L’Allemagne et la France
L’enseignement de l’allemand en France
En France, les tentatives actuelles de réforme de l’enseignement au niveau des collèges ont failli porter un coup fatal surtout aux classes bilingues, donc à l’enseignement et à l’apprentissage des langues étrangères, et surtout à l’allemand. Najat Vallaud-Belkacem, la ministre actuelle de l’Éducation nationale, aurait qualifié entre autres l’enseignement de l’allemand comme faisant partie d’une formation élitiste. Dans le passé déjà l’allemand a souvent servi de matière de sélection dans la carrière scolaire des élèves. Apparemment, la ministre a changé d’avis et vient de nommer une déléguée ministérielle au renforcement de l’apprentissage de l’allemand. La ministre a reconnu dans la lettre de nomination de Sandrine Kott, comme déléguée ministérielle, l’importance de la coopération entre la France et l’Allemagne en matière d’enseignement et elle a souligné le caractère essentiel de l’apprentissage de l’allemand en France. La mission de Sandra Kott sera multiple. Au niveau des collèges, l’offre de l’allemand devra être renforcée à partir de la classe de cinquième. Dans les différents types de lycées, elle accompagnera les sections Abibac et les sections européennes allemandes. À cela s’ajoute un volet mobilité qui cible aussi bien les élèves que les personnels et qui renforcera les partenariats scolaires entre les deux pays.
- Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale (Flickr - menesr - devernay)
Incluses dans ce volet, les activités de l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse) qui est ainsi reconnu comme un acteur essentiel dans la coopération entre les deux pays.
La situation du français en Allemagne n’est pas comparable à celle de l’allemand en France, vu le caractère fédéral de l’Allemagne où chaque Land est autonome dans les domaines de culture, d’enseignement, de formation et de recherche.
- Marc Bloch par Frédéric Glorieux (Flickr - frédéric glorieux)
Le Centre Marc Bloch de Berlin
Sandra Kott, citée ci-devant comme nouvelle déléguée à l’enseignement de l’allemand en France est également chercheuse associée au Centre Marc Bloch de recherches en sciences sociales à Berlin, ce qui nous amène vers une institution essentielle dans le paysage de la recherche à Berlin.
Depuis sa création par les gouvernements français et allemand, le Centre Marc Bloch s’avère être un acteur de premier ordre dans le milieu intellectuel berlinois et un important intermédiaire et un relais de grande importance dans la mise en réseaux des universités et de leurs chercheurs.
Le Centre Marc Bloch est un "enfant" indirect de la chute du Mur de Berlin. Fondé en octobre 1992 il a été placé sous le patronage de l’historien Marc Bloch. Ses objectifs : créer un centre franco-allemand de recherches en sciences sociales avec une ouverture sur l’Europe. Ses activités sont multiples, la pratique interdisciplinaire est un "must" ses axes de recherche et les différents groupes de travail réunissent les différentes disciplines des sciences humaines et sociales. Sa vocation européenne se décèle dans le recrutement des chercheurs et des doctorants. Le centre organise de nombreux colloques internationaux et des conférences qui associent toujours des chercheurs des deux pays fondateurs
La dimension franco-allemande reste un enjeu primordial. Cela se voit aussi dans la composition de ses institutions de tutelle. Du côté français ce sont le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, associé au CNRS. Depuis 2001, le Centre Marc Bloch bénéficie également d’un financement du ministère fédéral alemand de l’Éducation et de la Recherche. Un contrat de coopération lie le Centre Marc Bloch de façon privilégiée à l’Université Humboldt de Berlin.
L’Institut français de Berlin et les écrivains francophones à Berlin
L’Institut français de Berlin est une institution culturelle de première importance. Fondé en 1950 dans l’actuelle Maison de France, sur la Kurfürstendamm, les Champs-Élysées de Berlin (Ouest) il a failli être fermé en 2013 et transféré à l’Ambassade de France. Heureusement aussi bien la Maison de France que l’Institut français ont pu être sauvés. Le contraire aurait été une perte colossale pour la vie culturelle berlinoise.
Pensons seulement aux nombreux événements littéraires, philosophiques et musicaux qui enrichissent le menu, pas seulement dans l’arrondissement quartier de Charlottenburg. Pensons aussi aux nombreuses rencontres bilatérales, bilingues et binationales qui ajoutent ce grain de sel nécessaire aux débats autour de la complicité franco-allemande.
Nous savons que Berlin s’est mutée ces dernières années en une métropole qui attire des créateurs de tous genres du monde entier, dont plusieurs milliers d’Israéliens.
Mais sait-on assez que plusieurs écrivains de langue française transitent souvent par Berlin en entamant ici leurs tournées de lectures-discussions à travers l’Allemagne. C’est ainsi que Dany Laferrière, écrivain haïtiano-québécois et nouveau membre de l’Académie française, a honoré Berlin deux fois avec sa présence l’an dernier, de même que les écrivains Jean-Philippe Toussaint (Belgique) et Antony Phelps (Haïti/Montréal).
Il ne faut pas oublier non plus qu’en dehors de Marie Ndiaye et Jean-Yves Cendrey d’autres écrivains de langue française ont choisi Berlin comme domicile comme Wilfried N’Sondé, auteur de quatre romans dont le dernier, Berlinoise (2015) est consacré à ce Berlin mythique.