Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova Makarius
CONSIGNE
Associer l’idée de honte à la réécriture d’une microfiction de David Thomas, L’impression d’être arrivé (Un homme à sa fenêtre, éd. Anne Carrière, Paris, 2019, p. 161) dont voici le début :
A vingt-cinq ans je me souviens très bien de ce qui me poussait à vivre, je voulais être bien sapé, avoir un appartement de cent vingt mètres carrés, deux enfants et une femme intelligente et sexy. Aujourd’hui, je porte des chemises et des costumes sur mesure, j’ai un appartement de deux cents mètres carrés, trois enfants, une femme qui est une des meilleurs dans son secteur…
Enfant, tes yeux étaient remplis d’étoiles, une porte vers une galaxie de possibilités qui n’attendait que d’être cultivée. Tu passais tes journées à lire, à te perdre dans des univers fantasmagoriques. A les mettre sur papier quand ta concentration faillible te le permettait. Tu rêvais d’un futur plein de découvertes et de réussites. Un jour en tant que paléontologue ; le suivant en tant qu’écrivaine, parfois bercée par l’idée d’illustrer tes propres histoires, muée d’une volonté de suivre les pas de ton frère, le meilleur artiste qui existe à tes yeux.
Aujourd’hui, tu n’es plus la même personne. Le brasier de tes espoirs s’est éteint sous le poids de tes doutes. Là où, des années auparavant, tu serais venue à bout des montagnes métaphoriques qui te séparaient de tes rêves, tu avances dorénavant d’un pas tremblant et peu assuré, sans connaître le chemin à emprunter. Tu es restée dans ta bulle si longtemps, tu ne reconnais pas le monde qui t’entoure.