- La mosqué Tutunsuz - dans les années 1920...
Aujourd’hui, la plupart des jeunes auraient du mal à trouver Skopje sur l’atlas mondial. La capitale de la République de Macédoine, comme le pays lui-même, reste peu connue pour la jeunesse. Mais les générations de vos parents et de vos grands-parents se souviennent sans doute de Skopje. Voici cinquante ans, Skopje fit la une des journaux du monde entier : un puissant tremblement de terre détruisit quatre-vingts pour cent du bâtit de la ville. « Skopje n’existe plus ! » rapportaient les journalistes macédoniens.
Le 26 juillet 1963, à 5 h 17, les habitants de Skopje furent réveillés par un puissant tremblement de terre. Quelques minutes plus tard, la ville était en ruines. Les dégâts furent dévastateurs : 1066 morts, 3 800 blessés, plus de 100 000 sans-abris, 80 % du bâti démolis. Après cet été 1963, la vie des Skopiotes changea radicalement. Même si la reconstruction, de grande ampleur, fut mise en route très rapidement, ce tragique événement marqua les Skopiotes endeuillés durant de longues années.
Skopje, symbole de la solidarité internationale
- La gare de Skopje détruite par le tremblement de terre
La nouvelle de cette catastrophe fit le tour le monde. Dès le lendemain de la catastrophe, Jozip Broz Tito, président de la Yougoslavie dont la Macédoine faisait alors partie, se rendit à Skopje et promit à ses habitants que la ville vivrait à nouveau. Un appel fut lancé à la communauté internationale pour participer à cette reconstruction. Quatre-vingts pays envoyèrent très rapidement leur contribution. Des camions, des wagons entiers de nourriture, de vêtements, de jouets, de produits d’hygiène et de première nécessité furent aussitôt acheminés ; mais surtout les dons de sang, de médicaments, de matériel médical affluèrent. De nombreux experts furent dépêchés et mis à la disposition de Skopje par leurs gouvernements respectifs pour qu’ils contribuent, par leur savoir-faire, à la reconstruction de la cité.
Bien d’autres contributions, tant financières que matérielles, furent offertes par les gouvernements des pays donateurs, par les Organisations internationales, les entreprises privées, les particuliers du monde entier, tous ébranlés par cette catastrophe. Les Skopiotes ont toujours une larme à l’œil lorsqu’ils se remémorent cette jeune Japonaise qui offrit aux victimes un diamant, son héritage familial ! Peu à peu, la ville reprit forme ; après la reconstruction des habitations, on entreprit celle des écoles, des maisons de jeunes et de la culture, toujours grâce aux donations nationales et internationales. Tout juste après le tremblement de terre d’Agadir au Maroc, cette aide qui affluait de partout fit de Skopje le symbole de la solidarité internationale.
- Skopje ravagé...
Skopje aujourd’hui
Aujourd’hui, cinquante après, Skopje a radicalement changé. En 1991, le pays devient indépendant, ce qui détermine une voie nouvelle pour l’essor de la ville. Une architecture plus moderne marque dans les années quatre-vingt-dix les prémisses d’une nouvelle histoire ; mais les Skopiotes, déjà familiarisés avec l’avant-garde urbaine communiste, n’eurent pas trop de mal à s’habituer à son mélange inattendu avec le modernisme de la décennie suivante.
Le nouveau millénaire cependant aborde une approche différente par la recherche des origines et un retour vers l’Histoire... Ainsi, le gouvernement macédonien décida-t-il, voici quelques années, d’initier le vaste projet « Skopje 2014 » ; projet très controversé en raison de l’absence de débat public, de dépenses outrancières et du message porté par le type d’architecture choisi. Tout de même, les touristes demeurent bouche bée devant ce « look grandiloquent » que prend Skopje depuis quelque temps.
Skopje se souvient...
Néanmoins, malgré cette métamorphose, on trouve encore quelques traces du passé et de cet événement tragique qui marqua tellement la vie des habitants de Skopje ! Des rues encore témoignent par leurs noms la reconnaissance de leurs habitants aux villes solidaires telles que Bucarest, Dijon, Genève, Helsinki, Londres, Paris, Varsovie... La musique, les films, les photos, la littérature, la poésie, la création artistique en général illustrent la souffrance mais aussi l’espoir de cette époque. Cette histoire est ensevelie dans chaque foyer, et tous portent ce lourd bagage de l’histoire, de la destruction et de la renaissance de Skopje. Un sentiment de gratitude demeure à jamais gravé dans sa mémoire collective et chaque habitant est reconnaissant envers vous tous qui les avez aidés, envers vos pays, envers vos parents ! Tous vous sont reconnaissants pour votre immense compassion et votre généreuse contribution au développement de leur ville. Grâce à cela, Skopje n’est plus seulement un symbole de solidarité internationale mais aussi, essentiellement, un lieu de rencontre de l’empathie humaine.