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RWANDA - Retour sur l’année 2015-2016

RWANDA - Retour sur l’année 2015-2016

17 décembre 2015 - par Donald Mugisha 
 - © Flickr - Green Fund Rwanda
© Flickr - Green Fund Rwanda
Paul Kagame sur le départ ? (Flickr - DFID)

POLITIQUE et SOCIÉTÉ

Des élections vers une strangulation ou un colmatage démocratique ?

Cette année, le dossier des élections rwandaises pour un autre septennat gouvernemental a fait surface, mais aussi a, incessamment, dominé les nouvelles du pays. L’inquiétude s’est fait sentir par le fait que le président Paul Kagame, serait possiblement proposé par son parti comme candidat aux élections, et ainsi briguer un troisième mandat. Selon une partie de l’opposition, « le FPR a conquis le Rwanda en 1994, Paul Kagame a innové en matière d’exercice d’un pouvoir absolu et arbitraire. Sous divers prétextes et en usant de multiples astuces, il s’est offert une des plus longues périodes de transition politique du monde : neuf longues années pendant lesquelles le pays fut géré comme une résidence privée ».

En effet, c’est en 2003 que Paul Kagame fit adopter une constitution. Pour l’opposition, cette constitution présente un mandat anormalement long de sept ans, et renouvelable une seule fois. Quatorze ans seront écoulés en 2017. Pour que Kagame soit candidat aux présidentielles, amender ladite constitution avant l’échéance de 2017 - en changeant l’article 101 qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux demeure une condition sine quoi none. Pour le FPR, et d’autres qui soutiennent Paul Kagame : « c’est un excellent président, ayant développé le pays et doit donc mériter un autre mandat pour continuer son travail innovateur. On doit laisser le peuple rwandais décider ; et il n’y a aucun droit de le forcer ! »

En attendant la décision du peuple rwandais, espérons donc qu’on n’assistera pas au phénomène burundais de troisième mandat présidentiel qui a replongé le pays dans une instabilité totale, et ce, depuis avril 2014 lors de l’annonce de la candidature de Pierre Nkurnziza par son parti (CNDD FDD) aux présidentielles de 2016. Ledit phénomène pointe du doigt à une sorte de « strangulation ou colmatage de la démocratique » qui fait peur et créant indubitablement des vagues de réfugiés burundais au Rwanda.


Vivre ensemble n’est pas toujours simple ! (meredith_nutting)

Arrestation du General Kazenzi karake : un coup de massue aux relations rwando-anglaises ?
En juin, l’arrestation du général Karenzi a fait beaucoup de bruit. Ses effets ont également provoqué un phénomène de manifestations locales et transnationales. C’est dans ce contexte que les Rwandais résidents à Londres ont tenu des pancartes devant le Westminster Magistrates Court, en demandant la libération de Karenzi. En effet, le tribunal avait exigé une caution pour accorder au général Karake une liberté provisoire, en attendant sa décision du 25 juin sur une éventuelle procédure d’extradition vers l’Espagne qui accuse Karake d’être à l’origine de la mort de 9 Espagnols au Rwanda en 1998. Parmi les avocats qui ont comparu devant le tribunal pour le défendre était Cherie Blair, épouse de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

Pour le président rwandais, cramoisi de colère et dépité par cette situation : «  Ils doivent l’avoir pris pour un immigrant illégal. La façon dont ils traitent les immigrants illégaux est la même façon dont ils traitent chacun d’entre nous. Les Noirs sont devenus des cibles pour des exercices de tir. Nous ne pouvons pas accepter que les gens nous traitent de cette façon juste parce qu’ils le peuvent. » Et selon Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, ce fut un processus inutile et abusif. En attendant, la remise en liberté de ce bras droit du président, celui-ci n’a pas, d’autre part, loupé quelques occasions de compliments pour ses prouesses économiques.


Kigali (Flickr - Mighty Travels)

ÉCONOMIE

Un exemple positif pour sortir de la fragilité économique ?
Selon Christine Lagarde, la patronne du FMI, le parlement est un exemple éclatant pour entreprendre le développement d’un pays comme le Rwanda. Ceci se justifie, par exemple, par le fait que plus de 60 % des parlementaires sont des femmes. Il s’agit dans ce cas-ci d’un exemple de la plus forte proportion au monde, mais aussi, et surtout, de plus du double de la moyenne des parlements des autres pays. Ceci constitue aussi une « méga-ouverture sur l’autonomisation de la femme ». Pour Christine Lagarde, lors de son discours prononcé devant le parlement rwandais le 27 janvier 2015, le Rwanda peut sans doute affronter l’avenir avec les fondations solides qu’il a édifiées ces vingt dernières années. C’est un exemple positif pour les pays qui s’efforcent de sortir de leur situation de fragilité, car il illustre comment des initiatives d’inspiration locale peuvent être adaptées pour promouvoir l’inclusion et la cohésion sociale.
Il a été également constaté que le Rwanda est une économie dynamique qui s’appuie sur de bonnes pratiques en matière de gouvernance. Ce n’est pas un hasard. C’est le résultat de politiques bien conçues et mûrement réfléchies, et d’une volonté délibérée de mettre l’accent sur l’inclusion. Ainsi, pour un pays enclavé comme le Rwanda, l’intégration régionale est un instrument puissant pour accéder à des marchés plus vastes…

Donald Kaberuga, pourquoi pas ? (Flickr - Africa Progress Panel)

Un exemple positif pour la succession au président Kagame ?
On se souviendra également que cette année, l’économiste d’origine rwandaise Donald Kaberuka, a laissé sa place au Nigérian Akinwumi Adesina à la direction de la Banque africaine de développement (BAD). Selon le journal Fasozine, présent à Abidjan, il a fallu six tours avant que la fumée blanche s’échappe du conclave des 80 gouverneurs de la BAD qui a désigné Akinwumi Adesina comme le président de la Banque, avec 58,10 % des voix, soit 60,5 % des voix africaines. C’est face au Tchadien Bedoumra Kordjé (31,6 % des voix) et la Capverdienne Cristina Duarte (10,27 % des voix) que le représentant du Nigéria qui s’était présenté comme « un maillon essentiel entre anglophones et francophones a décroché le Graal ». L’après Kaberuka est un grand défi par rapport au travail qu’il a abattu. Ainsi donc, Kaberuka, ne serait-il pas un excellent exemple de candidat pour succéder à Kagame et poursuivre le développement du Rwanda  ? C’est ce que certains Rwandais pensent.

Une hausse de salaire aux hauts cadres sans opposition ?
Cette année, certains hauts cadres du gouvernement ont gouté au fruit de leur hausse de salaire. En effet, le chef de l’État, Paul Kagame, a signé l’arrêté présidentiel portant révision des salaires des plus hauts dirigeants du pays. L’arrêté en question accorde à ces dirigeants un salaire de base qui se situe entre la somme de trois millions (3.000.000 frw) et six millions de francs rwandais (6.000.000 frw) par mois. Ces dirigeants sont : le président de la République, le président du Sénat, le président de la Chambre des Députés, le Premier ministre et les ministres. Par ailleurs, il faut souligner que le parti PDP-IMANZI n’a pas tergiversé et demande la révision de la politique salariale au sein de toute la Fonction publique. Il demande en particulier la révision de l’arrêté présidentiel portant salaires des plus hautes autorités du pays en stoppant notamment toute augmentation de ces salaires pendant une période de quinze ans au moins.

SPORT et CULTURE

Au mois de juillet 2014, il y a eu un remaniement ministériel. À la tête du ministère des Sports se trouve Joseph Habineza. En novembre 2014, ce même ministère rwandais et l’Institut français du Rwanda ont signé une convention de partenariat relative au développement d’un espace francophone au sein de la Rwanda Library Services.

Du côté de la publication, d’une part, il y a eu la circulation du livre Le Rwanda : gouverner après le génocide, du physicien François Graner, qui s’interroge sur la responsabilité morale, politique et surtout militaire de l’État français dans le génocide des Tutsi au Rwanda. D’autre part, un autre ouvrage intitulé Le Rwanda d’après le génocide lou la bonne gouvernance technocrato-bureaucratique et les performances socio-économiques du pays. En focalisant sur cette gouvernance politique, l’auteur Filip Reyntjens montre l’autre face de la médaille. Il étudie la façon dont le Front patriotique rwandais (FPR) a pu, après sa victoire militaire en 1994, établir et consolider son hégémonie.


Sources

Reyntjens, F. (2014), Le Rwanda : Gouverner après le génocide, Les belles lettres.
Graner, F. (2014), Le sabre et la machette. Officiers français et génocide tutsi, Mons (Belgique), Éditions Tribord, coll. Flibuste, 2014, 256 pages, 7 euros.
Journal Jeune Afrique
Journal the Rwandan
Journal the Telegraph
Journal Igihe
Journal Fasozine

Donald Mugisha
(Université Laval, Qc, Canada)

don.mugisha@rogers.com


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