- Le président d’alors... Blaise Compaoré (CTBTO)
POLITIQUE
La vie politique au Burkina Faso en 2014 a été très animée. La fin en novembre 2015 du second mandat du président Blaise Compaoré s’approchant, la question du changement ou de la continuité a été plus que jamais au cœur des débats et des luttes politiques, accentuant le fossé entre partisans de l’opposition et de ceux du pouvoir. Surtout avec la naissance et l’entrée en jeu de nouveaux acteurs politiques et non des moindres. Dès le 5 janvier, ce sont des anciens barons du parti au pouvoir, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) qui démissionnaient. Ils annoncèrent dans la foulée la création d’une formation politique pour barrer la route à toute initiative visant la modification de la constitution, notamment en son article 37 qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) est alors porté sur les baptismaux et ses responsables revendiquèrent aussitôt la place de la première force politique du pays, au regard notamment des ralliements officiels ou officieux. Leur leitmotiv est « pas de sénat, pas de referendum, pas de modification de l’article de la Constitution, pas de pouvoir à vie pour le président Compaoré ». Le coup est dur pour le pouvoir qui ne s’avoue pas pour autant vaincu. Passé le temps du choc, il va d’abord résister en réussissant à maintenir sa majorité parlementaire à l’Assemblée nationale, n’enregistrant qu’un seul démissionnaire, en la personne du Larlé Naba Tigré, désormais membre actif du MPP. Ensuite le pouvoir va passer à l’offensive pour tenter de reprendre la main ou de rétablir l’équilibre des forces en œuvrant à la création du Front Républicain qui regroupe une quarantaine de partis, dont le parti présidentiel, le CDP. Contrairement au MPP ou le chef de file de l’opposition, l’autre force politique de l’opposition, le Front Républicain ne fait pas de l’alternance politique sa priorité. Ses préoccupations ont trait à la préservation de la paix, des acquis démocratiques de la IVe République. Mais, l’opposition et le pouvoir burkinabè ne se contentent pas de rivaliser en création de structures. Les deux camps se sont souvent mesurés sur le terrain de la mobilisation de leurs partisans en remplissant, comme on dit ici « recto verso et avec intercalaire », les stades, aussi bien à Ouagadougou, la capitale politique, qu’à Bobo Dioulasso la capitale économique. Malgré ces démonstrations, l’horizon politique burkinabè est encore loin d’être dégagé. Ce qui laisse planer de facto des incertitudes sur l’avenir du pays qui se retrouve ainsi à la croisée des aventures des acteurs politiques, chacun espérant pouvoir rafler la mise à l’autre. On a assisté à des démissions en cascades au sein du MPP au profit pour la plupart du CDP qui récupère ainsi des éléments perdus avec l’avènement du Mouvement du Peuple pour le Progrès. Des démissions que d’aucuns n’hésitent pas à attribuer au pouvoir qui serait à la manœuvre pour déstabiliser le MPP. Toute chose qui a contribué à raviver un peu les tensions entre partis politiques.
À ces tensions il convient aussi d’ajouter les méfiances et soupçons de trahison des uns envers les autres. En effet, l’on a assisté ce mois de septembre à une série de visites parfois contre nature entre partis politiques. À titre d’exemple, le MPP, parti d’obédience socio-démocrate, a visité le 4 septembre 2014 le siège de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), parti libéral. Le lendemain, 5 septembre, c’est le CDP, parti socio-démocrate au pouvoir qui était à son tour reçu à l’UPC. Aussitôt, l’Union pour la Renaissance/Parti Sankariste (UNIR/PS) dénonce et appelle à la vigilance. Quelques jours plus tard, il est fait cas d’une initiative du groupe parlementaire CDP destinée à amener le président du Faso à convoquer un referendum pour que le peuple tranche enfin la question de l’article 37 de la constitution. Une perspective à laquelle l’opposition et une partie de la société civile restent farouchement opposées depuis l’année dernière. D’où les nombreuses réactions condamnant l’initiative qui risquerait de mettre le feu aux poudres. Alors que l’on croyait assister à un dégel avec la visite du parti au pouvoir au parti de l’opposition ayant le plus grand nombre de députés à l’hémicycle, en l’occurrence l’UPC, le climat politique est devenu délétère en l’espace de quelques jours, faisant ainsi craindre le pire au pays. La situation est telle que le président Blaise Compaoré, qui ne s’était pas encore prononcé sur sa candidature à l’élection présidentielle de 2015, a senti la nécessité d’annuler sa participation à la 69e Assemblée générale des Nations-Unies pour rencontrer le 23 septembre 2014 la majorité et l’opposition pour tenter de calmer la situation.
- Jeune mineur en quête d’or (Flickr - CIFOR)
ÉCONOMIE
Même avec la légère reprise, pendant ce premier semestre, du cours de l’or, premier produit pourvoyeur de devises du pays, l’économie burkinabè pourrait, selon les prévisions, mieux se comporter en 2014 par rapport à l’année 2013. Ainsi, la croissance économique du PIB réel devrait en principe atteindre les 7 %, contre un taux de 6,9 % de croissance économique du PIB réel en 2013. Cependant, ce taux de 7 % est loin d’être un acquis au regard des performances actuelles de la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD), le principal référentiel en matière d’investissement du pays pour la période 2011-2015. En au premier semestre 2014, sur 859 mesures et actions programmées dans le cadre des axes stratégiques de la SCADD, pour un montant de 553,396 milliards de francs CFA, il ressort les données suivantes :
– 86 mesures et actions programmées entièrement réalisées pour un montant engagé visé de 72,312 milliards de francs CFA, soit un taux d’exécution financière de 13,18 % ;
– 632 en cours de réalisations pour un montant engagé visé de 121,038 milliards de francs CFA, soit un taux d’exécution financière de 21,87 % ;
– 141 mesures et actions non encore mises en œuvre.
Si rien n’est fait pour redresser la situation, la situation pourrait s’aggraver en 2015 où l’on tablait sur une croissance économique du PIB réel inférieure à 7 %, c’est-à-dire 6,3 %.
SOCIÉTÉ
Le front social burkinabè n’a pas été beaucoup animé en 2014, comparé à 2013. Bien sûr, un certain nombre de syndicats autonomes notamment de la finance ; des inspecteurs et contrôleurs de travail ; des greffiers ou de journalistes ont mené des actions pour poser un certain nombre de doléances. Mais, globalement, les centrales syndicales n’ont pas vraiment occupé le terrain. La raison : elles attendaient les réponses du gouvernement à leurs préoccupations dans le cadre du dialogue entamé depuis 18 novembre 2013. Ces préoccupations concernent notamment les conditions de vie et de travail au Burkina Faso. Et sont regroupées sous cinq rubriques : pouvoir d’achat, éducation et santé, liberté syndicale, lutte contre la corruption, protection du travailleur du secteur informel et du monde agricole. Après dix d’attentes, les syndicats ne sont satisfaits des propositions du gouvernement et ont demandé et obtenu la clôture de ce dialogue. En effet, sur 41 points formulés par les centrales syndicales, le gouvernement a fait des propositions sur 20 points. Par exemple, sur la doléance des syndicats de voir relevés les salaires de 30 %, ainsi que les pensions dans le public comme dans le privé, le gouvernement a proposé de reporter la question sur les discussions de la relecture de la grille salariale en 2015. Dans le cadre du dialogue avec les syndicats et des engagements pris en 2013, le gouvernement a adopté une grille salariale pour les travailleurs de la fonction publique en janvier 2014. Et a reconduit ses mesures sociales de septembre 2013 à hauteur de 110 milliards qui a permis entre autres la poursuite du projet HIMO (travaux à haute intensité de main d’œuvre) au profit des 83 595 des jeunes et des femmes. Les diplômés sans emplois, les étudiants et les retraités n’ont pas été oubliés dans la répartition de la cagnotte des mesures sociales. Autant de gestes de solidarité de la part du gouvernement qui ont contribué un tant soit peu à assurer cette relative accalmie observée jusqu’ici sur le front social au cours de cette année 2014 au Faso.
- Les Etalons à l’entrainement ? (Flickr - Carsten ten Brink)
SPORT
En dépit de la non-participation de sa sélection nationale les Étalons, éliminés par les Fennecs d’Algérie, à la 20e Coupe du monde de football au Brésil ; le Burkina Faso a eu véritablement de quoi se réjouir au cours de cette année 2014. Après seulement deux matches de compétition, les Étalons footballeurs, vice-champions d’Afrique, trônent en tête de la poule C dans le cadre des éliminatoires de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations au Maroc en 2015. Le Burkina devance ainsi le Gabon, l’Angola et le Lesotho. Le bonheur n’arrivant jamais seul, les Étalons footballeurs ont sensiblement progressé dans le dernier classement de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). Mais, ce n’est pas seulement en football que les représentants sportifs du Burkina ont fait honneur à la patrie cette année. En boxe, Alexis Kabore dit Yoyo, a réussi à défendre avec brio son titre de champion international WBC catégorie super-coq, face au Philippin Berador Sylvester Lopez. Autre exploit de sportif burkinabè au cours de cette année 2014, la médaille d’or en lancer de marteau de Laetitia Bambara au Championnat d’Afrique d’athlétisme de Marrakech en août 2014. Par ailleurs, les athlètes du Viet Vo Dao burkinabè sont rentrés du 4e tournoi mondial de Paris, avec 6 médailles d’or, 4 médailles d’argent et 5 médailles de bronze. Une première dans l’histoire du Vovinam Viet Vo Dao burkinabè.
- La Semaine de la Culture (Flickr - guillaume colin et pauline penot)
CULTURE
Le Burkina Faso à ce jour demeure un grand pays de culture. Ainsi, l’on a encore assisté à une série d’événements culturels, organisés aussi bien par des structures publiques que par des opérateurs privés. Bon an mal an, plus d’une dizaine de manifestations culturelles au Faso depuis le début de l’année. Entre autres, l’on peut citer :
– la 12e édition du Festival international des masques et des arts de Dédougou tenu du 24 février au 2 mars ;
– la 10e édition du Festival de musique Dagara ;
– la 8e édition du Festival des masques de Boulsa ;
la 3e édition du Festival des arts, rites et musique.
– la 5e édition du Festival des arts de Tanghin-Dassouri.
Mais, de toutes les manifestations culturelles tenues jusqu’ici, la Semaine Nationale de la Culture (SNC), du haut de ses 30 ans d’existence, s’impose comme la manifestation phare. Avec la 17e édition tenue du 22 au 29 mars 2014 à Bobo. La SNC est le creuset de la diversité culturelle, une source incontestable de richesse et un outil d’intégration et de cohésion nationale. Par ailleurs, la culture occupe pour une place dans la stratégie de croissance accélérée et de développement durable. Mais, n’eût été la menace du virus Ebola, des événements comme le Salon international de l’hôtellerie du Ouagadougou (SITHO) ou le Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou, auraient été encore des opportunités pour promouvoir encore la culture burkinabè. Au même titre que le Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou a (FITMO) qui aura se tiendra du 10 octobre au 05 novembre 2014 dans 4 pays (Burkina, Mali, Niger et Togo).