POLITIQUE
La vie politique au premier semestre 2016 a été focalisée autour de deux faits :
En premier lieu, le 7 février 2016, le président de la République convoque le parlement pour procéder à la troisième révision constitutionnelle depuis son arrivée en 1999 à la tête de l’exécutif. Cette révision, adoptée par 499 des 517 parlementaires présents, a porté surtout sur la consécration du tamazight en tant que langue officielle avec l’arabe, la réduction du mandat présidentiel à deux fois cinq ans et sur l’interdiction aux Algériens ayant la double nationalité d’exercer de hautes fonctions au sein de l’État.
En second lieu, le président de la République a procédé le 11 juin 2016 à un remaniement partiel du gouvernement, ne touchant que les portefeuilles de la sphère économique. Notons cependant de départ de Amar Ghoul, ministre depuis 1999, nommé membre du conseil de la Nation (Sénat) dans le cadre du tiers présidentiel.
Sur le plan sécuritaire, l’armée n’a cessé – depuis 2014 – de remporter des succès dans sa lutte contre le terrorisme islamiste. En outre, elle a restitué le calme dans la ville de Ghardaïa, objet de violences intercommunautaires depuis plusieurs mois.
Disparitions
Hocine Aït-Ahmed (1926-2015). Jeune militant indépendantiste, il est le dernier « Fils de la Toussaint » du 1er novembre 1954, début de la guerre d’Algérie. Prisonnier en France de 1956 à 1962, il rentre au pays à l’indépendance pour créer le premier parti d’opposition, le FFS (Front des Forces Socialistes). Candidat malheureux aux élections présidentielles d’avril 1999, il laisse d’importants ouvrages sur sa vie politique.
Djamila Bouazza (1938-2015). Figure marquante de la Révolution algérienne, elle a été en 1957, la première condamnée à mort par le tribunal militaire français, avec sa compagne de lutte Djamila Bouhired.
Mohamed Saïd Mazouzi (1920-2016) Militant du Parti du peuple algérien (PPA), il avait fait partie du noyau ayant préparé l’insurrection du 8 mai 1945. À la suite de quoi, il passe 17 ans dans les prisons coloniales – ce qui lui vaut le surnom de « Mandela algérien ». À l’indépendance de l’Algérie, il est nommé wali de Tizi Ouzou ; puis le président Houari Boumediene lui confie en 1970 le portefeuille du ministère du Travail et des Affaires sociales, puis celui des Moudjahidines. Il se retire de la vie politique de manière définitive en 1988. Dans ses mémoires, J’ai vécu le pire et le meilleur, publiées en 2015, il a retracé son parcours en tant que militant de la cause nationale et les responsabilités qu’il avait occupées après l’indépendance.
ÉCONOMIE - SOCIÉTÉ
La crise économique persiste et est reconnue officiellement par les plus hautes autorités du pays. La chute drastique des cours des hydrocarbures, représentant 98 % des exportations du pays, a contraint l’État a adopter une nouvelle politique économique et financière dite « Nouveau modèle de croissance économique », consistant essentiellement à moins de dépenses publiques et à un retour à l’endettement, pour l’instant de nature interne puisque limité à un emprunt obligatoire aux taux attractifs lancé en avril 2016. Ces mesures d’austérité n’ont pas empêché l’espérance de vie de la population algérienne de connaitre un gain de cinq ans entre 2000 et 2015, ainsi que l’annonce l’ONS (Office National des Statistiques) en juin 2016.
Sont à retenir deux nouvelles lois non encore appliquées, l’une fixant la retraite à 60 ans et l’autre aménageant la règle du 51/49 relative au code des investissements étrangers.
- Constantine, ville arabe de la culture 2015 (Ph : Flickr - Grounhopping Merseburg)
CULTURE
L’évènement de l’année a été « Constantine, capitale de la culture arabe » (15 avril 2015-15 avril 2016) qui a vu la publication de 1500 titres en toutes langues du pays et la réalisation d’une dizaine de films.
La littérature algérienne de langue française continue à être consacrée, avec l’attribution le 31-12-2015 du Grand Prix du roman de l’Académie française à Boualem Sansal pour 2084 tandis que Habib Tengour est lauréat – pour l’ensemble de son œuvre - du Prix Dante décerné par l’Union européenne (Paris le 11 juin 2016).
La 5e édition du Festival du film maghrébin d’Oujda (9-13 avril 2016) a récompensé trois Algériens : Le Grand Prix va à Larbi Bouchouchi pour Le Puits, long métrage (2014) sur la guerre d’Algérie dans le Sud algérien ; pour le court métrage sont distingués Kamel Yaïche (Prix du jury) et Omar Belkacemi (pour le meilleur scénario). Quant au 32e Festival international du cinéma « Vues d’Afrique » de Montréal (22-25 avril 2016), il a distingué trois productions algériennes ayant remporté le prix du meilleur film dans leur catégorie : Merzak Allouache pour Madame Courage (Lm, 2015) - voir ci-dessous -, Hassen Ferhani pour le documentaire Dans ma tête, un rond-point et Lotfi Bouchouchi pour Le Puits.
Enfin le Prix Assia Djebar du roman, institué par deux entreprises privées, a été attribué à de jeunes auteurs de langue arabe, tamazight et française, et ce le 3 novembre 2015 à l’occasion du 19e Salon du livre d’Alger (29 octobre-8 novembre 2015) qui a mis à l’honneur la France.
Disparition
Messaour Boulanouar (1933-2015) poète emprisonné durant la guerre d’Algérie ; son recueil le plus connu est La meilleure force (1963).
Mohamed Slim Riad (1932-2016), cinéaste, réalisateur de nombreux films à succès, portant tant sur la veine comique que sur d’autres thèmes liés à la guerre d’Algérie à laquelle il participa et fut prisonnier en France.
SPORT
L’équipe nationale de football s’est qualifiée pour la seconde fois consécutive à la Coupe d’Afrique des Nations qu’organise le Ghana en janvier 2017. Pourtant, son entraineur, le Français Christian Gourcuff, vivement critiqué par la presse, a démissionné et a été remplacé par le Croate Milovan Rajevac.