Consigne : Réécriture d’une microfiction de David Thomas, « Tu devrais écrire » (Un homme à sa fenêtre, éd. Anne Carrière, Paris, 2019, p. 184) dont voici le début et la fin :
« Tu devrais écrire un scénario. Tu devrais écrire des dialogues de scénarios. Tu devrais écrire pour la télé, ça paye bien. Tu devrais écrire des livres pour enfants, ça cartonne. Tu devrais écrire un bon gros roman de quatre cents pages sur un djihadiste repenti ou sur les histoire de cul de la femme d’un Premier ministre ou sur la guerre de 14 ou d’Algérie ou sur une fille violée par le chien de son oncle à onze ans, ça, c’est bien. Tu devrais écrire du théâtre. Tu devrais écrire une pièce de théâtre à succès. Tu devrais écrire une saga (…) »
Quelle chance j’ai d’être entouré de gens qui savent où est mon salut…
La page blanche est comme un nœud d’estomac. Un sentiment qui oppresse.
Le vide de cette page me plonge dans les abysses. Quelque part dans mes souvenirs, des nœuds apparaissent. Les angoisses d’un enfant. Un enfant qui, le temps d’un instant, endosse le rôle du parent. Le parent de son parent.
***
Sa main tient celle de sa maman. L’enfant a de la poigne comme pour éviter qu’elle ne s’envole.
Dehors, loin des quatre murs protecteurs, sa maman semble s’éclipser. L’enfant perd tout repère. Pourtant, elle est bien là. Sa main n’a jamais quitté la sienne. Elle s’est juste absentée. Le regard vide, elle ne dit pas un mot. Elle doit certainement rêver, se dit l’enfant. Mais le nœud est grandissant. Des points d’interrogations plein la tête. Nous étions sur le chemin de l’école, que faire ? Impossible de l’abandonner. L’enfant s’imagine les pires scénarios. Il observe sa maman. La tête tournée vers le haut, il lui porte un regard maternel.
La décision est prise. Du haut de ses sept ans, l’enfant va alors guider sa mère. Celle qui, soudain, a « le petit mal ». Traverser la route, rebrousser chemin. Aujourd’hui, pas d’école.