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« Les roses du Nil », épines vivaces

« Les roses du Nil », épines vivaces

15 juillet 2024 - par Arnaud Galy 
Fanny Campan et Laure Allard-d’Adesky - © Aimablement prêtée par Laure Allard-d'Adesky
Fanny Campan et Laure Allard-d’Adesky
© Aimablement prêtée par Laure Allard-d’Adesky

Écrire pour répondre à ses propres questions. N’est-on pas jamais mieux servi par soi-même ? Soit. Mais, dans le cas qui nous occupe, l’expérience est menée à quatre mains. « Les roses du Nil » est écrit par Laure Allard-d’Adesky et Fanny Campan. L’écriture en binôme est un acquis pour elles. Elles n’en sont pas à leur coup d’essai. La première qui n’aime rien tant que les phrases qui font mouche et qui donne toujours l’impression d’avoir la banane rieuse, la seconde, qui endosse le fait d’être plus descriptive et parfois d’appuyer là où ça fait mal. Leur carrière littéraire rime avec romance et « feel good » comme on dit dans la langue de Jane Birkin. Oui, mais, là, le binôme a monté la barre au-dessus de son record personnel. Métaphore sportive de saison. Romance oui, mais sur un fond historique et tragique. Toutes deux sont des enfants nés dans une région du monde qui peine à sortir de la tragédie de 1994. Laure porteuse direct de gènes et de sang rwandais, Fanny, fille d’expatriés français mais ayant passé son enfance au Burundi. La première que certains trouvent trop... blanche vue de Kigali, d’Afrique ou, 180° plus loin, trop... noire vue de Toulouse, Bruxelles ou Paris. La seconde désespérément trop blanche à Bujumbura. Les deux complices d’écriture ont nourri leur roman de pièces rapportées de leurs propres expériences, interrogations et colères. Preuve que tout n’est pas simple au pays de Laura Allard-d’Adesky et Fanny Campan... aux dernières nouvelles, tous les membres de leurs familles n’ont pas ouvert le roman !

Elle (ma mère) est française, mon père était rwandais. Elle ne peut pas le supporter. Je crois que si elle avait pu changer la couleur café au lait de ma peau, elle l’aurait fait. Je n’ai jamais compris ce rejet de l’identité de son mari alors qu’elle a toujours été folle de lui, de son vivant.

Quand j’étais petite et que je débarquais dans un nouvel endroit, on me demandait souvent d’où je venais. Je répondais naturellement que je venais de Toulouse. On rétorquait alors : « non, mais tu es de quelle origine ? » C’est comme ça que j’ai pris conscience que j’étais différente.
C’est comme ça que j’ai découvert mon métissage.

Les roses du Nil n’embarquent pas le lecteur dans l’horreur du génocide par la « grande porte ». Celle de la description des tueries et des ondes maléfiques des « Mille collines ». Déjà fait. Tellement bien déjà fait. C’est par un pas de côté que le lecteur est invité à entrer dans cette page d’histoire sanglante. Un pas de côté qui se nomme Soé, enfin presque, même le simple nom de l’héroïne symbolise toute la douleur portée par les familles écartelées entre Rwanda et Europe. Les incompréhensions, les secrets, les rancœurs, les douleurs qui ne cessent de pourrir la vie des jeunes générations.

Soé est une jeune femme métisse, insouciante, pas obsédée par son histoire personnelle, confiante en la parole de sa mère, bien dans ses baskets toulousaines qui, une certaine maturité arrivant et les hasards de la vie produisant leurs effets finit par s’interroger sur qui elle est. Qui elle est, vraiment. Les réponses tomberont comme des couperets, les vérités s’effriteront, les souvenirs cachés remonteront à la surface... Heureusement qu’un certain Noël, vendeur de roses du Nil, soutiendra la jeune femme même lorsqu’il éprouvera certaines difficultés à suivre... lui aussi. Mais le parfum de Soé l’enivre, alors il la suit jusqu’au Rwanda. Voyage initiatique.

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