Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova MakariusConsigne : écrire une microfiction à partir de l’un des tableaux de Françoise Pétrovitch
Mal dans ma peau, j’avais toujours tendance à me comparer aux autres. La taille de mes cuisses, les poils sur mon corps, mon visage imparfait ou mes cheveux trop épais… La liste était longue. Ça en devenait maladif. Chaque fois que je jugeais une personne physiquement, cette petite voix dans ma tête surgissait avec rapidité : si seulement je pouvais lui ressembler, si seulement j’avais la même prestance. Si seulement je n’étais pas moi... J’en avais assez de continuer à voir la supercherie dans le reflet du miroir tous les matins. J’avais bien l’intention de me reprendre en main, de n’importe quelle façon. Un jour, à l’arrêt du bus, observant les personnes qui m’entouraient, elle est venue me parler. Cette fille, belle et sûre d’elle, une confiance qui débordait de partout. Elle portait le même jean que moi, un jean flare violet qui mettait ses hanches et ses fesses en valeur. Et pourquoi pas moi ? Comprenant que je l’observais, elle s’avança vers moi. Elle était si belle… De longs cheveux blonds remontés en queue de cheval bien haute, soulignant son visage fin et mettant en avant ses yeux pâles. Je buvais ses paroles avec admiration et ressentis un frisson lorsqu’elle avança sa main vers la poche de mon jean pour le toucher, s’extasiant de la similarité du pantalon. Oui, c’était très étonnant de voir une personne porter le même que le sien, elle ne l’avait jamais vu ailleurs jusqu’ici. Et lorsqu’elle vit que je portais de nombreux piercings similaires aux siens et les mêmes chaussures à plateforme qu’elle avait aux pieds, elle hallucina.
— Je n’en reviens pas, on est vraiment comme deux jumelles, s’exclama-t-elle avec choc.
Un choc mêlé de joie, ce qui me rassura grandement. J’avais peur qu’elle se doute de quelque chose. Son bus tournait au coin de la rue, alors elle me donna rapidement l’un de ses réseaux sociaux, m’invitant à passer chez elle un de ces jours pour discuter des similitudes de nos styles vestimentaires. Mais je n’avais ni besoin de son nom ou de ses réseaux sociaux, ni de son adresse personnelle. Je savais déjà tout ça depuis longtemps.