Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova MakariusConsigne : Réécriture d’une microfiction de Régis Jauffret, Babylone (Microfictions, éd. Gallimard, 2007, Folio, p. 39-40) dont voici le début : La ville est un ventre chaud où nous pouvons continuer à vivre au milieu d’un brouhaha qui nous rappelle avec délice la rumeur des organes de notre mère à l’époque où nous étions encore plongés dans le liquide amniotique. J’ai toujours recherché les lieux éloignés des jardins, des arbres, des coulées vertes comme la bile. J’ai besoin de la fumée des voitures, des camions, des autobus. La pollution est l’odeur de l’activité des hommes, de leur suprématie sur la barbarie des forêts, des bêtes, de la terre avide de nos cadavres. ( …)
Des images défilent dans ma tête, je me vois voyager.
Vous venez du monde extérieur, des lieux éloignés,
Jardins, arbres verdoyants, qui vous font rêver.
Je l’ai quitté pour vivre dans ce bourdonnement intérieur.
J’entends, je respire, je ressens, c’est brûlant,
Car oui, j’aspire à ce monde intérieur qui me tourmente.
Je rêve de symphonie, de fracas dans la nuit,
La douce brise des campagnes me terrorise,
Je souhaite une insomnie, d’être tiré de mon sommeil à minuit.
Je suis un écrivain raté, de ce monde d’à côté.
Je déambule tel un fantôme avec des mots illisibles,
Inconnu, un artiste de renommée qui s’est juré de ne rien publier
Seul un imbécile aurait lu mon carnet, une divinité…
Un illettré ? J’ai juste juré de ne plus parler,
La vérité ? Un humain en ruine, telle une Babylone a raccommodé,
Le travail ? C’est communiqué, je ne veux jamais saigner.
Non, je respire la fumée noire du centre-ville,
Le cœur de la ville, seul endroit où je brille.