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L’espace économique francophone en chiffres :
Les deux tiers des pays qui constituent l’espace économique francophone appartiennent à l’Afrique subsaharienne et la grande majorité d’entre eux sont classés dans le groupe des pays les moins avancés (PMA). Cet espace économique francophone a 480 millions d’habitants, dont un tiers de francophones, la majorité d’entre eux habitant l’Afrique subsaharienne. Compte tenu de la dynamique démographique des pays de cette région, cette proportion devrait croître rapidement. L’espace économique francophone représente 8,4 % du PIB mondial, dont 83 % proviennent des pays de l’OCDE qui en font partie. Il représente aussi 11 % des terres agricoles dont plus de la moitié se situe en Afrique subsaharienne et près de 6 % des réserves énergétiques mondiales. Un certain nombre de recherches citées dans l’étude de la FERDI tendent à montrer que les flux commerciaux devraient être plus élevés entre deux pays de l’espace francophone qu’entre deux pays dont l’un ne fait pas partie de cet espace. Le partage d’une même langue, réduit les coûts de transaction, rend la pénétration du marché plus aisée et plus permanente dans le temps. En particulier, en période de crise, les flux d’échanges entre partenaires francophones seraient moins affectés. Au-delà de la langue, d’autres facteurs influent sur les échanges : la proximité géographique, un même passé colonial ou des accords commerciaux. L’ensemble de ses facteurs souvent se cumule.
Les pays de l’espace économique francophone représentaient 16 % des échanges mondiaux en 2000, ce pourcentage n’est plus aujourd’hui que de 12 % du fait notamment de la montée en puissance de la Chine et de quelques autres pays émergents. Les pays de l’Afrique subsaharienne, ne représentent que 4 % de l’ensemble.
Les échanges intra espace francophone s’élèvent à 14 %. Les flux d’Investissements directs à l’étranger (IDE) augmentent avec le partage d’une langue commune. L’espace économique francophone a attiré 14 % des IDE entrants dans le monde et les émissions d’IDE en provenance des pays de cet espace sont de 17 % des IDE sortants du monde. 98 % des flux sortants et 88 % des plus entrants sont concentrés dans les pays francophones de l’OCDE. Cependant si les flux entrants vers les pays de l’Afrique subsaharienne sont faibles,
ils sont très importants pour ces pays. Cela leur permet d’accroitre leurs réserves de devises et cela favorise l’amélioration de la productivité grâce aux transferts de technologie. Les pays de l’OCDE de l’espace économique francophone sont parmi les principaux bailleurs de l’aide publique au développement. Cela est particulièrement important étant donné que la grande majorité des pays africains de l’espace francophone sont des PMA.
L’ensemble de ces données confirme que le poids économique de la Francophonie économique est important dans l’économie mondiale. Faute d’une visibilité suffisante, il n’est pas certain que les acteurs économiques francophones aient une vision claire de la dynamique économique que cela peut représenter.
La prise de conscience progressive de l’intérêt de la Francophonie économique
Dans une économie mondialisée, il apparaît que l’appartenance à des sous-ensembles économiques permet d’aborder la concurrence
internationale dans de meilleures conditions. La Francophonie économique constitue un sous-ensemble de l’économie mondiale pertinent dans lequel des synergies peuvent être développées. Conscient de cette importance, la Chambre de Commerce de Québec, du Conseil canadien pour l’Afrique, de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et de la Chambre de Commerce Française du Canada (section Québec) avec le soutien de l’OIF ont pris l’initiative d’organiser en mai 2008 à Québec, en prélude au Sommet de la Francophonie d’octobre 2008 se tenant dans cette même ville la première Rencontre Internationale de la Francophonie Économique (RIFE I) Ces trois jours de réflexions et d’échanges ont été utiles pour répondre à cette question quelque peu insolente : « la Francophonie économique, mythe ou réalité ? ». La question est provocatrice, mais pas dénuée de sens dans la mesure où elle renvoie à des perceptions différentes. Certains considéraient alors, comme Guy Amédée Ajanohoun (UEMOA), qu’« il est évident que l’espace économique francophone est, pour le moment, plus un mythe qu’une réalité. D’ailleurs l’un des principaux freins au développement de la francophonie réside dans la faiblesse du monde francophone dans l’économie mondiale… » D’autres, plus optimistes comme Jacques Bosso, (OHADA) considéraient que « l’espace économique francophone ne nous semble plus être un mythe, mais demeure cependant une réalité en devenir ». Aux termes des débats, un consensus se dégageait pour considérer que sans une Francophonie économique dynamique, il ne peut réellement y avoir une Francophonie dans sa plénitude. En effet, si la Francophonie économique est attractive et visible cela ne peut que favoriser et encourager la maîtrise du français, et inversement, la maîtrise du français doit favoriser le développement de flux d’affaires en français.
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Extrait du dossier publié dans l’AFI 2014-2015