Consigne :
Regarder le tableau "La Parole" de Victor Brauner.
(le tableau est de 1938 - il est conservé au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg).
Écrire UNE page en "interrogeant" le tableau et en essayant d’en dégager un savoir.
Comme un souffle passant au-dessus de sa tête, ses mots l’ont éveillée. Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire, penser, écrire, devenir et cela lui était égal car elle savait qui elle était. Il ne lui restait plus qu’à garder ces précieux mots, tout au fond d’elle, de son âme pour que jamais ils ne disparaissent car on ne sait jamais si les paroles, les pensées, les actes seront les mêmes le lendemain. Elle se regardait dans le miroir et pour la première fois de sa vie, elle ne voyait pas cette chose informe qu’elle pensait être depuis tout ce temps, pour la première fois de sa vie, la pensée qui lui vint, n’était pas dénigrante ou dévalorisante de sa propre personne. Elle commençait à avoir un nouvel aperçu de ce qu’elle était, elle commençait à se redécouvrir au fil des mots qui parcourait son esprit. La perfection qu’elle cherchait depuis tout ce temps était encore fixe dans son esprit, elle n’avait pas complètement disparue, mais cette recherche s’était atténuée. Elle se regardait encore et toujours, et se disait que le regard qu’elle portait sur elle-même avait bien changé. Il avait suffi d’une minute, d’un mot, d’une parole d’une seule personne pour qu’elle arrive enfin à trouver quelque chose de positif en elle. En se regardant dans le miroir à ce moment-là, elle souriait. Ce qu’elle avait cherché depuis tout ce temps venait de lui apparaître devant les yeux comme mettant fin à une longue quête qui avait duré des années, elle se trouvait différente, elle se trouvait changée et faisait connaissance avec ce nouveau « elle » qu’elle avait cherchée tout ce temps. Il avait suffi d’une minute, d’un mot, d’une parole, d’une seule personne pour qu’elle se regarde à nouveau comme quelqu’un à part entière, comme une personne digne d’un intérêt quelconque puisque pour la première fois depuis des années elle avait pensé qu’elle n’en était pas complètement dénuée.