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AUTRICHE - Retour sur l’année 2016-2017

AUTRICHE - Retour sur l’année 2016-2017

30 septembre 2016 - par Hélène Czyhir 
 - © Flickr - Constantin Hahn
© Flickr - Constantin Hahn

En 2016 comme en 2015, l’Autriche reste confrontée à des défis communs à l’ensemble de l’Union européenne, notamment à celui de l’immigration qui implique, mobilise, mais aussi divise le pays. L’Autriche, où existe un important mouvement de solidarité envers les réfugiés depuis l’été 2015, a vu transiter 700 000 migrants et enregistré 90 000 demandes d’asile, principalement en provenance de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan ce qui correspond à une hausse de 200 % par rapport à 2014, soit presque autant que l’Allemagne par rapport à sa population. Face à cet afflux de réfugiés, le gouvernement autrichien a annoncé au début de l’année 2016 sa volonté de restreindre le nombre des demandeurs d’asile, ce petit pays ne disposant pas de capacités d’accueil et d’intégration illimitées. Pendant les quatre années à venir, l’Autriche limitera donc à 1,5 % de sa population totale (soit 8,5 millions d’habitants) le nombre des demandeurs d’asile supplémentaires sur son territoire. Ce pourcentage équivaut à 127 500 personnes de 2016 à 2019. Pour parvenir à ces objectifs, le gouvernement mise sur un contrôle plus strict aux frontières et une politique de prestations sociales moins généreuse.


Des Syriens nombreux, trop nombreux pour certains... (Flickr- Josh Zakary)

POLITIQUE intérieure et internationale

L’événement politique le plus important qui a marqué l’année 2016 en Autriche est l’élection présidentielle qui a été riche en rebondissements.
Le chef de l’État sortant, le social-démocrate Heinz Fischer, élu en 2004 et réélu en 2010, ne pouvant solliciter un troisième mandat, six candidats se sont présentés à l’élection à la présidence. Il s’agissait de :
 Irmgard Griss, candidate indépendante
 Norbert Hofer, candidat du FPÖ (Parti autrichien de la liberté, droite populiste)
 Rudolf Hundstorfer, candidat du SPÖ (Parti social-démocrate d’Autriche)
 Andreas Khol, candidat de l’ÖVP (Parti populaire d’Autriche, conservateur)
 Richard Lugner, candidat indépendant
 Alexander Van der Bellen, candidat indépendant, soutenu par les Verts

Alexander Van der Bellen, qui avait remporté le scrutin avec moins de 31 000 voix d’avance, ne sera pas investi (Ph : wmc - Ailura)

À l’issue du premier tour de scrutin, le 24 avril 2016, les deux candidats en tête sont Norbert Hofer et Alexander Van der Bellen qui obtiennent respectivement 35,1 % et 21,3 % des voix. Ce scrutin est historique, car pour la première fois depuis 1945, les deux grands partis au pouvoir que sont le Parti social-démocrate (SPÖ) et le Parti populaire (ÖVP) n’arrivent qu’en quatrième et cinquième place du premier tour et sont donc éliminés du second tour. Le chancelier fédéral autrichien Werner Faymann tirera les leçons de la défaite de son parti, le SPÖ, qu’il dirige, et démissionnera de ses fonctions. Christian Kern, le patron des Chemins de fer fédéraux autrichiens (Österreichische Bundesbahnen, ÖBB) dont il a assaini la gestion et modernisé l’image, succède le 17 mai 2016 à Werner Faymann comme nouveau chef du parti et chancelier. Le 18 mai, un remaniement ministériel partiel a concerné le ministre des Arts et de la Culture, des Affaires constitutionnelles et des Médias, Josef Ostermayer, remplacé par Thomas Drozda (SPÖ). La ministre de l’Éducation, Gabriele Heinisch-Hosek, cède la place à Sonja Hammerschmidt (SPÖ). Le ministre des Transports, de l’Innovation et de la Technologie, Gerald Klug est remplacé par Jörg Leichfried (SPÖ). La secrétaire d’État auprès de la Chancellerie, chargée de la Diversité, de la Fonction publique et du Numérique Sonja Stessl cède la place à Muna Duzdar (SPÖ).

Le soir du second tour de l’élection présidentielle qui a lieu le dimanche 22 mai 2016, le résultat n’est pas encore disponible en raison des bulletins de vote par correspondance qui seront dépouillés le lendemain et qui devraient départager les deux candidats. L’écart de voix est, en effet, encore insuffisant le dimanche 22 mai pour déterminer le gagnant de l’élection. Finalement, c’est le candidat écologiste Alexander Van der Bellen qui l’emporte avec 50,3 % des voix et 31 026 voix d’avance sur son rival de la droite populiste Norbert Hofer, les votes par correspondance (soit 14 % du corps électoral) dépouillés le lundi 23 mai ayant finalement fait pencher la balance en sa faveur.

Toutefois, malgré la défaite de son candidat, le Parti autrichien de la liberté a le vent en poupe et ne se déclare pas vaincu. En octobre dernier déjà, il avait failli remporter la mairie de Vienne, le candidat de la droite populiste Heinz-Christian Strache ayant finalement été battu de justesse par le social-démocrate, Michaël Häupl, au second tour. Persuadé qu’on leur a volé leur victoire, le chef du FPÖ conteste le résultat du second tour et dépose un recours auprès de la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle.
Nouveau rebondissement le 1er juillet 2016 : La Cour constitutionnelle autrichienne invalide le résultat de la présidentielle du 22 mai 2016 en raison d’irrégularités dans le dépouillement de certains suffrages. « Les élections sont le fondement de notre démocratie », estime le président de la Cour constitutionnelle, Gerhart Holzinger, pour justifier une décision spectaculaire qui va sonner comme un nouveau coup de tonnerre dans le ciel européen. «  La garantie de ce fondement est notre devoir. […] Il n’y a ni perdant ni gagnant. Notre décision ne doit servir qu’un seul but : renforcer la confiance en notre État de droit et par là même en notre démocratie. »

Ni fraude ni manipulation du scrutin du 22 mai 2016 n’ont été diagnostiquées par les juges de la plus haute juridiction du pays, mais une accumulation de négligences dans le dépouillement des urnes et des votes par correspondance qui entachent la validité du résultat. L’enquête et les auditions de la Cour ont permis de confirmer que plusieurs dizaines de milliers de bulletins provenant du vote par correspondance avaient été dépouillés de façon irrégulière, soit en dehors des heures légales, soit par des personnes non habilitées, une pratique jusque-là largement tolérée.
Alexander Van der Bellen, qui avait remporté le scrutin avec moins de 31 000 voix d’avance, ne sera donc pas investi le 8 juillet 2016 et les Autrichiens devront retourner voter le 2 octobre 2016. En attendant, la présidence de la République est assurée par les présidents du Nationalrat (chambre basse du Parlement) Doris Bures (SPÖ), Karlheinz Kopf (ÖVP) et Norbert Hofer (FPÖ).

L’Autriche est désormais plus présente au niveau du travail de fond de l’UNESCO après son élection au sein de cinq instances de l’UNESCO dans le cadre de la Conférence générale organisée du 3 au 18 novembre 2015. Les domaines de travail de ces cinq instances de décision interétatique sont le développement des médias et la protection des journalistes, la restitution de biens culturels, la bioéthique, l’environnement et la biodiversité, l’eau et la protection des systèmes fluviaux. Le secrétaire général du ministère fédéral de l’Europe, de l’Intégration et des Affaires étrangères Michael Linhart a indiqué que cela venait « confirmer que l’Autriche, forte d’experts reconnus, participera dans le futur à façonner des questions d’avenir internationales et actuelles au sein de l’UNESCO ». L’Autriche apporte ainsi ses intérêts et ses préoccupations et a accès à des réseaux mondiaux dans les domaines des sciences et de la recherche.

Le 4 juillet 2016, le nouveau chancelier autrichien Christian Kern s’est rendu à Paris pour prendre part au Sommet Paris-Balkans 2016. L’objectif de ce sommet est d’assurer une cohérence accrue entre les différentes initiatives régionales destinées à promouvoir la coopération parmi les pays des Balkans en prenant en compte leur perspective européenne. Cette coopération régionale constitue un élément clé pour la croissance économique des Balkans occidentaux, car elle conduit à des échanges renforcés entre les populations, à une multiplication des initiatives transfrontalières ou régionales ainsi qu’à la création de coentreprises. Par ailleurs, le chancelier autrichien a souligné l’importance de la stabilité et de la sécurité dans cette région. « La sécurité, ce n’est pas seulement une question de mesures policières, mais aussi une question liée au développement de la prospérité » a-t-il affirmé.

Un forum de la société civile organisé à l’occasion du 3e Sommet des Balkans occidentaux et auquel a participé le ministre des Affaires étrangères autrichien Sebastian Kurz s’est également tenu à Paris le 4 juillet 2016. Les thèmes des migrations, du changement climatique et de la croissance durable, des différends bilatéraux et de la coopération des jeunes ont fait partie du programme.

ÉCONOMIE

Après plusieurs années de croissance ralentie sous l’effet de la crise économique mondiale, l’économie autrichienne a amorcé une légère hausse. Toutefois, cette croissance, qui atteint 0,7 % en 2015, demeure insuffisante, même si les prévisions pour 2016 et 2017 (respectivement 1,7 % et 1,6 %) sont positives (données de l’Union européenne). Les relations tendues entre la Russie et l’Union européenne suite aux sanctions décidées par la Commission européenne envers la Russie et les contre-sanctions russes ont ralenti les échanges avec la Russie. On observe donc un effondrement des exportations vers la Russie (-38,1 % en 2015). Par ailleurs, après l’abandon par le conglomérat russe Gazprom du projet du gazoduc « South Stream » qui devait acheminer du gaz vers l’Europe via la Bulgarie, l’Autriche qui était associée à ce projet a été privée de sa position stratégique au profit de la Turquie. En effet, la nouvelle formule proposée par Moscou prévoit la construction d’un deuxième gazoduc entre la Russie et la Turquie par le fond de la mer Noire et la mise en place d’un hub gazier à la frontière turco-grecque.

En outre, en raison du renflouement de plusieurs milliards d’euros causé par l’effondrement de la banque Hypo Alpe Adria, les dépenses publiques ont été sérieusement réduites. Les ambitions récentes de réduire le budget ont réussi à réduire le déficit budgétaire de 2,7 % en 2014 à 1,6 % en 2015. Il est prévu que ce niveau de déficit reste stable dans les années à venir, 1,7 % pour 2016 et 2017 (données de l’Union européenne). La dette publique reste élevée, 86 % du PIB en 2015, mais elle devrait rester stable.
En revanche, le chômage augmente. Alors que dans le passé l’Autriche a eu un taux de chômage faible d’environ 5 % (un des plus bas de l’Union européenne), le taux de chômage était de 6 % en 2015 avec des prévisions de 6,2 % et 6,4 % pour 2016 et 2017. Cette hausse est due à la croissance économique modérée et à une augmentation de l’offre de main-d’œuvre.
Le 4 juillet 2016, le nouveau chancelier Kern et le vice-chancelier Mitterlehner ont présenté le rapport économique de l’Autriche pour 2016. Le nouveau tandem gouvernemental a placé l’économie au centre du débat public et a souligné la nécessité pour le pays, petite entité qui ne peut trouver des débouchés suffisants sur son marché interne, d’accroître son attractivité et sa capacité concurrentielle à l’export. Un soutien public sera apporté aux entreprises naissantes innovantes et les contraintes administratives seront allégées, notamment pour renforcer les filières industrielles.

CULTURE

Dans l’année écoulée, c’est encore l’architecture qui a fait l’actualité.
Le 15 octobre 2015 s’est tenu dans l’optique de la conférence Paris Climat 2015- COP21 à l’ambassade d’Autriche à Paris le colloque « Architecture pour le climat » qui a réuni des architectes et des entrepreneurs venus de France et d’Autriche pour réfléchir ensemble aux contributions du bâtiment pour la protection du climat. En effet, compte tenu de sa forte consommation en énergie et des émissions de gaz à effet de serre qu’il génère, le secteur du bâtiment a un rôle important à jouer dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

Un ouvrage architectural important à signaler est celui de l’architecte autrichien Dietmar Feichtinger qui a refait du Mont-Saint-Michel une île en concevant une passerelle sur pilotis. Le 31 octobre 2015, le président de la République française François Hollande a inauguré le rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel. Désormais, les visiteurs peuvent se rendre au Mont-Saint-Michel en empruntant cette passerelle. Cet architecte autrichien avait déjà été l’auteur d’autres ouvrages en France comme la passerelle Simone-de-Beauvoir en face de la Bibliothèque nationale de France.


Mont-Saint-Michel, la passerelle sur pilotis de Dietmar Feichtinger (Ph : Communication Dietmar Feichtinger)

Seele Austria est aussi une entreprise autrichienne fortement appréciée en France. C’est cette entreprise qui a été chargée de réaliser de grandes parties de l’immense structure d’acier et du voile de verre qui tapisse la Canopée des Halles et qui a été inaugurée le 5 avril 2016 en présence de la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette entreprise avait déjà réalisé en France le dôme en verre du centre commercial d’Atlantis à Nantes et la verrière de la gare de Strasbourg.

Autre création autrichienne : l’orgue de la Philharmonie de Paris conçu et fabriqué par la société autrichienne Rieger Orgelbau qui est considérée par les spécialistes comme l’un des meilleurs facteurs d’orgues au monde. Cette entreprise fabrique depuis 1845 des orgues de grande qualité qu’on trouve dans de nombreuses églises ainsi que dans les plus prestigieuses salles de concert du monde entier. L’orgue de la Philharmonie est un orgue du XXIe siècle de 15 mètres de haut et 91 jeux, soit 6055 tuyaux, dont chacun a été harmonisé individuellement pendant 6 mois par l’harmoniste Michel Garnier. En résulte un orgue polyvalent qui peut être joué comme un instrument de soliste, en concerto ou en récital, ou avec orchestre et/ou chœur dans tous les répertoires, du baroque au contemporain. Il a été inauguré le 6 février 2016.



Par ailleurs, l’entreprise technologique viennoise LightGlass a remporté le prix « Best of Best » de l’Iconic Award 2015. La technologie ALED Daylight de l’entreprise spécialisée dans le « vitrage intelligent » a été primée à Munich en tant qu’utilisation innovante du verre comme source lumineuse dans l’architecture. LightGlass s’est imposée face à 600 concurrents du monde entier. Le jury a justifié sa décision en citant l’innovation de l’entreprise : une solution de haute qualité qui simule la lumière du jour et intègre la lumière en tant que composante à part entière de l’architecture. En novembre 2015, LightGlass a aussi remporté le concours GEWINN qui récompense les jeunes entrepreneurs, contre quelque 1000 entreprises participantes.

Autre récompense à signaler : l’hôtel Park Hyatt Vienna a remporté le prix Villegiature Award 2015 dans la catégorie « meilleur design et architecture d’hôtel en Europe ». Les prix Villegiature récompensent depuis 2003 dans des catégories différentes les plus beaux hôtels d’Europe, d’Afrique et d’Asie.

DISPARITION

Une caricature du féroce Manfreid Deix

Le 25 juin 2016, les Autrichiens ont perdu l’un de leurs plus féroces critiques en la personne du caricaturiste Manfred Deix, décédé à l’âge de 67 ans, au terme d’une longue maladie, dans sa région natale de Basse-Autriche, où il vivait en compagnie de son épouse et de leurs 37 chats. Dessinés par lui avec un soin maniaque, ses compatriotes autrichiens étaient irrémédiablement laids, bêtes et méchants. Deix prenait un malin plaisir à faire sauter la frontière du « politiquement correct », et plus encore celle du mauvais goût. Il a donné des dessins à Charlie Hebdo en signe de solidarité après l’attentat meurtrier de janvier 2015. Actuellement, on peut voir une sélection de ses dessins dans l’exposition Forever Deix au Karikaturmuseum, le musée de la caricature de Krems.

Il faut également évoquer dans ce contexte l’exposition passionnante de caricatures et de dessins sur le thème du football « Frankreich, wir kommen – Allez les Autrichiens » réalisée en partenariat avec le musée de la caricature de Krems à l’ambassade d’Autriche à Paris à l’occasion de la participation de l’Autriche au Championnat d’Europe de football 2016.

L’année 2016 est aussi celle de nombreuses commémorations.
Pour le 500e anniversaire de la mort de Jérôme Bosch, la galerie de tableaux de l’Akademie der bildenden Künste, l’Académie des beaux-arts de Vienne, présente une exposition consacrée au triptyque du Jugement dernier. « Jérome Bosch 500 : Des drones au paradis - Une apocalypse quotidienne » . Cette œuvre de l’artiste contemporain Ivica Capan est un collage numérique, dans lequel un essaim de drones survole de manière menaçante le monde de péchés de Jérôme Bosch, potentialise le mal de l’humanité et le fait soudainement entrer dans le présent.


L’essaim de drônes d’Ivica Capan

Le 21 novembre 2016, l’Autriche commémore le centenaire de la mort de l’empereur François Joseph que la gloire de son épouse Sissi a parfois un peu laissé dans l’ombre. Plusieurs expositions qui se penchent sur différents aspects de sa vie et de son règne sont consacrées à cet empereur qui a été 68 ans au pouvoir, de 1848 à 1916.
Au château de Schönbrunn, l’exposition a pour titre «  L’homme et le souverain ». À la Kaiserliche Wagenburg, au musée impérial des carrosses de Vienne, l’exposition a pour objet la représentation et la simplicité.
À l’Hofmobiliendepot, au musée du meuble de Vienne, elle a pour thème les fêtes et la vie quotidienne.
Au Schloss Niederweiden, au château de chasse de Niederweiden, la thématique choisie est celle de la chasse et des loisirs.
À la salle d’apparat de l’Österreichische Nationalbibliothek, la Bibliothèque nationale d’Autriche, l’exposition présente une sélection de photos, graphiques et documents de la vie de l’empereur.
Et finalement, au Schloss Belvedere, au palais du Belvédère, on peut admirer des portraits de l’empereur ainsi que ceux de sa femme l’impératrice Elisabeth.

La fameuse Saliera qui avait été exécutée par le sculpteur Benvenuto Cellini pour le roi François Ier (Ph : wmc - Vassil)

Comme le Kunsthistorisches Museum KHM (le musée des Beaux-Arts de Vienne) fête son 125e anniversaire, il a installé devant ses portes du 2 juin au 30 septembre 2016 une réplique surdimensionnée de la Salière de Cellini, la fameuse Saliera qui avait été exécutée par le sculpteur Benvenuto Cellini pour le roi François Ier. Cette pièce d’orfèvrerie dont la valeur est estimée à plus de 50 millions d’euros avait été dérobée en 2003 dans des circonstances rocambolesques et retrouvée après trois années d’enquête.
L’empereur François Joseph en personne a inauguré le musée le 17 octobre 1891. À cette occasion festive, le KHM thématise différents aspects de chaque tradition relative aux fêtes, ayant vu le jour en Europe, de la fin du Moyen-Age et de la Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle à la cour, en ville et à la campagne dans l’exposition intitulée : Feste Feiern : célébrer les fêtes.

Le musée de l’Histoire militaire célèbre aussi son anniversaire. «  La place des guerres est dans un musée », telle est la devise du Heeresgeschichtliches Museum, le musée de l’Histoire militaire, qui fête lui aussi son 125e anniversaire et qui fut inauguré par l’empereur François Joseph le 25 mai 1891. Ce musée qui retrace l’histoire militaire de l’Autriche de la fin du XVIe siècle à 1945 est l’un des musées militaires les plus importants au monde.

Autre festivité à signaler : du 10 mars au 21 août 2016, le Wien Museum, le musée de Vienne présente au travers de l’exposition « Au Prater ! Les divertissements viennois depuis 1776 » l’histoire de ce parc d’attractions qui a été ouvert au public il y a 250 ans.

Pour ce qui est des arts de la scène contemporains, il faut bien sûr mentionner les Wiener Festwochen, le Festival de Vienne qui se déroule chaque année de mai à juin. Au cœur de ce festival sont présentées de nouvelles mises en scène de classiques appréciés ainsi que des premières de pièces contemporaines de metteurs en scène internationaux. Parmi les œuvres au programme de cette année, citons les plus remarquées :
Un mari idéal, furieuse satire de la société d’après la pièce de théâtre d’Oscar Wilde, mise en scène de Konstantin Bogomolov.
L’adaptation pour la scène du roman Tchevengour d’Andreï Platonov par le metteur en scène allemand Frank Castorf.
Les trois sœurs d’Anton Tchekhov, mise en scène de Timofey Kuljabin.
La mission – Souvenir d’une révolution, une pièce du dramaturge allemand Heiner Müller dont le thème est la première tentative d’abolition de l’esclavage aux Antilles après la Révolution française.
Mount Olympus, la performance-fleuve d’une durée de 24 heures du Flamand Jan Fabre.
Isoldes Abendbrot de Christoph Marthaler, interprétée par la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter
.
Pour ce qui est de l’actualité musicale, évoquons d’abord l’exposition « Stars of David » au Musée juif de Vienne. Les musiciens juifs ont marqué et marquent encore la musique des XXe et XXIe siècles que ce soient Irving Berlin qui a conçu l’hymne américain «  God bless America » ou « White Christmas », Barbra Streisand, Bob Dylan, Billy Joel, Neil Diamond, Amy Winehouse, Paul Simon, Leonard Cohen ou Lou Reed. L’exposition « Stars of David » thématise des genres différents, dresse le portrait de musiciens et remonte jusqu’à l’époque de la monarchie austro-hongroise, car c’est là que se trouvent les principales racines de l’histoire de la musique. Avec l’émigration de nombreux artistes juifs à l’époque nazie, l’innovation créative post 1945 s’est clairement déplacée dans l’hémisphère anglo-américain. En effet, la plupart des émigrants qui ont trouvé le succès à Hollywood ne sont plus revenus en Europe, mais ce n’est pas le cas de leur musique. Cette « internationalisation » constitue également le thème de cette exposition et est illustrée à l’aide de compositeurs remarquables comme George Gershwin, Leonard Bernstein et de différents genres comme la comédie musicale, le jazz avec Benny Goodman, Artie Shaw, Stan Getz, le rock et la pop. Les scènes israélienne, française et viennoise sont également mises en lumière : de Serge Gainsbourg à Arik et Timna Brauer en passant par le duo « Sabres ».

Parmi les autres manifestations, n’oublions pas d’évoquer le concert d’une nuit d’été de l’Orchestre Philharmonique de Vienne dans le parc du château de Schönbrunn. Le chef d’orchestre Semyon Bychkov et les pianistes Katia et Marielle Labèque ont enchanté le public avec des moments musicaux dédiés aux compositeurs français Georges Bizet, Hector Berlioz, Francis Poulenc et Maurice Ravel.

La capitale du Tyrol a également son festival. Chaque été la ville d’Innsbruck se met au diapason de la musique classique des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles lors des Festwochen der Alten Musik, le festival de musique ancienne. Toute la musique de la grande période des Habsbourg est jouée avec des instruments d’époque sur des partitions originales. L’ensemble de musique baroque français «  Les Talens lyriques » de Christophe Rousset y interprète « Musique pour le Roi Soleil ».

Le 18e Festival du film francophone s’est tenu à Vienne en avril 2016. Créé en 1999, ce festival non compétitif est organisé par l’ambassade de France en Autriche et est soutenu par Unifrance, l’organisme chargé de la promotion et de l’exportation du cinéma français dans le monde. Cette année, parmi les films présentés à l’écran, on peut mentionner « Chocolat » avec Omar Sy, « Ni le ciel ni la terre » drame fantastique qui se déroule en Afghanistan, « Une famille à louer », et « La rançon de la gloire ».

Autre information concernant le public francophone et francophile de Vienne : après la vente au Qatar du Palais Clam-Gallas, l’Institut français de Vienne IFV déménage et s’installe dans de nouveaux locaux achetés au numéro 38 de la Praterstrasse. L’ambassade du Qatar, nouvelle propriétaire du palais Clam-Gallas s’est engagée à restaurer le bâtiment en faisant appel à des experts locaux.

Pour ce qui est de la danse, Vienne accueille du 14 juillet au 14 août 2016 les plus grands chorégraphes du monde entier à l’occasion du Festival de danse contemporaine ImpulsTanz. Le festival entretient des liens de fidélité artistique avec des chorégraphes comme Mathilde Monnier, Maguy Marin, Anne Teresa De Keersmaeker, Wim Vandekeybus, Marie Chouinard et Jennifer Lacey. Toutefois sa démarche artistique particulière ne consiste pas seulement à présenter œuvres et artistes de référence, mais également à soutenir des artistes émergents.

En ce qui concerne les beaux-arts, il faut mentionner quelques expositions importantes. D’abord celle de l’un des peintres les plus énigmatiques du XXe siècle qu’a été le peintre français Balthus. L’exposition a été présentée au Bank Austria Kunstforum, le forum d’art d’une banque autrichienne.

Ensuite une exposition au 21er Haus, le musée dédié à l’art contemporain qui présente pour la première fois les travaux monumentaux de l’artiste Ai Weiwei qui compte parmi les artistes majeurs de la scène artistique indépendante chinoise. La pièce maîtresse de l’exposition est le temple ancestral d’une famille de négociants en thé datant de la dynastie Ming (1368-1644), dont le hall d’entrée a été reconstruit fidèlement à l’original.

Deux expositions de deux sculpteurs d’époques différentes sont présentées au Leopoldmuseum, le musée Leopold. Il s’agit des œuvres du sculpteur allemand Wilhelm Lehmbruck (1881-1919) et de celles de l’artiste belge Berlinde de Bruyckere (née en 1964)
Lehmbruck fait partie des représentants les plus remarquables de la sculpture européenne moderne vers 1900. Ses œuvres les plus importantes ont vu le jour lors de la Première Guerre mondiale et reflètent la sensibilité et la fragilité du caractère de Lehmbruck, ainsi que son attitude humanitaire. Ses corps sculptés dans la pierre sont chargés d’états émotionnels tels que le désespoir, l’affliction ou la mélancolie. La mort, la douleur et la souffrance sont également des thèmes centraux de Berlinde de Bruyckere. Avec ses sculptures impressionnantes qui mettent en scène le corps humain, elle compte parmi les femmes sculptrices contemporaines les plus célèbres.

Et à Vienne, les œuvres d’art ne se trouvent pas uniquement dans les musées et galeries. Ainsi, on peut admirer des objets d’Ernst Caramelle, Tony Cragg, Fritz Wotruba, Alfred Hrdlicka, Franz West, Rachel Whiteread ou Henry Moore dans de nombreux endroits tels que le métro, les places, les rues. L’art dans l’espace public a pour but d’animer et de mettre en valeur des espaces urbains avec des projets temporaires et permanents.
Des artistes Street-Art connus à échelon international décorent également la ville de juin à septembre avec leurs Murals. Parmi eux, l’Américain Shepard Fairey, l’Autrichien Peter Phobia, l’artiste belge ROA, l’Australien Ben Frost ainsi que l’Anglais D*Face. La devise du Festival Street Art de cette année s’intitule « Look Again ! Du Pop Art au Street Art » et vise à attirer l’attention sur le fait que de nombreux artistes Street Art ont été marqués par le Pop Art.


Sources
www.ambafrance-at.org
www.lemonde.fr
http://diepresse.com
http://derstandard.at
www.festwochen.at
www.belvedere.at
www.karikaturmuseum.at
www.schoenbrunn.at
www.hgm.at
www.jmv.at
www.khm.at
www.leopoldmuseum.org
www.parisleshalles.fr
www.rieger-orgelbau.com
www.google.at

Hélène Czyhir
WU - WIEN - Université de Sciences économiques et commerciales de Vienne Helene.Czyhir@wu.ac.at

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