POLITIQUE
Alors que les nationalistes flamands de la N-VA qui dominent la vie politique belge ne veulent pas entendre parler de minorité francophone sur leur territoire ni de discriminations linguistiques, l’Association pour la promotion de la francophonie en Flandre (APFF) a multiplié, en 2017, les contacts à l’international avec pour objectif de faire bouger les lignes.
Dans sa démarche, l’APFF s’est appuyée sur une série d’éléments favorables aux francophones de Flandre. D’une part, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe a appelé la Flandre à respecter la démocratie dans les communes à facilités de la périphérie de Bruxelles, tant au niveau de la nomination des bourgmestres qu’au niveau de l’emploi des langues lors des conseils communaux.
D’autre part, les experts chargés d’évaluer les lois antidiscrimination de 2007 ont pointé du doigt l’absence d’organe compétent pour traiter des discriminations linguistiques. « L’article 29 § 2 de la loi confie au Roi le soin de désigner l’organe qui sera compétent pour les discriminations fondées sur la langue. Or, à ce jour, cette désignation n’est toujours pas intervenue.
Partant, les victimes d’une discrimination fondée sur la langue ne peuvent, contrairement aux victimes de discrimination liée aux autres motifs mentionnés dans la législation, bénéficier de l’aide, d’informations et de conseils d’une institution publique spécialement créée à cette fin. »
- Présentation du rapport d’évaluation des lois antidiscrimination en Commission Justice et Santé de la Chambre
Après avoir rappelé qu’Unia (ex-Centre interfédéral pour l’égalité des chances) ne pouvait intervenir en cas de discrimination linguistique et qu’en cas de discrimination ayant trait à la fois à la langue et à un autre motif, il était fait abstraction de la dimension linguistique, les experts ont déclaré : « il convient de remédier à cette incohérence du dispositif de protection contre les discriminations, qui crée une inégalité entre les victimes ». Ils recommandent de « mettre à exécution l’article 29 § 2 de la loi antidiscrimination et de désigner un organisme de promotion de l’égalité de traitement compétent pour le motif de la langue ».
Autre motif de satisfaction, la Commission a recommandé également que les autorités « poursuivent leurs travaux afin d’aboutir sans délai à la création d’un Institut national des droits de l’homme en conformité avec les Principes de Paris ».
À cela s’ajoutent les recommandations acceptées par la Belgique lors de son deuxième Examen périodique universel (EPU) à l’ONU en 2016. Un nombre important d’entre elles concerne directement les revendications des francophones de Flandre.
- Edgar Fonck. Cérémonie officielle de la 70ème Fête du peuple jurassien à Delémont (Suisse)
Forte de ces éléments, l’APFF a participé à la 70e Fête du Peuple jurassien à Delémont (Suisse) ; au 1er Colloque international francophone d’Ukraine à Kiev ; aux 46es Assises de la presse francophone à Conakry et au 10e Forum des minorités de l’ONU à Genève, sans oublier la Journée portes ouvertes des Nations unies et la présentation de la nouvelle édition du Guide pratique de l’Examen périodique universel.
L’APFF a choisi de participer à ces événements afin de sensibiliser l’opinion publique internationale, les enseignants, les chercheurs, les médias et les diplomates quant à la situation de la minorité francophone en Flandre.
Lorsqu’il a été invité à prendre la parole lors de la cérémonie officielle de la 70e Fête du Peuple jurassien, le représentant de l’APFF a salué le fait que le 18 juin, suite à une votation, les habitants de la ville francophone de Moutier aient choisi de passer du Canton germanophone de Berne au Canton francophone du Jura. Pourquoi les habitants de la périphérie de Bruxelles ou des Fourons, en suivant l’exemple suisse, ne pourraient-ils pas quitter librement la Flandre, s’ils le souhaitent, et rejoindre la Région de Bruxelles ou la Province de Liège ?
Rappelons que la Suisse, lors du deuxième Examen périodique universel (EPU) de la Belgique, avait recommandé à la Belgique de ratifier la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Ce qui implique que les 310.000 francophones qui vivent en Flandre soient protégés et que soit mis fin au processus d’assimilation forcée, imposé par les autorités flamandes.
Dans son intervention au Forum des minorités de l’ONU, l’APFF en a appelé à toutes les autorités belges pour qu’elles pressent les responsables politiques flamands à accepter :
– de ratifier sans réserve la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, en suivant la résolution 1301 du Conseil de l’Europe ;
– de ratifier le protocole n° 12 à la Convention européenne des droits de l’homme, afin d’interdire toute forme de discrimination ;
– de désigner l’organe compétent chargé de lutter contre les discriminations linguistiques comme le recommandent les experts chargés d’évaluer les lois antidiscrimination de 2007 ;
– de mettre en place un Institut national des droits de l’homme (INDH) de type A, conforme aux Principes de Paris, comme la Belgique s’y est engagée lors de son Examen périodique universel (EPU) à l’ONU en 2016 ;
– d’associer étroitement la société civile au suivi de l’EPU de la Belgique, à la création de l’INDH, ainsi qu’au suivi de l’évaluation des lois antidiscrimination.
Cet appel a été soutenu par de nombreux journalistes présents aux 46es Assises de l’Union de la presse francophone originaires de 12 pays et de 4 continents (Afrique, Amérique, Asie et Europe).
Reste à espérer que les nationalistes flamands qui dictent leur loi au fédéral, seront recadrés à l’international.
ÉCONOMIE
- Geert Bourgeois - Flickr - Vlaams Parlement
Avec un budget en équilibre et 375 millions d’euros pour financer de nouvelles politiques : la « Flandre se porte bien » selon le ministre-président de la Région flamande, Geert Bourgeois.
La Déclaration de septembre (Septemberverklaring) est le temps fort de la rentrée politique en Flandre. Dans son discours, Geert Bourgeois n’avait que du positif à annoncer, au point que l’opposition a dénoncé un « show de bonnes nouvelles ».
Le ministre-président se référait aux perspectives de croissances positives, à la baisse du chômage et à l’augmentation des exportations. « Grâce à une bonne conjoncture internationale, mais aussi à la politique des gouvernements flamand et fédéral, et aux efforts des travailleurs et des employeurs, notre économie est en plein essor » a-t-il expliqué.
D’après les « Perspectives économiques régionales 2017-2022 », un groupe réunissant des experts en statistiques des trois Régions de Belgique, la croissance du PIB flamand s’élèverait à 1,7 % par an contre 1,3 % en Wallonie et 1,1 % à Bruxelles dans une première période puis ces différentiels devraient quelque peu se résorber.
En Flandre, la branche d’activité des « autres services marchands » (regroupant notamment les services aux entreprises) est celle qui devrait contribuer le plus à la croissance économique. Viendraient ensuite l’industrie manufacturière ainsi que le secteur du commerce et de l’Horeca.
Par ailleurs, un groupe d’économistes belges indépendants a également souligné que « la fragmentation économique entre Flandre et Wallonie reste trop importante (…). Il s’en suit une redistribution interrégionale qui reste forte, cause de problèmes politiques ». On parle ici des fameux transferts entre les Régions tant récriés par les nationalistes flamands et utilisés comme alibi pour défendre le confédéralisme en Belgique voire l’indépendance de la Flandre. Ces problèmes ont été « mis au frigo » pour la durée de cette législature. L’avenir nous dira ce qu’il adviendra après prochaines élections fédérales prévues en 2019.
Au niveau des indicateurs économiques, épinglons le niveau du chômage.
Eurostat constate que le taux de chômage a baissé dans la majorité des régions de l’Union européenne, mais il existe des disparités. En Belgique, la fracture Nord-Sud persiste. Globalement, le taux de chômage national est de 7,8 % pour 8,5 % un an plus tôt. La Flandre, quant à elle, affiche les meilleurs résultats du pays. Les provinces de Flandre occidentale (3,7 %) et orientale (4,2 %) font d’ailleurs partie des régions les moins affectées du continent européen. Par contre, à l’exception des provinces de Luxembourg (7,8 %) et du Brabant wallon (7,9 %), toutes les provinces wallonnes affichent un taux d’inemploi supérieur à la moyenne de l’Union européenne (8,6 %). La Région bruxelloise affaiblit le résultat moyen du pays avec un taux de 16,8 %.
Grâce à l’accélération de la croissance économique, le budget flamand devrait être structurellement à l’équilibre en 2018. C’est, sans doute, cette belle perspective qui a incité les députés des trois partis de la majorité à demander au gouvernement d’instaurer le « budget participatif ». Il s’agit d’un processus permettant à des citoyens d’affecter une partie du budget à des investissements dans des projets qu’ils veulent promouvoir. Les budgets participatifs existent déjà dans certaines communes. Dans ce projet, chaque ministre devrait décider quels budgets seraient ouverts à la participation des citoyens, mais le pouvoir décisionnel resterait dans les mains des députés flamands.
La Flandre prévoit même, en 2018, de dégager un excédent budgétaire d’environ 375 millions d’euros. Cette somme devrait servir à soutenir de nouvelles mesures à caractère social comme l’accueil de la petite enfance, les soins aux personnes handicapées ou l’aide psychologique des jeunes.
La Flandre affiche également d’excellents chiffres concernant les investissements étrangers. L’an dernier, des entreprises étrangères ont investi plus de deux milliards d’euros dans 215 projets. Grâce à ces investissements, plus de 5.000 emplois ont été créés. Des emplois dans tous les secteurs, mais surtout dans le domaine de la recherche et du développement. La Flandre est attractive en tant que pays d’investissement, car elle possède des instituts de recherche renommés internationalement. Le gouvernement flamand reste toutefois vigilant face aux conséquences du Brexit et aux mesures protectionnistes du président américain Donald Trump.
Des investisseurs étrangers s’implantent en Flandre, mais la Flandre, elle aussi, investit en dehors de ses frontières. Si en Belgique, les médias de part et d’autre de la frontière linguistique ne regardent plus trop ce qui passe dans l’autre communauté, les industriels, eux, sont à la recherche d’opportunités et notamment en Wallonie qui est le partenaire économique naturel de la Flandre. Les investisseurs flamands trouvent en Région wallonne, trois avantages : de l’espace pour développer leurs entreprises ; des procédures d’obtention de permis plus simples qu’en Flandre où la densité de population est bien plus élevée ; et la dynamique d’innovation lancée via les « pôles de compétitivité » (regroupant grandes entreprises, PME, universités, hautes écoles et centres de recherche pour mettre en œuvre des projets).
Pour ce qui est du flux des travailleurs entre les diverses Régions de Belgique, on constate que de plus en plus de Wallons travaillent en Flandre. Ce nombre a augmenté de 23 % en deux ans. Ces chiffres s’expliquent notamment par une pénurie sur le marché du travail flamand, car le taux de chômage y est en baisse, mais aussi par une meilleure collaboration entre les organismes flamand, wallon et bruxellois, chargés de la formation professionnelle et de l’emploi. Il s’avère en effet, que plus d’un Wallon sur dix (11,1 %) travaille à Bruxelles, pour 4,4 % en Flandre et 4,5 % à l’étranger. Les Wallons sont en outre, plus nombreux à travailler en Flandre qu’inversement. En Flandre, 87,6 % des travailleurs sont occupés dans leur région, 9,7 % à Bruxelles, 1,3 % en Wallonie et 1,4 % à l’étranger.
- Ph : Flickr - Fouquier
ENVIRONNEMENT
La Flandre dispose d’un excellent réseau d’infrastructures et d’équipements de qualité. Toutefois, elle est confrontée à un défi d’envergure : les limites du mode d’utilisation de son espace.
Actuellement, avec 6,5 millions d’habitants, le territoire flamand est recouvert pour un tiers de bâtiments, de surfaces revêtues (parkings, routes, etc.), ainsi que d’espaces verts. Cette zone grandit sans cesse. Chaque jour, l’urbanisation gagne six hectares d’espace supplémentaires. A cette allure, en 2050, 41,5 % de l’espace pourrait être occupé.
Cela entraine de nombreux inconvénients, notamment sur le plan de la mobilité. Étant donné que l’habitat est dispersé, les Flamands doivent se déplacer en voiture, ce qui provoque une importante saturation du réseau routier. Les automobilistes sont davantage et plus longtemps coincés dans les embouteillages que dans la plupart des autres régions urbanisées d’Europe. Sans compter l’augmentation croissante des émissions en CO2. Autre problème : le risque d’inondations. Comme pas moins de 14% du territoire flamand est revêtu, en cas de fortes précipitations, l’eau ne peut pas, à ces endroits, pénétrer dans le sol. Et puis, la Flandre ne dispose également pas d’assez de zones agricoles et naturelles de grande taille et ininterrompues pour conserver, à long terme, un secteur agricole concurrentiel. Toutefois, tout n’est pas négatif puisque certaines données attestent qu’un renforcement de la densité stimule l’économie.
Face à tous ces enjeux, le Gouvernement a adopté un Plan de politique d’aménagement de la Flandre. Son slogan : « faire plus avec moins d’espace ». Cette politique d’aménagement ambitionne, lors de chaque innovation, d’utiliser l’espace disponible de façon plus optimale qu’au préalable. Les possibilités de faire plus avec moins d’espace sont innombrables.
À partir de 2040, plus aucun espace ouvert ne sera affecté à la construction de nouvelles habitations, bureaux ou équipements. On envisage par exemple de construire des appartements au-dessus des supermarchés ou des gares ; d’utiliser les toitures des bâtiments industriels pour y faire de l’agriculture urbaine ou y aménager des terrains de sport ; ou encore d’employer, durant le week-end, des emplacements de parking en tant que plaines de jeux.
Tous ces objectifs sont consignés dans le Plan d’aménagement stratégique qui, à l’horizon de 2050, vise à faire de la Flandre « un haut lieu pour l’économie de la connaissance, la production innovante et l’économie circulaire ».
CULTURE
Après le centième anniversaire de la mort d’Emile Verhaeren en 2016, 2017 célèbrait les 150 ans de « La légende d’Ulenspiegel » de Charles De Coster.
Du 23 mars au 10 septembre, les Archives & Musée de la Littérature (AML) de Bruxelles et l’Uilenspiegelmuseum de Damme ont présenté l’exposition commune « La légende continue : Ulenspiegel 150 ans après de Coster ». L’exposition était organisée à Bruxelles et à Damme et bénéficiait de subventions dans le cadre de l’accord culturel de 2012 conclu entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Bien que nous saluions cette collaboration entre Flamands et francophones, nous regrettons que l’accord culturel en question ne prévoie aucune solution pour soutenir les associations culturelles francophones actives dans la Région flamande. En cela, nous partageons la position de Caroline Persoons (DéFI) qui avait interpellé Fadila Laanan, ministre francophone de la Culture de l’époque : « Je regrette que vous n’ayez pas profité de l’opportunité de cet accord historique pour aborder la situation des associations culturelles francophones en Flandre. (...) Je pense que cette question devait en faire partie d’autant que cet accord reconnaît le principe de territorialité et d’homogénéité. Il fait donc fi de cette réalité culturelle qui n’est soutenue ni par les autorités flamandes ni par les provinces ou les communes. (…) C’est aberrant. Un accord culturel entre les deux communautés doit pouvoir aborder ces questions. (…) Cet accord est donc une occasion manquée. »
Revenons-en à l’exposition consacrée à « La légende d’Ulenspiegel » et à la brillante introduction de Marc Quaghebeur, directeur des AML. « Les grandes œuvres correspondent souvent aux mouvements profonds de l’Histoire littéraire, mais ne connaissent pas pour autant, à l’heure de leur parution, la réception qu’elles méritent. C’est qu’elles innovent en créant le sens dans leur Forme. Par là même, elles déroutent ou perturbent public comme critiques. Tel fut le cas, en 1867, de la Légende d’Ulenspiegel de Charles De Coster, livre unique qui peut être considéré rétrospectivement comme le premier roman francophone de la langue française. (...)
Manuscrits, éditions originales, lettres et iconographie renvoient au souvenir de l’éternel Espiègle littéraire et permettent l’approche d’une œuvre toujours aussi révolutionnaire, celle qui singularisa la littérature francophone de Belgique et qui joua un rôle déterminant dans la formation de l’identité flamande. Une exposition et un livre bilingues, pour un des romans les plus passionnants qu’ait produits la Belgique. »
- Deuxième édition du Choix Goncourt de la Belgique
Autre activité culturelle francophone importante à laquelle a participé la Flandre : « Le Choix Goncourt de la Belgique » qui a été lancé en 2016 par l’ambassade de France en Belgique, le bureau Europe de l’Ouest de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et l’Alliance française de Bruxelles-Europe en collaboration avec Passa Porta, la maison internationale des littératures à Bruxelles.
La seconde édition du « Choix Goncourt de la Belgique » a rassemblé une centaine d’étudiants issus de dix universités belges, six francophones et quatre néerlandophones (Universiteit Antwerpen, Universiteit Gent, Vrije Universiteit Brussel, KU Leuven). Réunis au sein d’un comité de lecture dans chacune des universités participantes, ces derniers ont eu l’occasion de lire les quinze ouvrages de la sélection de romans du Prix Goncourt, en l’occurrence la liste 2017, d’en discuter, d’en débattre, avant d’élire collégialement leur lauréat à l’occasion d’un jury de délibération national.
Le résultat a été annoncé le 19 décembre dernier à la résidence de France à Bruxelles par l’écrivain franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt, membre de l’Académie Goncourt.
Alice Zeniter a remporté la majorité des voix avec son roman « L’art de perdre » (Flammarion) avec 6 voix. « Bakhita » de Véronique Olmi et « Un certain M. Piekielny » de François-Henri Désérable sont arrivés en deuxième place ex æquo avec 2 voix. Alice Zeniter s’était déjà vu attribuer le 30e prix Goncourt des Lycéens le 16 novembre à Paris.
Ce prix littéraire est soutenu officiellement par l’Académie Goncourt. Il est inscrit comme l’un des onze « Goncourt étranger » aux côtés notamment de l’Italie, de la Pologne, de la Roumanie ou de l’Orient. Dans ces pays, cependant, le choix se fait sur base de la traduction. En Belgique, les jeunes Flamands lisent la version originale en français. D’ailleurs, pour les jeunes Belges l’un des principaux critères de sélection d’un livre est qu’il soit à la portée de lecteurs dont le français n’est pas la langue maternelle.
Pour Eric-Emmanuel Schmitt, le choix du jury belge est pertinent puisqu’il s’est porté sur un livre traitant de la difficile construction de soi, de l’identité problématique. « Personne mieux qu’un Belge ne sait ce qu’est la difficulté de l’identité parce qu’être belge c’est se poser une question plus qu’apporter une réponse. Être belge c’est appartenir à quelle communauté ? C’est parler quelle langue ? C’est plus être en réflexion sur son identité qu’être en héritage fermé. »
L’Art de perdre d’Alice Zeniter est une vraie réflexion sur l’identité à travers la quête d’une jeune femme, Naïma, qui cherche à savoir et à comprendre ce qui est arrivé dans sa famille pendant la guerre d’Algérie. Et à Eric-Emmanuel Schmitt de conclure : « par ce choix, les jeunes démontrent qu’ils sont prêts à affronter des problèmes délicats et sensibles et c’est rassurant ».
Précisons qu’en 2017, l’Association pour la promotion de la francophonie en Flandre (APFF) a recensé quelque 500 activités culturelles en français publiées dans l’agenda de son magazine « Nouvelles de Flandre ». Un beau résultat, compte tenu de l’absence de subvention aux associations culturelles francophones actives dans la Région flamande.
INNOVATION
D’après le Tableau de bord européen de l’innovation (European Innovation Scoreboard), la Région flamande figure parmi les régions européennes les plus performantes en terme d’innovation.
La Région se classe au premier rang européen en matière de collaboration des PME innovantes avec d’autres entreprises. Les PME flamandes montrent une forte capacité d’innovation en interne (au niveau des produits et procédés). Pour stimuler ces innovations, le gouvernement a mis en place une mesure d’exonération d’impôt jusqu’à 85 % des bénéfices nets issus de l’innovation.
Le gouvernement flamand a, par ailleurs, investi 30 millions d’euros dans un superordinateur qui évalue l’impact du réchauffement climatique et trois millions supplémentaires pour des robots sous-marins.
La Flandre abrite aussi l’université la plus innovante d’Europe. D’après le classement de Thomson Reuters, l’université KU Leuven figure en première place de la liste des universités qui contribuent au progrès de la science, à la mise au point de technologies et à la vitalité de l’économie mondiale. Classement qui repose, entre autres, sur 10 paramètres comme la publication d’articles et le dépôt de brevets.
D’autre part, l’IMEC (Institut de micro-électronique et composants) a réalisé une percée dans la technologie des circuits intégrés avec le développement d’une micropuce capable d’auto-apprentissage qui non seulement interprète des données, y réagit, mais aussi améliore ses réactions en se fondant sur ses propres expériences. Ces puces pourraient être intégrées, par exemple, dans des capteurs utilisés dans les soins de santé numériques comme les capteurs de fréquences cardiaques.
Enfin, Anvers est en passe de devenir la première « smart city » de Flandre. Des capteurs vont être placés dans de nombreux objets comme les poubelles pour contrôler le niveau de remplissage et guider les collectes de déchets ou encore dans les canalisations pour analyser la qualité de l’eau et prévenir les inondations. Après une phase de test à Anvers, ce système pourrait ensuite s’étendre à toutes les villes de Flandre.
Dans ce même objectif, un programme interuniversitaire axé sur l’internet des objets a été lancé en septembre 2017. Ce cursus a été élaboré en partenariat avec des entreprises privées soucieuses de se préparer à la révolution de l’internet des objets ainsi qu’avec la collaboration de l’administration de la ville et du port d’Anvers. De surcroit, Anvers figure parmi les 5 villes européennes sélectionnées pour tester les voitures autonomes. Ces véhicules devraient rouler à terme sans conducteur, s’adapter au trafic et ainsi réduire embouteillages et accidents.