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Carnets Vanteaux - Ma fille avant tout

Carnets Vanteaux - Ma fille avant tout

15 avril 2022 - par Pauline Ceaux 
Le Parc des sources, Vichy - © David Hockney
Le Parc des sources, Vichy
© David Hockney

Consigne : écrire une microfiction à partir du tableau « Le Parc des sources, Vichy » de David Hockney

Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova Makarius

C’est tous les samedis que mon mari et moi on se rend aux jardins. Oui même jour, même lieu. Comme beaucoup de monde autour un réel plaisir se fait ressentir lorsqu’il s’agit de s’y prélasser sur une chaise. Le bruit des jets d’eau donne une touche d’évasion, de détente et si le beau temps s’y ajoute on pourrait presque parler de havre de paix. Pourtant, je n’ai jamais vu mon mari, Raymond, aussi triste. Je suppose que la mélodie du vent ou le chant des oiseaux devait couvrir ce silence infernal qui pesait sur nous. Quand la lassitude me prend ou que le temps devient long, je me plonge dans mes pensées. Je suppose que c’est ce qu’il fait aussi. Je vois une pellicule qui se déroule. Une image dorée me parvient, et le soleil, ajoute une lueur unique à ce moment. Il n’y avait aucun nuage à l’horizon jusque-là. Laetitia, notre fille, avait pour habitude de se balader avec nous le sourire aux lèvres. Elle aussi adorait cet endroit, elle disait que le temps s’y arrêtait. Mais voilà que dans ma vision des nuages apparaissent, en une fraction de seconde tout devient sombre. Seul un éclair de lumière blanche était apparu dans la nuit. On était ébloui, piégé entre l’inimaginable et le réel. Ce soir-là, Laetitia était partie mais elle n’était surtout jamais rentrée. Aussi, maintenant qu’elle n’était plus, le temps ici courait en son absence. C’est quand je quitte cette pellicule que je vois cette chaise vide à côté de Raymond et que je reviens au moment présent. Une dame se dirige vers nous, je l’aperçois, elle dit :

 Est-ce que je peux prendre la chaise ?

La vérité c’est que chaque personne croisée devait se demander si on attendait quelqu’un. Mais il s’agit d’un rendez-vous reporté car c’était toujours pareil le samedi. Le fantôme de la défunte était là, à chaque instant. On attendait, le jour comme la nuit, avec le souvenir de notre fille endormie. Comment chasser de ces pensées ceux qui sans prévenir nous avait quittés. Ainsi, on laissait sur la chaise un bouquet de fleurs printanier, qui d’ailleurs finit toujours par faner. 

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