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Le « rêve francophone » d’Abdou Diouf

Le « rêve francophone » d’Abdou Diouf

Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie

Je fais un rêve francophone. Ce rêve est démesuré, ambitieux, inatteignable, utopique et, conséquemment, merveilleux et stimulant. Toute ma vie j’ai souhaité plus de compréhension entre les hommes, plus de justice, d’une justice qui punit les crimes et les abus mais aussi qui protège les plus faibles et les plus démunis...

18 mars 2012
 - © OIF
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Abdou Diouf - Secrétaire général de l’OIF
Ph : OIF

« J’ai eu la chance de côtoyer pendant de nombreuses années plusieurs des membres fondateurs de la Francophonie institutionnelle telle que nous la connaissons aujourd’hui avec ses multiples ramifications et ses innombrables réseaux. J’ai, en quelque sorte, grandi dans la Francophonie et elle a fleuri en moi dans le même temps. Lorsque, il y aura bientôt dix ans, j’ai accepté les fonctions de Secrétaire général que les chefs d’Etat et de gouvernement ont bien voulu me confier, je savais l’ampleur des défis qui m’attendaient et aussi quel formidable outil au service de l’Homme j’avais dans les mains.
Celui qui a été mon mentor, le Président Léopold Sédar Senghor, promouvait il y a déjà bien longtemps un concept novateur qui, paradoxalement, m’apparaît l’être encore davantage aujourd’hui. Senghor voulait faire naître sur la terre ce qu’il appelait un « humanisme intégral ».

Je crois qu’il faut rester fidèle à ses idéaux de jeunesse parce qu’ils n’ont pas encore été contaminés par ces impératifs et ces contraintes que la vie se charge trop rapidement de nous enseigner. Cela peut sembler un peu étrange, mais je n’ai eu de cesse au cours de ma vie de poursuivre ces idéaux car ils sont l’héritage le plus précieux que j’ai eu la chance de recevoir de mes parents et que la proximité que j’ai entretenue pendant de nombreuses années avec le Président Senghor a contribué à raffermir. Lui-même se définissait comme un poète- Président et non comme un Président-poète ainsi que, trop souvent, on s’évertuait à le désigner. Vous voyez par ce simple exemple la place qu’il accordait à l’humanisme dans sa propre vie.

Je fais un rêve francophone. Ce rêve est démesuré, ambitieux, inatteignable, utopique et, conséquemment, merveilleux et stimulant. Toute ma vie j’ai souhaité plus de compréhension entre les hommes, plus de justice, d’une justice qui punit les crimes et les abus mais aussi qui protège les plus faibles et les plus démunis. J’ai rêvé, et je rêve encore, d’une solidarité réelle et renforcée entre les peuples, d’une plus grande tolérance entre les cultures et les hommes. Je rêve, en somme, de dignité humaine.

Les Hommes sont différents, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas égaux. Ils parlent des langues différentes, adoptent des comportements différents, ont des cultures différentes. Cela ne veut pas dire que certaines langues ou certaines cultures sont supérieures aux autres. Toutes ces valeurs, et bien d’autres, la Francophonie n’a de cesse de les promouvoir.

Il nous faut poursuivre la recherche de cet humanisme intégral dont parlait Senghor. L’important n’est pas tant de l’atteindre que de travailler à son avènement et d’associer à cette tâche le plus grand nombre d’individus possible quelle que soit leur origine, leur langue, leur culture ou leur religion. Il faut faire en sorte que les valeurs défendues par la Francophonie ne soient pas seulement l’apanage des grands de ce monde. La vraie Francophonie doit être celle des peuples. C’est là qu’est sa véritable raison d’exister.
Les rêves éveillés ne sont-ils pas les plus beaux ? »

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