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Un bilan du Forum mondial de la langue française

Un bilan du Forum mondial de la langue française

Et le livre dans tout cela ?

Michel Choueiri, vice-président de l’Association internationale des libraires francophones, revient sur les notes d’espoir et les doutes qui le tenaillent depuis la clôture du Forum.

24 juillet 2012 - par Arnaud Galy 

Michel Choueiri, on sent chez vous un sentiment mitigé...

Michel Choueiri, vice-président de l’AILF. Librairie el Bourj - Beyrouth, Liban.
Ph : Aimablement prêtée par L’Orient-le Jour - Ibrahim Tawil.

Oui, il est à la fois très agréable de rencontrer tant de monde mais je ne peux pas m’empêcher de m’interroger sur la suite qui sera donnée... Il est enthousiasmant de vivre un moment d’échanges entre la société civile, des décideurs politiques, des étudiants et des représentants d’une jeunesse réaliste mais je ne voudrais pas que le Forum ne soit qu’un lieu de rêves et de lamentations. Ce qui a été dit arrivera-t-il au complet aux oreilles des décideurs de l’Organisation Internationale de la Francophonie et à celles des chefs d’états. Car si les pays ne suivent pas, rien ne bougera.

Selon vous, le livre avait-il toute sa place ?

Je ne le pense pas. Le véhicule de la langue française est le livre et n’étaient présents que très peu d’éditeurs et de libraires... c’est un peu comme si l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole se réunissait sans parler de pétrole ! J’aurais souhaité qu’il y ait davantage de passerelles entre nous et les décideurs politiques pour qu’ils puissent entendre nos arguments. Il me semble que c’est à la politique de s’adapter aux demandes de la société et pas l’inverse ! Sans refaire l’histoire... la langue française, langue du colonisateur puis langue nationale dans de nombreux pays, est aujourd’hui aimée par les peuples. Il y a tant d’actions à mener pour faire vivre cet amour ! Tant d’actions à créer pour diffuser les cultures qui vont avec la langue française... une très grande partie passe par les écrivains et les éditeurs, donc par le livre !

C’est la circulation des livres qui est en cause ?

Bien entendu ! Il faut faciliter, pourquoi pas imposer, l’exportation de livres francophones au sein de l’espace francophone. Aujourd’hui on connait les écrivains édités en France... pas ceux édités au Liban ! Même les Canadiens ou les Belges passent par Paris... Ce n’est pas normal ! Il est aussi très difficile de trouver un livre tunisien au Maroc et inversement, là encore il faut passer par Paris ! De plus, les auteurs édités en France ne sont pas nécessairement les meilleurs...

Quelle place la France doit-elle occuper ?

Je crois qu’il est admis par beaucoup que les Belges et les Québécois défendent la langue française bien plus que ne le font les Français. C’est l’état qui a le plus de moyens et le moins d’envie, le moins de volonté politique. La France est le seul pays strictement francophone, parmi les grands donateurs à l’OIF. La Belgique, le Canada et la Suisse sont tous multilingues. Malheureusement, les intérêts des pays dépassent les intérêts de la Francophonie... Alors que veut la France... ?

Quid de l’AILF ?

Nous sommes l’écho des difficultés de nos collègues mais la question est comment effectuer des pressions politiques concernant la culture ? Les états ne respectent pas les protocoles et les accords internationaux existants, je pense notamment à la TVA sur le livre. On se bat à contre-courant ! Mais je voudrais revenir au Forum... je le compare à un repas entre amis ! Il est toujours positif de rencontrer ceux qui partagent les mêmes préoccupations et avec qui on a des affinités. Cela permet d’établir des réseaux... mais nous avons besoin de davantage de rencontres entre les représentants de la société civile et ceux du monde politique. Pour avancer, il ne faut pas simplement se réunir entre amis !

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