L’année écoulée a été marquée par un vif débat au plan politique et quelques initiatives au plan économique et culturel. Pour cette période 2014-2015, il faut pour l’essentiel retenir la tenue des élections présidentielles d’avril 2015, la fin de l’éternelle marche de l’opposition et la nomination de Komi Sélom Klassou au poste de Premier ministre.
- Le président Faure Gnassingbé à l’ONU ( Flickr - ONU)
POLITIQUE
Faure Gnassingbé réélu malgré la contestation
C’est la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui a annoncé la victoire de Faure Gnassingbé à l’issue de la présidentielle du 25 avril. Selon les résultats provisoires publiés, le président sortant togolais a obtenu 58,75 % des suffrages contre 34,95 % pour son principal rival Jean-Pierre Fabre. Trois autres candidats d’opposition se présentaient, dont aucun n’a atteint 4 %. « Une victoire méritée », a commenté dans la foulée la présidence togolaise. « C’est la victoire du peuple togolais qui entend, avec le président Faure Gnassingbé, continuer à avancer vers le progrès et dans la paix », a-t-elle ajouté. Le scrutin a été contesté par l’opposition, mais jugé acceptable par la communauté internationale.
Les différentes missions d’observation électorale — ONU, Union africaine, Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, Concertation nationale de la société civile (ONG togolaise financée par l’Union européenne) — ont estimé le scrutin libre et transparent, sans signaler de fraudes.
Mohammed Ibn Chambas, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest a même estimé que cette élection constituait « une amélioration par rapport aux législatives de 2013 ».
La fin de l’éternelle marche de l’opposition
Depuis 2011, les partis de l’opposition ont manifesté plusieurs fois, dans la capitale comme à l’intérieur du pays. Une marche pour rien vu l’échec de cette opposition à la présidentielle de 25 avril. Ils n’étaient que quelques centaines de militants réunis devant le siège de la coalition de l’opposition CAP 2015, le 1er mai à Lomé. Ils écoutaient celui qu’ils appellent « le vrai président du Togo », Jean-Pierre Fabre, dénoncer depuis le balcon de la villa « le coup de force électoral » du pouvoir en place. Seul contre tous, Jean Pierre Fabre dénonça la facile réélection, du chef de l’État sortant, Faure Gnassingbé. Le cœur des militants de CAP 2015 semblait ailleurs. Il y eut bien quelques « Jean-Pierre président ! », lancés dans la nuit. Mais pas de déferlement populaire. Aucun débordement de colère. Comme une forme de résignation. Comme si les arguments du leader de l’opposition, prononcés sans ferveur, ne convainquaient pas totalement son assistance. « Finalement, il a gagné ou pas ? », demandait Mathieu, l’un des nombreux chauffeurs de zemidjan, ces petites motos-taxis de fabrication chinoises qui quadrillent la capitale, présent ce soir-là. (Le Monde Afrique)
Sélom Klassou à la tête d’un nouveau gouvernement de mission
Komi Sélom Klassou, jusqu’ici premier vice-président de l’Assemblée nationale, a été nommé Premier ministre par le président. Pour rappel, l’ex premier ministre Ahoomey-Zunu avait donné sa démission le 22 mai 2015.
Âgé de 55 ans, le nouveau premier ministre. Membre du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), il fut ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de 2000 à 2003 et ministre de l’Enseignement primaire et secondaire de 2003 à 2007. Komi Sélom Klassou n’était pas du tout favori, du moins pour les médias. Le nouveau gouvernement de 23 membres dont 4 femmes a été annoncé le 28 juin 2015 sur la télévision nationale TVT. On note neuf entrées et sept sorties.
- Lomé (Flickr - cifa onlus)
ÉCONOMIE
Tiré par le secteur agricole et le développement des infrastructures de transport, le taux de croissance est estimé à 5,5 % en 2014 et devrait s’établir à 5,7 % en 2015. La croissance du Produit intérieur brut est estimée à 5.9 % en 2016. En 2014, l’Office togolais des recettes a introduit le paiement des recettes fiscales par voie bancaire comme mesure de facilitation du commerce et de lutte contre la corruption.
Un nouveau complexe industriel, Scantogo-Mines, exploitera le calcaire à grande échelle à partir de 2015 afin de produire du clinker et fabriquer du ciment sur place. Ce projet, d’une capacité de 5 000 tonnes de clinker par jour, permettra de mettre fin aux mauvais résultats de la filière (-9.8 % en 2014) avec une hausse de la production de 69,4 % en 2015 et 46,3 % en 2016. Toutefois, le taux de croissance globale et potentielle à plus de 5 % à court et moyen terme pourrait être ralenti en l’absence de maîtrise des enjeux des élections présidentielles de 2015 engagées dans un contexte de débats politiques autour de la question de la limitation du nombre de mandats présidentiels.
L’édition 2015 du rapport de la Banque mondiale, Doing Business, indique que le Togo fait partie des dix économies du monde qui ont le plus progressé sur le climat des affaires en faisant un bond de quinze places pour être classé 149e dans le monde. L’Office togolais des recettes a engagé plusieurs réformes dans son administration dont : la déclaration du patrimoine de ses agents ; la mise en place d’un numéro vert et d’un e-mail pour recueillir les plaintes des contribuables ; le paiement des recettes fiscales par voie bancaire.
L’État est omniprésent sur l’ensemble de la chaîne de valeurs de l’électricité avec ses entreprises qui fonctionnent avec des prix fortement administrés. Ces prix sont à la fois inférieurs au prix de revient et trop élevés (148 XOF [Franc CFA BCEAO]/kWh) pour attirer les investissements privés. Depuis l’indépendance, le Togo n’a jamais publié de loi de règlement. Les projets de loi de règlement des exercices 2007, 2010, 2011, 2012 et 2013 ont été produits, mais n’ont toujours pas été débattus au parlement. Les compétences requises dans le cadre de ce type d’exercice de contrôle gouvernemental faisant défaut. Au 31 décembre 2013, le Togo comptait 92 Institutions de micro finance (IMF) avec un encours de crédit de 117 milliards XOF. Les bénéficiaires des IMF représentent 43 % de la population togolaise, contre 16 % pour l’ensemble des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
- Sur un marché de Lomé (Flickr - Wikimedia Commons - Baloo.Togo)
La part relative de la population urbaine de chaque région augmente au fur et à mesure que l’on se rapproche de la région Maritime où se trouve la capitale, Lomé : région des Savanes, 5 % d’urbains ; région de la Kara, 8 % ; région Centrale, 7 % ; région des Plateaux, 12 % ; et région Maritime, 68 %. La grande majorité des pauvres (78.9 %) vivent en milieu rural. En 2014, la région Maritime, qui ne couvre que 11 % du territoire, collectait 98 % de recettes fiscales, employait 82 % de médecins et bénéficiait de 86 % de l’énergie électrique du pays. Le Togo est le seul pays de l’UEMOA qui ne s’est pas encore mis à l’épreuve de la décentralisation dont le démarrage effectif en 2016 sera déterminant pour relever les défis de l’inclusion spatiale.
Le noyau de l’économie
Le port autonome de Lomé (PAL) constitue le noyau de l’économie togolaise.Il génère une partie significative des recettes de l’État. Les autorités ont bien compris tout l’intérêt qu’elles pouvaient tirer d’une modernisation de la plateforme qui est une porte d’entrée et de sortie naturelle des marchandises vers les pays de l’Hinterland (Niger, Mali, Burkina Faso) qui ne disposent pas de façade maritime. Le Port de Lomé permet l’acheminement des marchandises dans des délais et des coûts très compétitifs. Favorables aux entreprises, les autorités togolaises ont adopté des réformes, notamment un nouveau code d’investissement, facilité la pratique des affaires, rejoint l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives et créé un tribunal de commerce.
Le Togo a fortement œuvré depuis 2007 pour relancer son économie et bâtir le socle d’une croissance vigoureuse, qui compte aujourd’hui parmi les plus importantes de la région. Cette relance a permis de repositionner le Togo comme acteur dynamique de la région et s’est accompagnée de premiers succès économiques significatifs, marquant ainsi la confiance des investisseurs internationaux. Lomé abrite le siège de la compagnie aérienne régionale Asky et la banque panafricaine Ecobank.
Sources :
http://www.jeuneafrique.com
http://www.republicoftogo.com
http://www.africaneconomicoutlook.org/fr/
http://www.togocultures.com
http://www.lemonde.fr/afrique