Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova MakariusConsigne : écrire une microfiction en utilisant la phrase J’ai de la chance.
Enfant, j’aimais la balançoire qu’on avait dans le jardin. Elle était grande, tellement grande qu’elle avait deux sièges, une pour moi et une pour ma grande sœur. Ses pieds à elle arrivaient à atteindre le sol lorsqu’on restait assises dessus, pas les miens. Quand il ne pleuvait pas, on se balançait dès que possible. Qu’est-ce que j’ai aimé faire ça, monter le plus haut possible en espérant un jour faire le tour complet de la poutre ! Que de bons souvenirs… Mais les enfants grandissent. Peu de temps après que mes pieds ont atteint le sol, ma sœur a commencé à aller au collège, à ne plus se présenter à nos rendez-vous dans le jardin, à dire « La balançoire ? Ce truc de gamin ? » Moi je les aimais bien ces moments avec elle. Mais c’était à mon tour de grandir et de délaisser les balancements improvisés après l’école, et puis c’était moins drôle quand on est seule.
Le temps passe et les sièges de la balançoire s’empreignaient de mousse. Un jour où je rentrais voir mes parents, mon père m’a annoncé qu’il s’était débarrassé de la balançoire. Plus tard, dans la journée, je leur ai dit au revoir et j’ai repris la route vers la ville où je faisais mes études. Et si je faisais un détour par la déchèterie ? Je ne savais pas quand cette balançoire avait été jetée, ni si elle avait été donnée à quelqu’un d’autre, mais il faut tenter. J’ai de la chance, elle est bien là, ma balançoire à moi ! Des personnes m’aident à la ranger, pièce par pièce dans ma voiture.
Mais comment vais-je faire pour la mettre dans mon studio maintenant ?