Le sort du cinéma africain est-il en train de se jouer ? C’est l’espoir ou la crainte que l’on peut avoir depuis le clap final du 22e FESPACO, le festival du cinéma africain qui s’est tenu à Ouagadougou du 26 février au 5 mars derniers. Loin des salles obscures et de l’émotion suscitée par les projections, des discussions enflammées ont tourné autour du projet de Fonds Panafricain de soutien et de développement du cinéma. Si le 7ème art produit sur ce continent est un incontestable outil de promotion de diversité culturelle, il est tout aussi incontestablement en danger ! L’idée de créer ce Fonds Panafricain qui mijote dans les marmites de l’OIF et de ses partenaires depuis plusieurs années est presque cuite à point. Ce plat, tant attendu, bénéficie de nombreux parrains : burkinabés, congolais, gabonais, algériens, tunisiens... Pour que vive le cinéma africain, l’Afrique doit se mobiliser ! Les partenaires potentiels que seraient l’Union Européenne ou l’UNESCO ne mettront la main à la poche de manière conséquente qu’à la condition que les États africains soient les premiers contributeurs. Tel est le mot d’ordre.
Les réalisateurs, les acteurs, les cinéphiles et le public réunis à Ouagadougou auraient pu commencer à se congratuler et à respirer bien profondément comme des athlètes ayant fini leur course de fond... ou course de fonds qui sait ? D’autant plus qu’encore très récemment le Président de l’OIF, le Sénégalais Abdou Diouf, avait pesé de tout son poids et de toute sa hauteur pour que l’initiative qu’il a toujours portée pousse son premier cri. Mais, rien n’est jamais acquis, encore moins quand il s’agit de financer la culture et quand il est question de mobiliser pour l’Afrique ! C’est pourquoi, ceux qui auraient dû se congratuler et respirer bien profondément, se sont fendus d’un communiqué dans lequel la crainte pointe le bout de son nez !
Crainte que les pays promptes à apporter leur soutien moral à la cause du cinéma africain ne se fassent tirer l’oreille au moment de signer le chèque. Avec tout le respect et la reconnaissance possibles à l’encontre du président Diouf, les signataires le mettent au pied du mur : « En vous demandant ainsi votre implication personnelle dans cette tentative de donner enfin corps à ce Projet Panafricain que vous avez soutenu à bout de bras dès le début, nous sommes conscients du caractère audacieux de notre démarche. Nous l’entreprenons pourtant, au titre de la confiance et de l’hommage que nous portons à votre action de toujours en faveur du soutien aux créateurs et aux artistes africains et aussi de la reconnaissance et de la gratitude que nous vous devons pour ce que vous avez déjà accompli pour l’existence de ce fonds. »
Si la naissance de ce fonds devait être ajournée, ou pire encore, le cinéma africain devrait s’attendre à subir un fort vent de sable ! Sans sa mise en place, le talent des créateurs reconnu par la grande famille du cinéma mondial, les places fortes des festivals du cinéma africain que sont Ouagadougou, Carthage et Khourigba, le succès des films lors de festivals en France, au Québec ou en Belgique connaitraient un camouflet immérité et désastreux ! L’argent est le nerf de la guerre. Pour ces dernières on le trouve... en trouvera-t-on de manière pérenne pour que vive le plus bel engagement en faveur du dialogue des cultures !
ZigZag suivra cette affaire...