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AFRIQUE - Vous voulez que les autres pleurent vos morts ? Communiquez efficacement !

AFRIQUE - Vous voulez que les autres pleurent vos morts ? Communiquez efficacement !

par Cédric Kalonji
17 novembre 2015

J’ai vu plus de réactions africaines sur les réseaux sociaux suite aux attentats de Paris que je n’en vois habituellement au lendemain d’une tuerie en RDC, en république Centrafricaine ou ailleurs sur le continent.

Pourquoi un attentat qui fait une dizaine de morts à Paris sera toujours plus médiatisé qu’un massacre similaire en Afrique ?

Une partie de la réponse est médiatique : Communication maitrisée, médias puissants et organisés

Dès que les premières attaques parisiennes ont été perpétrées, les principaux médias publics et privés ont modifié leurs programmes pour se concentrer sur les évènements en cours.

Moins d’une heure après la première attaque, en allumant sa radio ou son poste téléviseur, on pouvait savoir ce qui se passait, dans quel coin et quelle était l’attitude à adopter. Dans mon lit, accroché à mon téléphone, à moins d’une vingtaine de kilomètres du Bataclan, j’ai pu m’informer de ce qui se passait. Sans coupage [1] de nombreux reporters se sont déplacés en pleine nuit pour couvrir les évènements et informer le public.

Trois heures après les attaques, je m’endormais, rassuré de savoir que mes amis qui étaient dans la zone affectée étaient en sécurité, même ceux qui étaient au Bataclan.

Sachant que la France dispose de médias qui émettent au-delà de ses frontières (RFI, France24 notamment), il est tout à fait normal que le monde entier ait été au courant assez rapidement. Je ne parle même pas des réseaux sociaux.

Et si les congolais et plus largement les francophones d’Afrique ont été très nombreux à réagir, c’est bien parce qu’ils consomment énormément la presse française. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’équivalents locaux en termes de couverture et de professionnalisme.

Une attaque similaire dans n’importe quel pays d’Afrique ? Certains habitants du pays concerné et des pays voisins n’en seraient informés que le lendemain et probablement via… RFI.

Pour l’ouverture de leurs journaux télévisés, les télévisions d’État serviraient à leurs téléspectateurs l’inauguration par le président de la république d’un tronçon routier de trois kilomètres.

Leçon morale comme le dit Charles Le Bon Vodounon : « Le Nigeria avec toute sa puissance pétrolière, avec toute sa puissance économique en Afrique, n’a même pas une radio régionale (ouest-africaine) pour communiquer au monde. Le Nigeria et l’Afrique du Sud, à eux seuls, peuvent sauver la Radio Africa Numéro 1. Si nous voulons que le monde pleure aussi nos malheurs, il faut penser aux moyens de communication... »

Donc plutôt que d’accuser le monde entier de ne pas pleurer nos morts, pensons à créer et à financer des médias puissants. Et ne venez pas me dire que c’est l’argent le problème. Si nous sommes capables de payer des factures Canal+ pour consommer la culture ou encore le sport des autres, nous devrions être capables de financer la création de nos propres médias et la production de contenus.

[1Coupage : En RDC, pratique qui consiste au paiement des journalistes pour l’écriture des articles par ceux dont ils sont l’objet. En Guinée on parle de “communiqué final”.

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