- Fadila Laanan - Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Egalité des chances. Wallonie-Bruxelles
Je fais un rêve francophone … Le rêve d’une langue française à l’image de Bruxelles : capitale, diversifiée, internationale, complexe, riche des apports des populations qui se l’approprient et la font évoluer.
Le français parlé en Belgique n’a nul autre pareil. Il a les accents de ses habitants, la couleur, les parfums et la chaleur de ses citoyens. Le tutoiement y est plus facile qu’ailleurs.
C’est un français qui zwanze à Bruxelles, qui spite dans le Hainaut, qui fait l’fièsse à Liège. Il est la base de notre surréalisme, il façonne notre humour et notre humeur.
La langue française est également un formidable outil pour davantage d’égalité au sein de la société. Au-delà de son apprentissage et de sa transmission, elle peut faire évoluer les mentalités. Aussi, en tant que Ministre de la Culture et de l’Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle est pour moi un instrument précieux d’émancipation. La poursuite de l’action de féminisation des noms de métier actuellement en cours peut avoir à cet égard valeur d’exemple. Elle permet, à mon sens, une avancée symbolique en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, au risque de heurter certains linguistes puristes.
Jouer avec la langue française et la faire sienne, voilà un autre défi collectif pour les peuples de langue française. Chaque année, en Belgique francophone, une « ville des mots » célèbre le français à sa façon, autour de manifestations culturelles, artistiques et festives. Citoyens, associations, institutions culturelles et commerçants se rassemblent et se côtoient dans un esprit à la fois ludique, éducatif et participatif.
Tout n’est pourtant pas rose pour notre langue. Face à l’hégémonie anglo-saxonne, nous devons veiller à tout instant à renforcer notre production artistique, à promouvoir la diversité culturelle, à favoriser les échanges linguistiques.
En septembre 2010, j’ai eu l’opportunité de pouvoir plaider au siège des Nations-Unies en faveur de la prise en compte de la culture dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement. L’ONU y a été sensible et a inscrit la culture dans le document de clôture du Sommet.
Car la culture et donc la langue se conçoivent comme facteurs de développement économique et social. Il est, à cette fin, urgent d’apporter un soutien aux politiques culturelles nationales et régionales, de même qu’une attention particulière aux métiers de la culture.
Oui, je fais un rêve, celui où les femmes et les hommes qui composent la Francophonie s’approprient la langue française et l’enrichissent de leurs littératures, leurs théâtres, leurs chansons, leurs cinémas. Une Francophonie plurielle et ouverte à de nouveaux horizons.