FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES
- Marc Quaghebeur
- Elio di Rupo (FaceBook Elio di Rupo)
POLITIQUE
Un tournant historique
Même si elles avaient enregistré, dans les trois régions du pays, des glissements de voix propres à l’usure du pouvoir, les élections de mai 2014 n’avaient cependant pas constitué un échec pour la coalition menée par le Premier ministre socialiste Elio Di Rupo, coalition rassemblant les trois grandes familles politiques traditionnelles (chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes). Les observateurs s’attendaient donc, après une série de négociations préliminaires, à un retour à la tripartite, voire à un retour du Premier ministre démissionnaire au 16, rue de la Loi. On s’attendait aussi à la constitution d’accords comparables au niveau du pouvoir fédéral et des entités fédérées.
Tel fut loin d’être le cas, au terme d’un été des dupes, dont les historiens éclaireront un jour le théâtre d’ombres. Un quart de siècle, voire un demi-siècle à certains égards, s’achevait. La gestion de la Belgique allait ainsi se rapprocher de celle de la plupart des autres pays de l’Union européenne pour lesquels l’austérité pure et dure semble constituer la seule voie de salut, et la présence au sein d’un gouvernement de droites très marquées n’apparaît plus comme anormale.
- Bart de Wever (Wikimedia Commons - Miel Peters)
Le cours des négociations gouvernementales fut d’ailleurs largement induit par le leader nationaliste et séparatiste flamand, Bart de Wever, Bourgmestre d’Anvers. Il avait tiré les conclusions des cinq cent quarante-trois jours de négociations de la législature précédente à l’issue desquelles son parti, la N-VA, avait été écarté.
Devenu premier parti de Flandre, la N-VA a cette fois relégué au deuxième rang le pilier chrétien, pivot d’un demi-siècle de vie politique belge. Au Nord et au Sud du pays, les points de vue divergeaient à l’égard de la participation gouvernementale de la N-VA. La majorité des néerlandophones ne voyaient pas pourquoi le parti ayant recueilli le plus de préférences en Flandre ne serait pas associé aux affaires. Cette majorité se retrouvait en outre dans un programme socio-économique de droite contre lequel s’était clairement exprimée en revanche la partie francophone du royaume.
C’est à Bart de Wever que le Souverain confia les négociations préliminaires, qui s’avérèrent très vite extrêmement problématiques avec les partis francophones. Tous avaient en effet fait campagne en affirmant qu’ils ne participeraient pas à un gouvernement auquel serait associée la N-VA - les libéraux (MR) manifestant toutefois un point de vue moins radical que leurs collègues socialistes, écologistes ou humanistes.
En Belgique, les négociations pour la formation du gouvernement fédéral et des gouvernements régionaux ou communautaires ne sont ni liées ni subordonnées constitutionnellement, leur dissymétrie entraînant toutefois des tensions au sein de la complexité belge.
La première surprise vint de la constitution rapide des gouvernements au sud et au centre du pays, ainsi qu’au niveau transversal de la Fédération Wallonie-Bruxelles, peu de temps après celui de la Communauté germanophone qui choisit de constituer un gouvernement sans les sociaux-chrétiens (CDH) malgré le beau score réalisé par ce parti. Son président, qui fut très clair sur son refus absolu de travailler avec la N-VA, craignit-il de se voir évincer des instances francophones ? Les socialistes, pour leur part, souhaitaient-ils conforter leur position dominante en évinçant les libéraux dont les objectifs socio-économiques sont plus différents des leurs que ceux des chrétiens-sociaux ? Voulaient-ils assurer leurs arrières avant une négociation fédérale décisive - l’objectif avoué de la N-VA étant de gouverner sans les socialistes, garants historiques d’une stabilité institutionnelle et d’un minimum d’acquis sociaux ? Espéraient-ils négocier ensuite pour le fédéral avec les partenaires libéraux ? L’Histoire seule le dira.
Le jeu de quilles qui s’ensuivit fut radical. Si le président du CDH, Benoît Lutgen, et les instances dirigeantes du PS emmenées par Paul Magnette et Elio di Rupo, toujours Premier ministre, constituaient une coalition à la Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles tandis qu’à Bruxelles, la coalition intégrait en sus le FDF d’Olivier Maingain, parti qui s’était trouvé, un temps, en cartel avec le MR, mais affichant une fibre plus sociale.
L’ire du MR fut complète : il se voyait exclu de toutes les entités entièrement ou largement francophones malgré une progression électorale réelle, mais relative par rapport à la prééminence du parti socialiste. L’effet fut tout aussi immédiat sur la partie flamande du pays au sein de laquelle les chrétiens-démocrates (CD & V), longtemps force majeure de la vie politique belge, s’estimèrent dupés. Et de constituer d’urgence, en Flandre, une coalition rassemblant nationalistes flamands et chrétiens-démocrates. Celle-ci devait s’élargir, quelques mois plus tard, aux libéraux néerlandophones (OPEN VLD) du fait de la composition du gouvernement fédéral.
En la personne de Geert Bourgeois, la Flandre se dotait d’un ministre Président N-VA particulièrement pointu sur les questions linguistiques. Le gouvernement wallon se voyait, lui, dirigé par Paul Magnette, Bourgmestre de Charleroi ; le gouvernement bruxellois par Rudy Vervoort- son prédécesseur, Charles Picqué devenant président du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale. Celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles passait sous la houlette de Rudy Demotte, jusqu’alors ministre-président de la Région Wallonne, et Bourgmestre de Tournai. Tous trois sont socialistes, ce qui définit bien les points de gravité différents des parties méridionale et septentrionale du pays.
- Rudy Demotte (FaceBook R Demotte)
La composition du gouvernement fédéral n’allait pas pour autant la refléter - ce qui, sans être inconstitutionnel, est pour le moins curieux, vu l’évolution du pays. Une bonne part des dirigeants et de l’électorat du MR considérait, il est vrai, que, pour mener une politique de réforme néolibérale, il convenait de se débarrasser du centre gauche francophone - particulièrement de sa composante majeure -le parti socialiste. Son homologue néerlandophone, l’Open VLD était partisan de mesures plus radicales encore que son pendant francophone -le CD & V étant plus mitigé du fait d’une aile gauche, sociale-chrétienne, toutefois dépourvue de ténor depuis le décès de Jean-Luc Dehaene.
Que l’électorat francophone du Royaume ait clairement manifesté des choix allant dans un sens politique opposé à celui qui prédomine en Flandre, n’amena pas, cette fois, aux types de compromis et d’équilibres politiques dont le pays est coutumier, mais à la formation d’un gouvernement rompant avec les traditions centristes des cinq dernières décennies, et totalement inédit au niveau national puisque foncièrement asymétrique entre composantes septentrionales et méridionales du pays.
- Charles Michel (Conseil européen)
Ce gouvernement a toutefois pour Premier ministre un Francophone, Charles Michel. Celui-ci avait été chargé par le Roi d’une mission d’informateur après l’échec de celle de Bart de Wever puis d’une mission de formateur confiée également à une éminence du CD & V, Kris Peeters, auparavant ministre-président de la Région flamande. En résulta un gouvernement de droite composé de trois partis néerlandophones (N-VA, CD & V, OPEN VLD) et d’un seul parti francophone (MR), lequel n’avait pas récolté le plus de suffrages dans la partie francophone du Royaume.
Ce gouvernement entend s’attaquer prioritairement aux objectifs socio-économiques. Il se dit décidé à mettre au frigo, durant cinq ans, les questions communautaires qui s’étaient largement trouvées au cœur des travaux du précédent gouvernement. Celui-ci avait accouché de la sixième réforme de l’État, que l’actuelle législature doit mettre concrètement en œuvre, avec toutes les questions liées aux transferts de compétences, de budget et de personnel.
Si le nouveau gouvernement dispose d’une majorité relativement confortable dans les deux Chambres, sa légitimité est loin d’aller de soi. Et d’autant moins que le tireur de ficelles de cette coalition inédite est pour une large part Bart de Wever. Celui-ci n’a hérité d’aucun maroquin ministériel, mais ne cesse de se comporter comme une sorte de chef occulte, voire de surveillant du gouvernement, distillant mille et une petites phrases ou rappels à l’ordre qui ne simplifient pas la tâche d’un Premier ministre qui garde cependant son calme.
Cette situation va de pair avec l’attribution à la N-VA de grands ministères régaliens tels l’Intérieur, la Défense ou les Finances, et de secrétariats d’État stratégiques comme l’immigration ou la gestion des établissements scientifiques fédéraux. La présence de trois partis flamands dans le gouvernement entraîne d’autre part l’attribution à ceux-ci d’autres ministères régaliens tels la Justice. Les Affaires étrangères, dont le poids n’est pas comparable dans la politique intérieure, ont été attribuées à un francophone, Didier Reynders (MR) qui l’occupait déjà dans le précédent gouvernement et marque ce poste d’un réel rayonnement. A la différence de ce qui s’était passé pour d’autres gouvernements, le MR a accepté d’inclure le poste de Premier ministre dans le quota francophone alors que le Premier ministre avait toujours été considéré jusqu’alors comme un « asexué linguistique ».
Une année agitée
Le tollé suscité chez les francophones par cette composition gouvernementale déséquilibrée linguistiquement, et donnant la part belle à un parti flamand qui avait toujours annoncé son intention de faire éclater la Belgique ou de la confédéraliser radicalement, prit des proportions d’une rare violence verbale à l’occasion des premières semaines de la rentrée des Chambres.
L’opposition, tous partis confondus, Laurette Onkelinx pour le PS ou Benoît Lutgen pour le CDH ayant notamment accablé le Premier ministre de traits dont on n’avait plus mémoire au Parlement. L’opposition ne manqua pas, d’autre part, de mettre en cause le passé « douteux » de certains ministres de la N-VA. Elle pourfendit l’opportunisme du MR bafouant ses promesses électorales pour occuper les allées du pouvoir.
Il fallut des mois avant que les discussions parlementaires ne reprennent un cours un peu plus calme, même si l’opposition ne fait grâce de rien à un gouvernement qui détricote notamment - certes à la belge, c’est-à-dire sans commune mesure avec ce qui se passe dans d’autres pays européens - une partie de l’édifice social du royaume.
Après de nombreuses déclarations plus qu’ambigües - elles avaient jadis amené l’écrivain Pierre Mertens à l’attaquer comme révisionniste -, le président de la N-VA a pris distance, au printemps, aussi bien à l’égard du comportement de son père que d’une partie du mouvement flamand durant l’occupation nazie et à l’égard de la Shoah. Si les ministres N-VA se sont engagés à ne point rallumer les brûlots communautaires durant la législature et se sont comportés la plupart du temps avec correction à l’égard des institutions du Royaume, monarchie incluse, il est difficile de déterminer aujourd’hui si évolution réelle il y a et si le pari de l’entrisme est en voie de réussir, ou s’il s’agit d’un masque.
ÉCONOMIE - SOCIÉTÉ
Les restrictions budgétaires permettent à coup sûr de fragiliser certaines institutions, la participation au gouvernement ouvre la voie à des nominations de membres de la N-VA à des postes-clés du fonctionnement de l’État, les structures fédérales du pays permettent de tenir un double discours ou d’avoir un double comportement. Les cérémonies de la fête nationale du 21 juillet ont ainsi été marquées par l’absence du président du Parlement flamand et du ministre-président de la Flandre, à la différence de toutes les autres autorités des entités fédérées. Les réductions budgétaires de plus de 15 % d’ici 2019 pour un établissement majeur tel que la Bibliothèque royale ou le refus de l’installation du Musée d’art moderne dans de nouveaux locaux, conformément aux accords passés avec la Région bruxelloise, la mise à l’écart du directeur socialiste francophone de la coupole chapeautant ces institutions, alimentent l’analyse de ceux qui considèrent que la présence de la N-VA dans les instances fédérales vise de fait à saper les bases de l’État en prévision d’une attaque frontale au seuil ou durant la prochaine législature.
- Theo Francken (FaceBook T Franken)
La politique de l’immigration menée par le Secrétaire d’État Théo Francken peut, quant à elle, être jugée dans un contexte plus large que celui de la Belgique puisqu’elle ne diffère pas foncièrement de celles menées par la plupart des autres États européens. Reste que le Secrétaire d’Etat NVA , qui doit agir entre l’idéologie de son parti, la pression des arrivées massives de migrants et les points de vue de la société civile différents du sien , navigue un peu à vue. Il simplifie ainsi certaines règles mais les durcit en même temps. Pas étonnant dès lors qu’il aille jusqu’à intenter un procès au député socialiste francophone Emir Kir qui s’était opposé, dans un avion à destination du Maroc, au traitement infligé à une jeune femme expulsée, estimant que la contestation doit se faire dans la seule enceinte parlementaire.
Ses décisions, qui ont suscité des protestations, n’ont toutefois pas constitué le cœur de l’agitation déclenchée par la politique du nouveau gouvernement- dont, comme c’est presque toujours le cas en Belgique, une série de mesures concrètes ont vu le jour fin juillet.
La modification des recettes fiscales destinées à alléger les charges pesant sur les employeurs- et donc à déterminer d’autres types de ressources pour l’État- fit notamment l’objet de solides bras de fer entre les diverses composantes du gouvernement. Le choix fut fait de rehausser la TVA sur l’électricité (de 6 à 21 %), les accises sur le diesel, l’alcool, mais aussi les sodas, de ne pas indexer des soins de santé ou d’accroître la dégressivité des indemnités de chômage pour les jeunes afin de compenser la baisse des cotisations patronales (de 33 à 25 %) décidée pour relancer l’emploi. Le gouvernement ne s’est pas attaqué en revanche aux grosses fortunes, aux voitures de société, aux revenus des loyers ou au livret d’épargne, véritable bas de laine de nombreux citoyens belges. Venue de France en juillet, mais ressurgissant régulièrement en Belgique, la grogne des éleveurs laitiers s’est invitée bruyamment, elle, à la Foire agricole de Libramont.
La période estivale ne devrait pas entraîner de contestations majeures des décisions liées au « tax-shift », à la différence de ce qui s’était passé, durant l’automne et l’hiver, suite aux décisions phares du gouvernement visant le relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans et la compression du système des préretraites, le contrôle domiciliaire des chômeurs et la non-indexation automatique des salaires, pilier du système belge, évidemment honnie par les autorités européennes. Des grèves régulières du rail, un front commun des syndicats (chrétien, libéral et socialiste), mais aussi des manifestations de grande ampleur contre les politiques d’austérité et de régression sociale émaillèrent cette première année de la législature Michel. Elles débouchèrent notamment sur une manifestation monstre de plus de cent mille personnes en décembre.
La grogne sociale eut d’ailleurs de quoi s’alimenter régulièrement dans maints secteurs de l’activité économique fidèle aux préceptes néo-libéraux. Ainsi, dans le secteur de la grande distribution alimentaire, le groupe Delhaize, une enseigne phare, annonça un plan de restructuration particulièrement drastique censé maximaliser les bénéfices (2500 suppressions d’emplois et la fermeture de 14 magasins). Ces décisions mobilisèrent pendant plusieurs mois les organisations syndicales qui obtinrent la réduction à 1800 du nombre de travailleurs concernés par les mesures. Peu de temps après, le groupe fusionnait avec le groupe néerlandais Ahold, dans une proportion de 60/40 % favorable au groupe hollandais. Delhaize est très bien implanté en Belgique, aux USA et en Europe de l’Est. Il a dégagé un bénéfice de 84 millions d’euros, en 2014, sur un chiffre d’affaires de 21,4 milliards d’euros. A l’annonce de la fusion, le titre Delhaize s’est envolé en bourse avec une progression de 8,41 %, tandis que celui d’Ahold progressait de 1,83 %.
Impossible toutefois, dans le nouveau contexte gouvernemental, de faire porter aux socialistes et aux Wallons tous les maux du pays, ainsi que la N-VA avait coutume de le faire. La fermeture de l’usine Ford à Genk, un des derniers fleurons de l’industrie automobile en Belgique, techniquement performante, mais ne dégageant pas de marges bénéficiaires suffisantes au vu de la logique dominante, amena même un consultant à émettre de vifs reproches à l’égard des politiques menées par les gouvernements flamands successifs.
L’actuel gouvernement dominé par la N-VA ne peut se targuer de résultats mirobolants, il a surtout tenu la une de l’actualité à travers les contradictions de plus en plus visibles qui déchirent les trois partenaires de la coalition. Ces tensions ne sont évidemment pas sans rejaillir sur un gouvernement fédéral largement marqué à droite, mais au sein duquel les chrétiens-démocrates flamands doivent non seulement se démarquer de la propension de la N-VA à faire accroire qu’elle induit les choix majeurs de l’équipe gouvernementale, mais aussi tenter de limiter les dégâts sociaux trop patents. L’impression prévaut toutefois, pour le moment, que ce parti ne parvient pas à rééquilibrer, comme il l’affirme, l’attelage gouvernemental. Et certains de se demander à nouveau pourquoi il a renoncé au poste de Premier ministre.
Des « couacs » n’ont cessé d’émailler la première année de la législature, avec des contestations particulières pour les politiques et déclarations de certains ministres francophones (MR) dont la ministre de la Mobilité, Jacqueline Galant, prise en défaut de connaissance des chiffes, ou de la ministre de l’Énergie, Marie-Christine Marghem. Le dossier est particulièrement sensible puisqu’il concerne le maintien ou non du nucléaire dans un pays dont les centrales sont anciennes - certaines ont dû être fermées et n’ont toujours pas repris leur activité. La ministre a été accusée par l’opposition de garder sous le boisseau des rapports accablants les concernant. D’aucuns demandent un audit.
Le recadrage des soins de santé par la populaire ministre Maggie de Block (OPEN VLD), elle-même médecin, se déroule, lui aussi, sans turbulence excessive, ce qui ne signifie pas approbation. Dans le champ universitaire, la question d’un numerus clausus en première candidature en médecine fit par exemple la une, la ministre fédérale de la santé publique entendant limiter drastiquement les inscrits dans cette filière. Le ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles chargé, entre autres, de l’enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt (PS), a tempéré la demande en proposant l’établissement d’un filtre. La constitution des pôles académiques voulue par le même ministre a continué, elle aussi, d’agiter les esprits et de créer des tensions, particulièrement dans la Région bruxelloise. Le 15 mars, La Libre estimait que le pôle bruxellois cumulait « un maximum de difficultés avouables et inavouables », les questions de mobilité, de coordination de l’offre de l’enseignement et la création des centres fédérés des recherches continuant à faire problème.
Le projet de réforme de la justice du ministre Koen Geens agite en revanche les milieux concernés confrontés à des arriérés judiciaires très importants, à un subventionnement largement déficient, et à des propositions de réformes qui inquiètent nombre d’acteurs du milieu du fait d’une tendance larvée à la privatisation de la Justice ou à des formes d’accélération des procédures qui pourraient atteindre aux droits du justiciable. L’absence de publicité des débats constituerait ainsi, pour d’aucuns, un risque majeur. Devoir économiser 124 millions d’euros en 2015 alors que les trois quarts du budget vont aux personnels, semble difficilement réalisable, d’autant plus que le personnel judiciaire paraît insuffisant.
- Christine d’Hondt, directrice du nouveau centre de détention de Leuze lors de l’inauguration (justice.belgium.be)
La situation des prisons belges est quant à elle tout sauf brillante, en dépit de l’inauguration à Leuze d’un nouveau centre de détention et du projet de construction largement contesté d’une maxi-prison à Haren censée pouvoir accueillir 1200 détenus.
Entre les objectifs néo-libéraux affirmés, généralement verrouillés par la N-VA, et la réalité, un fossé existe, que les déclarations contradictoires ne résolvent pas forcément, mais qui donne parfois l’impression d’une navigation à vue. On y retrouve également certaines atténuations à la belge par rapport à d’autres pays.
La majorité parlementaire ne semble pas toujours marcher non plus d’un seul pas. L’absence du quota requis au Parlement dans la majorité pour la première tentative de vote des nouvelles modalités fiscales en amusa plus d’un. Comme les erreurs de calcul du fédéral imputant aux entités fédérées 750 millions d’euros à économiser, un chiffre qui s’avéra erroné quelques mois plus tard et fut réduit à 150 millions. Le gouvernement fédéral se voit contraint en outre d’envisager de nouvelles compressions ou recettes, celles qu’il avait escomptées s’avérant moins importantes.
Au niveau des entités fédérées francophones, l’année écoulée fut notoirement agitée en matière d’enseignement, et point là où on l’attendait puisque la ministre Joëlle Milquet souhaitait promouvoir une éducation d’excellence afin de pallier les carences d’un enseignement francophone jugé moins performant que celui de la partie néerlandophone du pays.
La ministre dut faire face aux conséquences d’une décision de la Cour constitutionnelle estimant que l’enseignement de cours de religions ou de morale laïque constituait un choix trop restreint pour les élèves, lesquels devaient pouvoir recevoir, en cas de refus de l’un ou de l’autre, un enseignement spécifique de type « éducation à la citoyenneté ». De là en faire, comme d’aucuns le proclamèrent, un « cours de rien », il y a un pas qui indique le tsunami induit par la décision de la Cour selon laquelle le cours de morale est philosophiquement engagé. La paix scolaire de la fin des années 1950 est-elle pour autant menacée ? Ou le mouvement constitue-t-il, comme certains le prétendent, le cheval de Troie du monde laïque pour en arriver à la suppression des cours de religion et de morale ?
L’affaire va en tous les cas plus loin que la tension traditionnelle en Belgique entre chrétiens et laïcs puisqu’elle inclut évidemment aujourd’hui la question de la religion islamique, culte peu encadré jusqu’à présent par l’État, à la différence des autres. Des artistes et intellectuels de confession musulmane ont d’ailleurs plaidé pour une évolution réellement intégrée de ces sensibilités religieuses dans l’espace belge. Quant aux professeurs de religion des différentes confessions, ils considèrent que leur enseignement conduit leurs élèves à devenir des citoyens intégrés. 11 % des élèves devraient être concernés par le nouveau cours de citoyenneté.
La ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles eut d’autre part à faire face à de nombreuses fuites dans diverses matières (Histoire, Sciences, Langues modernes) par rapport à plusieurs épreuves communes à tous les établissements scolaires du réseau secondaire. Déjà contestées par ailleurs, ces épreuves ont dû être annulées. Une enquête a été ouverte ; on parle d’une quinzaine d’établissements ayant organisé les fuites.
Des créations et des récréations
Dans un autre ordre d’idées, on signalera pour la rentrée prochaine l’ouverture à Bruxelles de la première école confessionnelle islamique « La Vertu », à laquelle 90 élèves seraient inscrits - les responsables espérant accueillir un jour 660 élèves. On signalera aussi, mais sur un tout autre plan, la création de la pièce d’Ismaël Saidi, ancien policier bruxellois, intitulée Djihad, qui entend contribuer à une modification des mentalités à partir d’un texte consacré au départ pour la Syrie de trois jeunes Belges d’origine maghrébine, vivant dans le quartier bruxellois le plus peuplé par des populations de confession musulmane.
Le monde des affaires, lui aussi, a vu s’opérer des nouveautés porteuses d’avenir. Ainsi la fusion des banques d’affaires Degroof et Petercam, dont le poids devient considérable dans ce secteur. La Belgique s’est vue confier par ailleurs, à travers la firme DEME, l’approfondissement en Égypte du grand lac amer en vue de la réalisation du second canal de Suez décidé par le président Al Sissi. On a vu la firme des sacs de luxe Delvaux accroître son implantation dans le monde asiatique qui requiert de plus en plus l’attention des investisseurs. La récente visite d’État en Chine du Roi Philippe, accompagné des ministres-présidents de chacune des entités fédérées et d’une centaine d’entrepreneurs et de recteurs d’université, le confirme à loisir.
CULTURE
Si Elio di Rupo a dû abandonner les lambris de l’hôtel bruxellois du Premier ministre, il a eu la joie d’inaugurer à Mons, ville dont il est bourgmestre, les mille et une activités qui émaillent la qualification de la cité du « Doudou » comme métropole culturelle européenne. Au moins 100.000 personnes étaient présentes pour le lancement de cette année faste, dont l’exposition phare était consacrée à Van Gogh au Borinage. La sculpture d’Arne Quinze, installée aux abords de la Grand Place de la cité boraine a, en revanche, posé des problèmes techniques et a dû être refaite. Cette variété de manifestations draina, dans les années écoulées, une part importante des crédits culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
- L’oeuvre de Arne Quinze à Mons (Flickr - Next generation photo)
Deux grands types de commémorations ont scandé la vie de l’année 2014-2015. Celle du bicentenaire de la bataille de Waterloo, qui donna lieu à d’importants travaux de rénovation du site ainsi qu’à la reconstitution de la bataille avec plus de 5000 figurants. L’autre est celle du centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, avec d’émouvantes cérémonies sur le « front de l’Yser » derrière lequel l’armée belge tint face à la machine militaire allemande. La présence de la Chancelière allemande Angela Merkel fut saluée. Elle y tint des propos émouvants et justes. Pour la première fois, l’héritière du trône de Belgique, la Princesse Elisabeth, y prit également la parole.
Si l’activité théâtrale se déploie avec dynamisme dans le cadre de Mons 2015, elle demeure un des points sensibles de la politique culturelle francophone du fait du nombre de théâtres reconnus et d’une manne budgétaire soumise aux restrictions. La ministre Milquet, en charge de la culture comme de l’enseignement, s’est donc attelée à un début de réorganisation du secteur théâtral. Si les nouveaux contrats-programmes ne sont pas encore décidés, l’avenant concernant l’année en cours se signale par une série de décisions de hausse de budgets pour quelques-uns et de réduction pour d’autres, ce qui laisse augurer une refonte prochaine du paysage théâtral.
Le très historique lieu d’accueil qu’est le Théâtre 140, dont le directeur Jo Dekmine venait de lâcher le gouvernail, ou la Comédie Claude Volter, ont ainsi vu réduire leurs subventions. Mais également le tout aussi historique théâtre de marionnettes bruxelloises Toone, jugé plus touristique que culturel, ou la revue de référence Alternatives théâtrales.
En revanche, les Théâtres de Liège ou de Namur, ceux du Parc ou des Galeries voient s’accroître leurs ressources - le National ou Le Public maintenant les leurs. « Haro sur les vieux directeurs », titrait Le Soir du 28 juillet. Les critiques parfois acerbes ne manquent pas à l’égard de décisions découlant en partie d’un conseil d’avis, composé, estiment d’aucuns, de membres de la profession dont les institutions ne connaissent pas de recul budgétaire.
Du côté musical, le Concours reine Elisabeth, consacré cette année au violon, a couronné la Coréenne Lim JI Young qui avait interprété, au cours de la soirée finale, un concerto de Brahms, les deuxième et troisième prix étant attribués respectivement à l’Ukrainien Oleksii Semenenko et à l’Américain William Hagen.
La recherche médicale belge peut, pour sa part, se prévaloir de la création d’un vaccin antipaludique par GlaxoSmithKline (GSK), qui pourrait constituer un grand apport dans la lutte contre la malaria. Il est commercialisé par une société britannique implantée en Belgique.
Notons enfin l’agrandissement, au sein de Bruxelles-Ville, de la zone piétonnière, qui s’étend désormais jusqu’à la mythique place De Brouckère, chantée par Jacques Brel, et à la Bourse. Le projet est à l’essai pour huit mois, mais la Ville annonce déjà différentes phases ultérieures - les travaux devant s’achever en 2018 ; le bâtiment de la Bourse serait alors transformé en Palais de la bière belge.
- ... pas peur des clichés ! (Flickr - )
LA FRANCOPHONIE EN FLANDRE
- Edgar Fonck et Anne-Françoise Counet
La détermination des francophones de Flandre
commence à porter ses fruits !
POLITIQUE
Pas facile de faire entendre sa voix de francophone dans une Région flamande dominée par un parti nationaliste, la N-VA, qualifiée de « belgophobe, europhobe, francophobe, bruxellophobe… raciste ! » par le député Francis Delperée (cdH). Une Flandre qui a pour ministre-président un indépendantiste notoire Geert Bourgeois (N-VA) qui milite pour que la Belgique quitte l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Dés la rentrée d’octobre 2014, les francophones de Flandre se sont mobilisés pour préparer le deuxième Examen Périodique Universel (EPU) de la Belgique. L’EPU est un mécanisme du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ayant pour but d’améliorer la situation des droits de l’homme dans chacun des 193 États membres des Nations Unies. Par ce mécanisme, la situation des droits de l’homme de tous les pays membres de l’ONU est examinée tous les quatre ans et demi.
Fin novembre 2014, l’Association de Promotion des Droits Humains et des Minorités (ADHUM) et l’Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF) sont intervenues au Forum des minorités de l’ONU à Genève. L’APFF a rappelé que dans les années nonante, des manifestations violentes ont eu lieu en Flandre, à Gand plus précisément, lors des conférences, en français, d’Exploration du Monde. Le but des extrémistes flamingants du TAK (Taal Aktie Komitee) et du VVB (Vlaamse Volksbeweging) était de « mettre le couteau sous la gorge d’Exploration du Monde et d’exiger son retrait de toute la Flandre ». Lors des manifestations, aux cris de « Franse ratten, rol uw matten ! » (Rats francophones, foutez-le camp !), plusieurs personnes ont été jetées à terre et blessées par des éclats de verre. Exploration du Monde n’a eu d’autre solution que de se retirer de Flandre.
Ces événements ont sérieusement ébranlé les 310.000 francophones qui vivent en Flandre et ont eu pour conséquence un sérieux coup de frein aux activités culturelles en français. Force est de constater que 20 ans plus tard, rien n’a changé. La Belgique n’a toujours pas ratifié la Convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la protection des minorités nationales. La réalité c’est que la Flandre ne veut pas entendre parler de minorité francophone sur son territoire.
L’ADHUM, quant à elle, a précisé que le dogme qui prévaut officiellement et politiquement en Flandre, contre l’évidence de l’Histoire et la rationalité, c’est qu’il n’y a pas et il ne peut y avoir de minorité francophone (ces gens doivent tous se laisser assimiler !) ; donc, il n’est pas question pour les Flamands de reconnaitre l’existence d’une minorité francophone ayant droit au respect de sa langue et de sa culture, ayant droit de les pratiquer officiellement, au grand jour, éventuellement avec des subsides publics…
- Les associations des Francophones de Flandre en ordre serré ! (Ph : coll Edgar Fonck)
Pour mettre fin au processus d’assimilation forcée de la minorité francophone en Flandre, l’APFF a appelé la Belgique à ouvrir un large débat sur la question des minorités à l’occasion du rapport national qu’elle doit remettre à l’ONU, dans le cadre de son deuxième Examen périodique universel, début 2016.
Mais, suite à une question orale posée par Caroline Persoons (FDF) au ministre-président francophone, Rudy Demotte (PS), les francophones de Flandre ont appris que le rapport national de la Belgique se limitera aux seules recommandations acceptées en 2011. En d’autres termes, comme ce fût déjà le cas lors du premier EPU de la Belgique, le thème des minorités ne devrait pas être abordé dans le nouveau rapport que la Belgique doit remettre aux Nations Unies.
Toutefois, et malgré le fait que le rôle de la société civile ait été limité à une simple consultation du rapport après sa rédaction en interne, il est incontestable que la consultation de la société civile organisée par les Affaires étrangères peut être qualifiée de réunion positive, sous réserve qu’il soit bel et bien tenu compte, dans le document final, des observations et des remarques formulées par les participants. Telle est la conclusion des associations francophones de Flandre, de la Périphérie et des Fourons à l’issue de la réunion du 12 juin dernier.
Positif, tout d’abord, le fait que les francophones de Flandre aient pu faire entendre leur voix. Positif, sans conteste, le fait que la question de la ratification de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, signée en 2001 ait été abordée à plusieurs reprises, notamment au cours du plaidoyer remarqué d’Éric Libert (ADHUM), dénonçant les réserves émises par la Belgique lors de la signature de la Convention-cadre, et en demandant que celles-ci soient levées. Ou encore lorsque le nouveau président de l’ADHUM a appelé la Belgique à ratifier le Protocole n°12 à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui interdit toute discrimination, et ce compris les discriminations linguistiques.
Positif, toujours, le temps de parole accordé à Michel Dandoy (Association culturelle de Dilbeek) et sa demande ferme qu’après plusieurs années de discussions « le processus de création et de concrétisation d’une Institution Nationale de défense des Droits de l’Homme (INDH) en conformité avec les Principes de Paris soit accéléré pour qu’il aboutisse dans les meilleurs délais ».
Positif, enfin, le fait que l’APFF ait pu dénoncer, devant les représentants des autorités concernées leur décision unilatérale de ne traiter que des recommandations acceptées par la Belgique en 2011, faisant fi de la recommandation de ratifier la Convention-cadre. Au directeur de l’APFF de rappeler que les droits des minorités figuraient en tête des préoccupations de l’ONU en matière de droits de l’homme. Que dans la plupart des pays démocratiques, la société civile intervenait directement dans le choix des thèmes abordés dans les rapports nationaux.
Est-ce la détermination des associations francophones de Flandre, appuyées sur certains points par d’autres qui sont à l’origine de la proposition de la représentante du ministre des Affaires étrangères ? Ou bien les gros titres dans la presse « Les francophones de Flandre interpellent le fédéral » (Le Soir), « On en a marre d’être embêtés. Les francophones de Flandre exigent la ratification de la Convention-cadre sur les minorités », (De Morgen – traduction du titre original en néerlandais, NDLR) ? Toujours est-il que la représentante du ministre des Affaires étrangères a proposé, à l’issue de la réunion, que la Belgique, comme la Suisse, publie à la fin de son rapport national une synthèse de la consultation de la société civile, pour peu que les autorités, tant au niveau fédéral que fédéré, marquent leur accord.
Sans présager du résultat et sous réserve d’avoir lu la version finale du rapport national, il est une évidence : à côté des autres associations de la société civile, les associations francophones de Flandre ont, sur les points qui les concernent particulièrement, marqué la réunion du 12 juin de leur empreinte.
Parallèlement au rapport national, la Coalition des associations francophones de Flandre (CAFF) a fait parvenir sa propre contribution aux Nations Unies. Ce rapport est « le fruit du travail de 6 associations représentatives de l’ensemble des francophones de Flandre, en ce compris la périphérie de Bruxelles et l’entité des Fourons » peut-on lire dans l’introduction du document dont nous vous livrons ici quelques extraits :
« Il y a plus de 300.000 citoyens, de langue maternelle française, qui vivent en Flandre. Cette minorité francophone en Flandre (5 % de la population) n’est toujours pas reconnue comme telle ni protégée par la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales.
L’État belge n’a pas encore ratifié la Convention-cadre, près de 15 ans, après l’avoir signée. D’ailleurs, le Gouvernement flamand a déclaré plusieurs fois et récemment encore dans son accord de gouvernement qu’il refuserait cette ratification. (...)
En l’absence de droits reconnus, notamment de disposer de subventions pour leurs activités culturelles et sportives, et que soit mis définitivement fin aux tracasseries administratives imposées par la Région Flamande tant dans les communes à statut linguistique spécial (les communes à facilités) que dans les communes dites “sans facilités”, les francophones de Flandre se sentent menacés d’assimilation forcée. »
ÉCONOMIE
D’après les prévisions du bureau du plan, l’économie accélérera plus vite en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles. La croissance du PIB atteindra 1,6 % sur base annuelle en Flandre, contre 1,4 % en Wallonie et 1,3 % à Bruxelles.
Le taux d’emploi devrait également augmenter plus rapidement en Flandre. Les branches « santé et action sociale » et « autres services marchands » sont celles qui devraient générer le plus d’emplois nouveaux. L’emploi industriel devrait lui lentement s’effriter, notamment en raison d’importants gains de productivité. L’offre de travail flamande, pour sa part, progresserait de 0,5 % par an en moyenne, freinée par les évolutions démographiques (notamment liées au vieillissement de la population), mais soutenue par l’impact des mesures récemment adoptées en matière de fin de carrière.
D’après les derniers chiffres annoncés par le ministre fédéral des Finances, le budget flamand devrait arriver à l’équilibre à la fin de l’année. « Les budgets ne sont évidemment que des estimations et nous ne sommes encore qu’à mi-parcours cette année, mais avec cette bonne nouvelle, il y a une chance que nous nous rapprochions tout de même de l’équilibre à la fin 2015 », souligne le ministre-président flamand.
Par ailleurs, le bureau d’informations commerciales Graydon indique que le nombre de faillites en Flandre serait en baisse de 16 % par rapport à 2014. Ces chiffres sont les plus bas depuis 2008. Le secteur de la construction est celui qui est le plus touché suivi par le secteur Horeca, la vente au détail et les services aux entreprises.
Un des épineux problèmes en Belgique est la question des transferts financiers entre les Régions. Si on analyse finement la situation, on se rend compte que les transferts ne sont pas strictement Nord-Sud (Flandre-Wallonie). Selon Christophe Ernaelsteen, chercheur de l’Université de Namur, c’est principalement le Limbourg et la province de Liège et les arrondissements qui suivent la frontière française entre la côte belge et le Hainaut qui bénéficient surtout de ces transferts. Or, la situation politique implique une autre vision. Ce qu’on retient finalement c’est qu’il sort annuellement de Flandre environ 7 milliards d’euros au bénéfice de la Wallonie. Rappelons, quand même, que les transferts en Belgique se situent dans la moyenne inférieure européenne.
Au niveau du classement des richesses, le site internet derijkstebelgen.be (les Belges les plus riches) révèle que trois quarts des 500 Belges les plus riches vivent en Flandre, le reste étant équitablement réparti entre Bruxelles et la Wallonie. Le calcul des patrimoines a été établi sur la base des cours de Bourse et d’informations publiques, comme des bilans d’entreprises. Selon l’auteur de cette étude, une quinzaine d’ultra-riches dominent le classement, mais un fossé assez important les sépare des autres Belges les plus fortunés.
Les différentes Régions de Belgique ne devraient pas proposer d’avantages fiscaux les unes par rapport aux autres. Or, on constate que dans divers domaines fiscaux (droits d’enregistrement immobiliers, de la taxation automobile, des centimes additionnels communaux ou des droits de donation immobilière), de meilleures conditions sont offertes en Flandre. Par exemple, en ce qui concerne la taxe de mise en circulation d’une voiture 4x4 BMW X5, d’un prix d’environ 80.000 euros. En Wallonie et à Bruxelles, la taxe de mise en circulation est de 4.957 euros, alors qu’en Flandre, elle n’est que de 468 euros. Cela est dû au fait que la Flandre calcule la taxe par rapport aux émissions de CO2 alors qu’en Wallonie et Bruxelles, ce montant est calculé d’après la puissance de la voiture.
- Gent, une année napoléonienne ! (Flickr - Mislav Marhonic)
CULTURE
Si le bicentenaire de la Bataille de Waterloo a été célébré avec faste, les Cent-Jours, au cours desquels Gand a été capitale du Royaume de France, n’ont pas connu la même attention. Le 1er mars 1815, décidément trop à l’étroit dans son petit royaume de l’Ile d’Elbe que lui ont concédé les Alliés après sa chute l’année précédente, Napoléon débarque à Golfe Juan. Commence alors, selon la propre expression de l’Empereur, le vol de l’Aigle qui va, de clocher en clocher, le conduire jusqu’aux tours de Notre Dame à Paris, le 20 mars, où il retrouve son bureau du Palais des Tuileries. La veille, le 19 mars, le Roi Louis XVIII, abandonné progressivement par tous ceux qui lui avaient juré fidélité, prend à nouveau le chemin de l’exil, évitant ainsi à la France une guerre civile inutile et fratricide.
Il trouve refuge à Gand, ville francophile, alors incluse dans le Royaume des Pays-Bas, où l’hospitalité lui est accordée par le Comte Jean-Baptiste d’Hane-Steenhuyse qui l’installe dans son hôtel particulier éponyme. C’est là que le Roi va organiser et diriger le gouvernement royal en exil, faisant ainsi de Gand, la capitale du Royaume de France. Les Cent-Jours s’achèvent avec la seconde abdication de Napoléon consécutive à la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815.
Pour commémorer le bicentenaire de ces évènements, l’Institut d’histoire des monarchies de Nantes a organisé, le 9 mai 2015 à Gand, un colloque d’historiens intitulé « Gand, capitale du Royaume de France mars-juillet 1815 ». A l’occasion du colloque, la municipalité gantoise a fait le « service minimum » en déléguant une représentante du service du Patrimoine. Quant à l’hôtel d’Hane-Steenhuyse, il a été repris par la ville, en 1981. Certains des participants au colloque, dont Luc Beyer de Ryke, plaident toujours pour qu’on en fasse un musée des Cent-Jours, mais les autorités locales ne semblent pas très intéressées.
Le 28 avril 2015, l’ambassadeur de France en Belgique, Bernard Valero, a remis les insignes de Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques à deux personnalités anversoises particulièrement dynamiques au service de la coopération culturelle, éducative et linguistique entre la France et la ville d’Anvers. Ont été distingués : Clarit Alofs, proviseure du Lycée français international d’Anvers, ainsi que l’avocat Guy van Doosselaere, président de l’Association des Amitiés françaises d’Anvers.
Autre initiative française : dès la rentrée prochaine, le projet Rubens proposera, à des groupes scolaires, un parcours de visites culturelles et d’ateliers artistiques. Ce projet pédagogique novateur est le fruit d’un partenariat entre les deux lycées français de Belgique, le Lycée Jean Monnet de Bruxelles et le Lycée Français International à Anvers, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger et le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France en Belgique.
Le Projet Rubens repose sur la conviction que les États européens se sont construits sur la diversité et l’échange et que l’identité culturelle européenne est faite d’influences réciproques. Le projet propose la découverte de la ville d’Anvers et de ses richesses culturelles d’hier, mais aussi Anvers aujourd’hui, ses artistes et ses créateurs, son dynamisme économique.
INNOVATION
En ce qui concerne les domaines de l’innovation et de la compétitivité, le gouvernement flamand revoit ses ambitions à la baisse. Le plan d’action « Vlaanderen in Actie » visant à hisser la Flandre dans le top 5 des régions les plus performantes en Europe en 2020, est reporté à l’horizon 2040-2050.
La Commission européenne a, quant à elle, adopté le programme opérationnel 2014-2020 pour la Flandre, qui représente environ 430 millions d’euros, dont 174 millions du Fonds européen de Développement régional. 50 % des fonds seront utilisés pour renforcer la capacité de recherche et d’innovation des provinces flamandes. Une attention spéciale sera donnée au développement de « laboratoires vivants » (« living labs »), au recours à l’innovation dans les petites et moyennes entreprises (PME) et la diffusion de nouvelles applications innovantes. L’autre moitié sera essentiellement dédiée à l’accroissement de la compétitivité dans les PME et aux activités à faible émission de carbone. Le programme vise à réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre dans les logements et les transports.