La montée des eaux provoquée par le changement climatique ne date pas d’hier dans la ville de Saint-Louis. Cette avancée de l’Océan provoque des inondations tout en détruisant derrière elle, des villages, inquiétant plus d’un, notamment les habitants de Nuet Ndar, quartier des pêcheurs. Les autorités maîtrisent-elles la situation ?
Saint-Louis, cité reconnue pour son climat doux et ses bâtiments coloniaux, inscrite sur la liste du patrimoine de l’humanité est aujourd’hui menacée par l’avancée de l’océan. Une triste réalité laissant ses habitants sans voix. En effet, une étude menée en 2013 par des experts à la demande du ministère sénégalais de l’Environnement démontre que 80 % de cette ville sera en « risque fort » d’inondation d’ici 2080. Selon une autre étude de l’ONU-Habitat publiée en 2008, Saint-Louis serait « la ville africaine la plus exposée au risque de la montée du niveau de la mer ». La preuve est qu’en 2003, selon le guide touristique, Souleymane Gueye, habitant de Saint-Louis depuis 23 ans, une grande inondation a failli ravager toute la ville de Saint-Louis. « À Guet Ndar, près de 800 mètres de sable ont disparu. Les écoles, certains villages, les étals de poissons, n’ont pas résisté à la montée des eaux. Aujourd’hui, les courants d’eau ont élargi la brèche à quatre kilomètres de long et les villages comme Tasiner, Doumbabadieye se trouvant sur les iles sont menacés », explique Gueye. Comme action d’urgence, trois kilomètres de plage sont récupérés grâce à l’action de reboisement. En 2018, raconte ce même guide, une houle a atteint jusqu’à quatre mètres de haut et a provoqué une seconde inondation d’une bonne partie de la Langue de Barbarie, une étroite presqu’île coincée entre le fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique. Cette inondation a causé d’innombrables dégâts. « Depuis près de 20 ans, Saint-Louis est menacé par le changement climatique et l’effet des hommes, observe Souleymane. L’océan gagne jusqu’à cinq mètres par an, et se trouve désormais directement au pied des maisons de la Langue de Barbarie. Les dégâts sont déplorables : la plage, autrefois immense, a presque entièrement disparu. Les pécheurs sont obligés de déménager », relate Gueye.
- Illustration extraite de "Côte occidentale d’Afrique du Colonel Frey - 1890 -
- Document archivé au CRDS de Saint-Louis
Les engagements de l’État
L’avancée de l’Océan est devenue une réalité pour la cité Saint-Louisienne. Le directeur du tourisme, culture et patrimoine de la commune de Saint Louis, El Hadj Malick Diakhaté, a fait savoir que les autorités se sont engagées avec des partenaires à travers des forums afin d’y réfléchir. Aussi, un programme de construction de logements sociaux est lancé afin de permettre aux populations de trouver une zone de reclassement. À la demande des autorités sénégalaises, la Banque mondiale a réalisé une étude de la protection de la ville de Saint- Louis face au changement climatique. Des travaux de construction de digue de plus de 3 kilomètres sont entamés, destinés à protéger les quartiers les plus peuplés. À l’entendre, L’État reste toujours prêt à accompagner la population face aux conséquences désastreuses du changement climatique. Mais, malgré ces mesures de protection, les habitants restent toujours inquiets. De l’avis de la gestionnaire de la Maison d’hôtes, « Au fil du fleuve », Caroline-Marie Camara, les hommes doivent apprendre à s’adapter aux changements climatiques et non le contraire. « Il faudra faire admettre à l’homme que c’est la nature qui est plus forte. C’est pourquoi il doit apprendre à vivre avec le changement climatique », déclare-t-elle. Pour limiter cette avancée rapide de l’Océan, Mme Camara suggère aux habitants des iles de stopper l’enlèvement du sable, et planter plutôt des arbres.