- Tirana (Wikimedia Commons - Paxson Woelber)
- Le Premier ministre Edi Rama (WMC - edi rama presse)
POLITIQUE
Deux ans après la victoire du Parti socialiste d’Edi Rama, l’Albanie doit encore affronter des problèmes pesant sur la vie politique, sociale et économique : dépasser l’héritage des gouvernements précédents, lutter contre la corruption qui a gangréné toutes les artères vitales du pays et avancer sur le dossier de l’intégration européenne. Beaucoup de réformes annoncées attendent toujours leur réalisation et le pays a du mal à sortir de la crise économique.
Les élections municipales du 21 juin 2015 ont été perçues comme un test politique pour le gouvernement. Ces élections marquaient également la première application de la carte électorale, fruit de la réforme administrative et territoriale, annoncée comme une mesure d’importance primordiale de la part du gouvernement. Ainsi, près de 3,3 millions d’électeurs ont été appelés à élire les maires de 61 municipalités et près de 1.600 conseillers municipaux. Tirana était au cœur de cette bataille électorale. Erion Veliaj, ancien ministre des Affaires sociales contre un adversaire de droite Halim Kosova. Les résultats ont indiqué la victoire de la coalition de centre gauche emmenée par le Parti socialiste (PS) du Premier ministre Rama, qui est en tête dans la majorité de mairies, y compris dans la capitale. L’opposition de droite a dénoncé des « irrégularités » lors du vote, notamment des « pressions et des menaces » contre ses électeurs. La mission européenne d’observation des élections a donné un avis plutôt favorable.
Un autre poids qui pèse sur les épaules du gouvernement est la réforme du système judiciaire. « La réforme du système judiciaire devrait prévaloir sur tout intérêt privé ou politique », a déclaré Yngve Engstrom, chef de la coopération à la délégation de l’UE. Elle vise à renforcer l’efficacité et la qualité du système judiciaire et à améliorer le fonctionnement quotidien du service public de la justice rendu par les tribunaux aux citoyens albanais. Elle doit aller de pair avec la décriminalisation du Parlement et des autres institutions publiques prévoyant d’exclure de la vie politique et publique tout individu titulaire d’un casier judiciaire. Espérons qu’un vent de tolérance et de dialogue politique soufflera en automne, ce qui rendra possible la réalisation de ces réformes vitales pour le pays.
ÉCONOMIE
Après trois années de faible croissance économique, l’activité devrait accélérer en 2015. Ainsi, selon l’INSTAT, la croissance albanaise a augmenté de 2,82 % au premier trimestre de 2015 par rapport au même trimestre de l’année dernière. L’investissement privé sera favorisé par le redémarrage du crédit, le paiement par l’État de ses arriérés aux entreprises et les investissements étrangers, notamment dans l’énergie (exploitation pétrolière, gazoduc Trans-Adriatique amenant le gaz azéri jusqu’en Europe occidentale). Une performance positive a marqué aussi le secteur de la construction avec une augmentation de 2,84 % par rapport au premier trimestre de 2014.
Mais, le niveau élevé de la dette et du déficit public laissent peu de marge de manœuvre budgétaire. L’État doit faire face à l’indemnisation des anciens propriétaires de la période communiste et au paiement des arriérés aux entreprises qui ont culminé à 5 % du PIB début 2014 et devrait s’achever en 2016. D’un autre côté, les recettes ne représentent que 25 % du PIB. La performance des recettes fiscales est faible à cause du niveau élevé de l’économie informelle.
Les échanges de marchandises restent très déficitaires, à hauteur de 18 % du PIB en 2014. Cela résulte surtout de l’étroite base productive (textile, chaussure, pétrole, minerais et électricité), qui contraint à importer beaucoup de biens de consommation et d’équipement, et du manque de compétitivité. Les transferts des émigrés installés en Italie et en Grèce ont baissé avec la crise dans ces deux pays. Pour inciter la croissance économique et la création de nouveaux emplois, la Banque mondiale met encore une fois l’accent sur la nécessité d’approfondir les réformes dans tous les secteurs vitaux du pays.
- Gjirokastër, ville médiévale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (Wikimedia Commons - Tori Oseku)
SOCIÉTÉ
L’Albanie a connu la plaie de l’émigration surtout après la chute du communisme, dans les années 90. L’isolement total du pays pendant presque un demi-siècle a abouti à une vague massive de jeunes émigrant vers l’Occident, réalisant ainsi leur rêve européen. Cette émigration à grande échelle n’a pas seulement été provoquée par le crash de l’ancien régime socialiste, mais aussi par le processus néolibéral des grandes entreprises de privatisation et de désindustrialisation.
Malheureusement, vingt ans après, la plaie est toujours ouverte. Dépourvus d’espoir et de tout moyen leur permettant de mener une vie digne dans leur pays, des Albanais provenant des zones reculées du pays, tentent leur chance en Europe, surtout en Allemagne qui reste la destination préférée des demandeurs d’asile originaires des Balkans occidentaux. Les années de transition sont lourdes à surmonter dans le pays des aigles…
- Le bunker secret d’Enver Hoxha (Collection personnelle de Alba Frasheri)
CULTURE
Vingt-cinq ans après la chute du communisme, l’Albanie continue à dénicher des secrets. Pour célébrer le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Albanie, le bunker secret d’Enver Hoxha a été ouvert au public. Le Premier ministre, Edi Rama, a inauguré Bunk’Art, une exposition qui prend la forme d’une alternance subtile entre l’art et l’histoire.
Construit dans le plus grand secret entre 1972 et 1978, ce bunker géant fait partie des « structures spéciales » construites par Hoxha pour protéger l’élite albanaise en cas d’attaque nucléaire. Situé dans la périphérie nord-ouest de Tirana et creusé à 100 mètres sous une montagne, cet abri de 2685 m² est composé de 5 niveaux et 106 chambres, un véritable complexe « cinq étoiles ».
D’autres évènements ont enrichi la vie culturelle et artistique. La 3e édition du Festival de la musique classique « Different Trains » a eu lieu du 24 septembre au 1er octobre 2014 à Tirana. Conçu comme un évènement musical assez particulier, le festival visait à promouvoir la communication à travers la musique. Il a réuni à Tirana des artistes albanais célèbres dans le monde, ainsi que des artistes étrangers qui ont été appréciés par le public.
Les amateurs d’art figuratif ont été accueillis le 9 avril au Musée national à l’occasion de la Biennale internationale de l’Art sur papier intitulée « Stemperando », présentant les œuvres de 43 artistes, dont 18 Albanais. « Stemperando » ouvre ses portes à Tirana après la présentation de la 6e édition de la Biennale Internationale des œuvres d’art sur papier à Turin disposant d’une exposition organisée à l’initiative du curateur albanais Alfred Milot Mirashi et Anselmo Villata, directeur de l’Institut National d’Art Contemporain en Italie.
- Le Festival national folklorique de Gjirokastër (collection Alba Frasheri)
Le Festival national folklorique de Gjirokastër, datant depuis 1968, est l’évènement culturel le plus marquant de l’année. Il rassemble tous les cinq ans les meilleures traditions musicales et chorégraphiques de toute l’Albanie. Cette année le festival a eu lieu du 10 au 15 mai dans le château de Gjirokastër, ville médiévale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il tente de préserver tout un patrimoine important pour la culture albanaise.
BIBLIOGRAPHIE
Presse locale
http://www.aftirana.org
http://www.ata.gov.al