Consigne : réécriture d’une microfiction de David Thomas, Slogans (Un homme à sa fenêtre, éd. Anne Carrière, Paris, 2019, p. 13-14) dont voici le début :
Ma sexualité a commencé en 1981, année de l’élection de Mitterrand avec le slogan « La force tranquille ». A l’époque, j’étais très jolie et sexy, et chaque fois que je séduisais un garçon cette phrase me revenait en tête tant les choses me semblaient faciles. Pour charmer, je n’avais rien d’autre à faire que d’être là. Sept ans plus tard, c’était l’accroche de Chirac, « Nous irons plus loin ensemble », qui illustrait parfaitement ma vie. J’étais folle amoureuse d’un homme avec qui je me projetais et dont j’étais certaine qu’il me mènerait au plus loin dans le bonheur. (…)Les Carnets Vanteaux avec l’atelier Microfictions
animé par Milena Mikhaïlova Makarius
Karine était une femme simple et calme, elle avait rencontré James durant un rencart arrangé par sa mère. Il était si doux et gentil qu’elle était toute suite tombée amoureuse de lui et lui aussi d’ailleurs, ils avaient fini par se marier deux mois après leur première rencontre.
Karine avait sacrifié tout son temps pour son mari, cet homme politique charmant et séduisant, celui que toute femme souhaitait avoir. Elle voulait qu’il la trouve toujours jolie, qu’il ne la laisse jamais, alors elle se levait avant l’aube pour se maquiller et se coiffer, puis elle retournait au lit pour qu’il ne voit pas ses défauts. Elle avait toujours cherché à l’impressionner, préparait à manger, faisait le ménage, elle pratiquait même du sport pour garder sa taille fine : elle faisait tout pour être la femme idéale et pour garder sa beauté.
Le jour de son anniversaire, elle avait décidé de lui faire une surprise, une petite fête entre eux dans le bureau de travail de son mari, car il lui avait dit qu’il allait tarder de rentrer à la maison, à cause d’une réunion avec une cliente. Elle avait ouvert la porte de son bureau et elle l’avait surpris en train de la tromper avec sa cliente.
« La perfection d’une femme ne fait pas la fidélité d’un homme »
Elle avait quitté la maison le lendemain même. Elle avait le cœur brisé, se disait qu’elle n’allait plus jamais faire confiance à un homme ; elle pleurait pendant des jours et mangeait à peine, mais elle savait que son cœur ne battra jamais pour quelqu’un d’autre car c’était lui qu’elle aimait malgré tout ce qu’il lui avait fait. Un jour, James était venu taper à sa porte pour s’excuser : il avait fait son discours de politicien, la suppliant de lui pardonner. Ce qu’elle avait fini par faire, sans savoir qu’elle avait commis une erreur qu’elle n’aurait jamais dû commettre.
« Une faute commise peut coûter une vie entière »
Cinq mois après, aucun problème, y’avait pas de disputes entre eux. Il rentrait tôt à la maison et ne ratait jamais le dîner. Karine avait cru qu’il avait bien changé. Plus tard, ce fut la plus belle journée de sa vie quand elle apprit qu’elle était enceinte. Elle était folle de joie et son mari aussi : d’ailleurs, il avait même commencé à acheter des vêtements pour le bébé sans même connaitre son sexe. Quelle vie heureuse, il ne manquait que l’arrivée de cet ange qui avait transformé son père même avant qu’il ne soit né ! Ils comptaient les heures pour le jour J… mais l’inattendu est arrivé : elle lavait les vitres de ses fenêtres quand soudain, elle a perdu l’équilibre et est tombé, provoquant et malheureusement une fausse couche.
« Entre le bonheur et la tristesse, une fraction de seconde »
Son mari la blâmait sur la perte de leur bébé, il s’était avéré qu’il avait changé juste pour lui, retournant désormais à son ancienne, stupide et fatigante vie : le retard tous les soirs, les disputes et les trahisons. Le seul espoir de Karine était d’essayer une autre fois d’avoir un bébé mais même cela, c’était impossible : le médecin lui avait annoncé qu’elle ne pourrait plus avoir d’enfants à cause de la chute qu’elle avait faite. Elle ne pouvait plus rien supporter, elle se blâmait pour sa perte et même pour les trahisons de son mari parce qu’elle ne pouvait plus lui donner un fils. Elle n’avait plus rien qui la retenait à la vie.
Un soir, James rentrait du travail. Dans ses mains, il tenait un bouquet de roses, les préférées de Karine. Il la chercha partout, ne la trouva nulle part, jusqu’à ce qu’il ouvre la porte de la salle de bain : il la découvrit baignant dans une mare de sang. James tomba à genoux et soudain, le flash-back de tout ce qu’il avait vécu avec femme passa devant ses yeux et il éclata en larmes.
« Pourquoi le regret, si le mal est déjà fait ? »