- Frédéric Couttet - Relations Internationales et de l’Immigration de la Chambre de Commerce et Industrie de Québec
- Ph : Aimablement prêtée par la CCI de Québec
Poser la question « mythe ou réalité » revient, consciemment ou inconsciemment, à exprimer un doute. Pour enrayer ce doute qui assaille les plus optimistes il faut être doté, en la matière, de la foi du charbonnier. Frédéric Couttet est de ceux-là ! Il dirige le service des Relations Internationales et de l’Immigration de la Chambre de Commerce et Industrie de Québec et, à ce titre, est l’initiateur des Rencontres Internationales de la Francophonie Économique. Les premières rencontres eurent lieu en 2008 et la prochaine édition se tiendra à Québec en juillet prochain dans le cadre du Forum mondial de la langue française. Autant dire que l’homme est légitime sur la question !
« Avant tout, arrêtons de tergiverser : La Francophonie doit être autre que culturelle, il faut l’animer économiquement. Si on ne fait rien d’ici 15 ans ce sera sans doute trop tard, nous devons nous organiser. Pour cela il faut créer un moteur, un organe de coordination des acteurs économiques au sein de l’OIF, à l’image de l’organisme en charge de l’environnement basé à Québec, l’IEPF. Les esprits ne sont pas encore mûrs pour que l’OIF et son secrétaire général aient un mandat sur l’économie mais nous devons, au moins, rassembler les acteurs de la francophonie économique qu’ils soient Chambres de Commerce, Patronat, Syndicats ou Conseils régionaux. »
Frédéric Couttet souhaite insuffler à l’espace francophone un esprit d’entreprise plus percutant, mettre en place des outils financiers permettant de lever des fonds. En un mot contre-attaquer sur le plan des affaires et profiter des atouts sous-utilisés à son goût ! « La langue du profit est la langue du pays ! » Or la langue française, quoi qu’en disent certains, est vivante sur l’ensemble du globe, les locuteurs sont de plus en plus nombreux dans l’espace francophone et des pays comme la Chine ou l’Inde voient leur nombre d’apprenants « exploser » ! Il est temps de prendre ces faits en compte et de jouer la carte francophone. « Il est plus facile de négocier des contrats dans sa langue, suivant les règles d’une philosophie commune, c’est pourquoi il nous faut choyer l’Université et le dépôt de brevets... en langue française. »
Naturellement, cet éveil à l’économie francophone n’est pas « un long fleuve tranquille ! » « L’argent n’aime pas le bruit... l’argent n’aime pas les révolutions et les heurts. Nous devons veiller à une meilleure gouvernance des états afin de diminuer autant que possible les inégalités et les entorses à la démocratie. L’Afrique bouge et a de plus en plus de moyens. La culture de l’assistanat y diminue grandement et ce continent est le premier à accueillir les nouvelles puissances économiques comme les investisseurs et techniciens chinois qui se ruent dans les Alliances françaises de Pékin et de toutes les villes chinoises pour apprendre la langue ! »
Quant à la crise qui terrasse les économies de nombreux pays, Frédéric Couttet la voit jouer un rôle étonnant : « La crise accélère la francophonie économique. La France qui n’a plus les moyens de ses ambitions y est plus favorable qu’avant... elle est sans doute, aussi, moins focalisée sur la construction et la marche de l’Union européenne ce qui ouvre des espaces vers le monde francophone. »
En attendant la création de cet « outil », que pourrait mettre en place
l’OIF, qui s’active pour que l’économie francophone soit une réalité ? Les
Chambres de Commerce et Industries, certes, notamment au travers de son
mouvement dédié, la CPCCAF * mais aussi les Conseils régionaux. D’où le
rôle accru de l’Association Internationale des Régions Francophones,
véritable toile d’araignée mondiale entre les acteurs de l’économie ayant la
langue française en partage. « Les régions ont pris les commandes d’un
certain nombre d’outils de développement. Les Conseils régionaux
disposent de représentations à l’étranger et, en France, ils ont parfois
pris la place de certaines CCI. Par principe la mobilité et l’échange qui sont les deux moteurs de l’activité économique sont dans l’ADN des Chambres de Commerce et Industrie. L’alliance des CCI et de Conseils régionaux du monde entier évite que les pays se bloquent et s’asphyxient. Nous devons, aussi, faciliter la mobilité des êtres humains. Par exemple, les migrants sont une plus-value indéniable pour le Québec !"
L’espace économique francophone est-il une utopie ? Au Québec la réponse est non et chaque francophone du cru ou migrant est investi d’une petite part de la mission ! Encore faut-il croire en cette perspective ! Tous les pays francophones n’ont peut-être pas la même attitude, la même vision. Un clivage qui se perçoit au travers de détails pas si anodins qu’ils le paraissent : « Dans une conférence internationale quand un Québécois voit arriver un Français qui s’exprime en anglais... il a la gorge nouée ! » La mise sur rails des grands projets ne supporte ni l’approximation ni le défaitisme anticipé ! Paroles de Québécois...
Rencontres Internationales de la Francophonie Économique - www.ccquebec.ca/rife2012/
Conférence permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones - www.cpccaf.org
* Dans le sillage de l’Association Internationale des Régions Francophones : Régulièrement, ZigZag présentera des initiatives en rapport avec l’action de l’AIRF.
- Québec... un des horizons de la francophonie
- Ph : Aimablement prêtée par la CCI de Québec