intellectuelle. (Le droit de vote des femmes ne fut accordé qu’en 1944.) L’église pousse donc les Lourdaises à s’impliquer dans le développement du pèlerinage. Celui-ci grandit, et jusqu’à la guerre de 1914, ne cesse de prospérer grâce aux femmes qui mettent leur dévotion à la Vierge au service de l’activité économique naissante. Elles ont été les premières à fabriquer artisanalement des chapelets, des croix ou des statuettes pour vendre aux pèlerins.

Dans la ville, des restaurants et des chambres...
Ph : ZigZagthèque

Une activité qui aujourd’hui fait de Lourdes le premier pèlerinage au monde avant la Mecque et … le deuxième parc hôtelier de France après Paris ! Les noms de familles lourdaises du siècle dernier sont toujours présents dans les affaires de la ville : Soubirous dans l’hôtellerie, Viron le photographe des groupes de pèlerins, Doucet dont les cartes postales inondent la poste de la ville, Poque, Cazalot ou Lacaze, tous commerçants qui ont eu le flair de croire en la bonne étoile de Lourdes. Dépassées par l’affluence elles n’ont fait qu’initier ce qui aujourd’hui n’est pas loin de "l’overdose" de commerces, de bâtiments ou de lumières. Force est de constater que la ville basse, près des sanctuaires n’a pas connu de plan
d’urbanisme !

la bergerie de Bernadette Soubirous
Ph : ZigZagthèque

La "Belle Dame"

Pour comprendre le déroulement des pèlerinages, principalement d’avril à octobre, il faut revenir aux paroles de la Vierge à Bernadette Soubirous. 18 fois, l’adolescente "rencontrera" la "Belle Dame, comme elle l’appelle avant de découvrir qu’il s’agit de la Vierge. Elle est vêtue d’une robe blanche, porte une ceinture jaune et deux roses jaunes sont posées sur ses pieds. Elle tient un chapelet dont la chaîne est de la couleur des roses. Certaines de ces apparitions sont faites en cachette de l’entourage de Bernadette, d’abord sceptique. D’autres se font sous l’œil du village et d’observateurs plus ou moins crédules. Entre février et juillet 1858, la Vierge va demander à Bernadette de porter sa parole : "de prier pour les pécheurs … d’aller boire à la source et de s’y laver … d’aller dire aux prêtres de bâtir une chapelle et d’y venir en procession …". A la seizième apparition, le 25 mars, la "Belle Dame" dira à Bernadette qu’elle est l’Immaculée Conception. Le chemin qu’emprunte le pèlerin aujourd’hui symbolise les paroles de l’époque. Il brûle un cierge et prie pour les pécheurs, puis boit l’eau de la source et peut se diriger vers les bains pour être immerger dans l’eau froide qui s’écoule de la roche, comme un nouveau baptême.

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