Les Comores ont connu l’année dernière une certaine effervescence politique due aux élections législatives qui se sont tenues en février dernier, mais aussi aux présidentielles prévues en février et avril 2016.
- Salim Hatubou (Ph : ed Coelacanthe)
2015 a été surtout marquée par la disparition à 42 ans, à Marseille, sa seconde patrie, de l’écrivain franco-comorien le plus inventif et le plus productif de tous les temps, Salim Hatubou. Son corps, rapatrié, a reçu les honneurs de l’État en présence du président de la République et des membres du gouvernement et de l’opposition, avant d’être inhumé dans son village natal de Hahaya, au nord de la Grande-Comore.
POLITIQUE
Avant cette disparition, ce sont les élections législatives qui ont mobilisé la population du 25 janvier au 7 mars, date à laquelle la Cour Constitutionnelle a rendu public les résultats définitifs.
L’enjeu était important puisque le parti de l’ancien président, Ahmed Sambi, souhaitait obtenir la majorité pour modifier la constitution et permettre à son leader de se présenter aux prochaines présidentielles. À l’issue du premier tour, c’est d’ailleurs son parti, Juwa qui est arrivé en tête. Les alliances qui ont suivi sont défavorables au Juwa, qui peut uniquement compter sur le PEC, alors qu’en face se constitue une sorte de « front anti-Sambi ». Ces alliances permettent au parti au pouvoir, l’UPDC d’arriver en tête au soir du deuxième tour qui s’est tenu le 22 février.
Les conséquences de ces élections mettent en ébullition le pays pendant un mois. Si à Anjouan et à Mohéli, respectivement Juwa et UPDC prennent la direction des assemblées locales, à la Grande-Comore, la majorité, dans un sens comme dans un autre ne tient qu’à un fil puisque le parti du gouverneur de l’île, le RDC, a décidé de rallier la coalition Juwa-PEC. Les élus de ces trois partis qui ont réussi à former une coalition avec un député d’avance sur leurs adversaires décident même de s’enfermer dans un hôtel jusqu’à l’élection du président de l’assemblée de l’île de peur que l’un d’eux ne soit « acheté » par le pouvoir, cela après un premier blocage du vote par les élus proches du gouvernement. Une deuxième séance permet à un élu du RDC d’être désigné comme président de l’Assemblée de l’Île.
- Le président de l’Union des Comores Ikililou Dhoinine (Flickr - Nations Unies)
Le combat entre le parti gouvernemental et Juwa-PEC s’est donc reporté à l’Assemblée de l’Union. Le parti de l’ex-président Sambi a négocié le ralliement du parti du gouverneur de la Grande-Comore et espérait ainsi enlever la présidence de l’Assemblée à l’UPDC. Mais, une erreur technique du parti Juwa à Anjouan a empêché trois députés issus de l’assemblée locale de rejoindre à temps l’Assemblée de l’Union. Le parti gouvernemental et ses alliés ont donc pu faire élire leur candidat à la présidence du parlement comorien. Le parti Juwa, qui a perdu le soutien du RDC, a porté l’affaire devant la Cour constitutionnelle qui a rejeté sa demande.
Après l’installation des nouvelles assemblées, le président Ikililou a mis en place son troisième gouvernement le 27 avril 2015. Dans ce gouvernement les vice-présidents élus avec lui n’ont pas changé de portefeuille. De même il a conservé les deux femmes du gouvernement précédent, en modifiant leurs attributions. Le jeune ministre des Affaires étrangères, El Anrif Saïd Hassane, qui a perdu les législatives dans sa région n’a pas été reconduit et a été remplacé à son poste par un fidèle du président qui était le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Abdoulkarim.
Le fait marquant du nouveau gouvernement est l’entrée de Houmed Msaidié, un poids lourd de la politique comorienne qui était dans l’opposition depuis 2006, qui de ce fait ramène son parti (RADHI) dans la coalition gouvernementale. Il occupe un ministère de l’Intérieur dont les prérogatives ont été étendues à l’Information, à la Décentralisation, aux relations avec les Institutions. Et il est également porte-parole du gouvernement, poste qu’il a souvent occupé par le passé.
C’est à ce titre que Houmed Msaidié symbolise l’opposition entre le gouvernement et l’ex-président Ahmed Sambi, Anjouanais de naissance, qui n’a pas renoncé à présenter sa candidature alors qu’en 2016 la présidence doit revenir aux Grands-Comoriens. Un bras de fer s’est engagé entre les deux hommes sur cette question, mais le ministre de l’Intérieur a reçu récemment l’appui de l’Union africaine qui a rappelé que la tournante telle qu’elle a été pratiquée jusqu’à aujourd’hui a permis d’avoir une certaine stabilité politique.
Mahmoud Ibrahime
Docteur en histoire – Université Paris VIImahmoudibrahime@yahoo.fr
- Mutsamudu (Flickr - david stanley)
ÉCONOMIE
Dans une situation économique mondiale très inquiétante, un pays comme les îles Comores ne serait pas épargné. Depuis l’indépendance de cet archipel à potentiels touristiques et agricoles, la situation économique, notamment la croissance, reste toujours contrastée d’une année à l’autre. Les relations multi et binationales permettent au pays du volcan Karthala de bénéficier d’un soutien qui arrête l’hémorragie totale sur le point de vue économique. Le manque d’énergie, la mauvaise gestion des ressources de l’État et l’absence d’une politique concrète d’accompagnement de la filière agricole, notamment les produits de rente, contribuent en amont comme en aval à une détérioration de l’économie de l’Union des Comores. La situation semble devoir s’éterniser.
Depuis la fin de l’année 2014, les Comores vivent une situation économique en nette dégradation. Les problèmes énergétiques nés de la crise de l’électricité ont embourbé l’activité économique dans une mousse nocive dont les répercussions arrivent jusqu’au petit panier de la ménagère comorienne car rien ne promet un dénouement de la crise. Cette situation ne profite pas aux populations ni aux institutions financières en plein essor aux Comores avec l’arrivée des banques étrangères et le développement des réseaux de banques rurales dont les SANDUK et les MECK.
Selon la direction des investissements, l’Union des Comores a enregistré de juillet 2014 à juillet 2015, près de 1 200 entreprises ou micro-entreprise créées dans l’ensemble des trois îles.
Au cours d’une conférence de presse le 16 juin 2015 à Moroni, une mission du FMI pour l’Union des Comores a noté avec insatisfaction une activité économique plongeant le pays dans une déroute. La croissance économique déjà en difficulté, souffre des conséquence des délestages intempestifs et persistants du courant. Dans certaines régions de Ngazidja, les populations sont livrées à elles-mêmes, alors que le réseau électrique a contourné toute l’île. Ce sont des réseaux le plus souvent financés par la mobilisation de la diaspora qui soutient les communautés locales. Dans ces villages, l’électricité peut venir une fois tous les deux mois, juste pour 3 heures. Avec l’offre des kits solaires en provenance de Chine, les habitants s’auto-alimentent en énergie solaire, ne serait-ce que pour la lumière. Les magasins spécialisés sont en pleine germination dans le pays, notamment en milieu rural.
Dans le sillage de cette conférence de presse tenue au ministère des Finances, une mission du FMI de juin 2015 a présenté un constat amer sur l’évolution de la situation économique des Comores. La mission avait placé le centre de la conférence sur la crise énergétique. Entre le 1er et le 16 juin, la délégation a rencontré tour à tour l’ensemble des acteurs du développement des îles Comores, notamment, les autorités, les opérateurs économiques, la société civile, et les partenaires au développement du pays. Ces rencontres ont permis à la mission de noter une situation difficile qui a placé le pays dans un gouffre économique inquiétant, car la dégradation de la situation a pris une autre ampleur depuis le début de l’année 2015.
Les problèmes énergétiques liés aux problèmes d’électricité caractérisent donc une négativité du développement de l’activité économique. La mission a constaté une économie fanée et a averti sur l’opacité des perspectives positives. Selon le vice-président en charge du ministère des Finances : « 2014 était une année exceptionnellement différente des autres, dans la mesure où nous avons eu, surtout au niveau du second semestre, une forte crise énergétique, mais également nous avions les élections. Une période toujours non maîtrisable », cette notation de l’argentier du pays a animé le désespoir qui alimente les souffrances des Comoriens.
En blouse de sapeur pompier face à cet incendie économique, le ministre des Finances a promis l’engagement de l’État pour des solutions fiables et prometteuses en vue de sortir le pays de la catastrophe économique. Les populations n’arrivent pas à supporter cette marrée basse économique qui a l’air de s’éterniser d’une période à une autre. Il a montré que les priorités concernent des solutions aux défaillances énergétiques : « Nous avons un programme à long terme, un programme à moyen terme. Pour ce qui est des difficultés à court terme, nous avons établi un programme d’urgence pour trouver des solutions en urgence. C’est pour cela que nous avons demandé, de façon exceptionnelle et urgente, nos partenaires de nous aider pour que nous puissions avoir des groupes électrogènes très rapidement. (...) Il reste à faire acheminer par avion ces groupes, à peu près cinq groupes avec une capacité totale de 5 mégawatts, depuis Sharjah, […]. À moyen terme, nous avons des projets comme le fioul lourd au niveau de Ngazidja, dont les travaux débuteront dès le mois d’août prochain pour une période de dix-huit mois. Nous avons aussi les projets de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, qui sont là aussi pour nous appuyer pour que nous trouvions une solution durable. À long terme, nous avons des projets au niveau du solaire et de la géothermie. »,. En revanche le chef de la mission du FMI a montré que l’achat de ces groupes ne résoudrait pas pour autant totalement la situation.
Le gouvernement n’arrive pas à contenir la demande d’emploi et l’activité économique du secteur privé est asphyxiée. Les autorités politiques sont face à un mur de fer quant au respect de certaines conditions d’offre d’emploi, notamment la gestion du fichier de la fonction publique. Le système administratif entre l’administration centrale et les îles impose des irrégularités permanentes dans la gestion du fichier des agents de l’État. Conséquence, le budget de l’état n’arrive pas à satisfaire la demande, d’où une dégradation nette de la situation budgétaire. Le FMI a donc constaté que cette situation est alimentée par la hausse de la masse salariale des agents de l’État en amont, qui serait de près de 2 milliards kmf car les derniers chiffres indiquent 1.8 milliard de francs. Une situation enfoncée dans l’obscurité économique par la diminution des recettes de l’État. Depuis le deuxième semestre de 2014, les fonctionnaires de l’état ont renoué avec les salaires impayés, et ils accusent à l’heure où l’on rédige cet article, 4 mois d’arriérées de salaires, et ceux qui travaillent dans les sociétés d’État comme EDA accuseraient plus de 10 mois de versement de salaires. Le comble est que la plupart des fonctionnaires se sont engagés dans des crédits auprès des institutions financières, ce qui n’arrange pas les choses dans les ménages et auprès de ces banques.
Avant l’arrivée de la mission du FMI, le gouvernement avait analysé la situation et s’était préparé à proposer des solutions dans la loi de finances rectificatives 2015 qui sera soumise à l’Assemblée nationale, une porte de sortie identifiée pour supporter la lourdeur du déficit budgétaire. Le chef de la mission du FMI a soutenu que pour contenir la situation et résoudre ce déséquilibre budgétaire, le gouvernement devait miser sur la collecte des recettes additionnelles et leur bonne gestion, mais aussi la maitrise des dépenses de moindre importance.
La mission a noté globalement un bilan négatif, cela l’oblige techniquement à revoir à la baisse des estimations de la croissance économique pour 2014, des chiffres ne sont pas avancés, mais les conclusions du rapport de la mission sont instructives et ne disent pas le contraire. Le gouvernement comorien a sollicité le soutien du FMI en vue de pouvoir contenir la situation économique. Il demande un accompagnement axé sur un décaissement dans le cadre du programme de Facilité de Crédit Rapide (FCR), dans le cadre de l’accompagnement de l’institution pour le développement des Comores. Une nouvelle mission est attendue à Moroni en septembre 2015.
ÉNERGIE, INFRASTRUCTURES ET PRODUITS DE RENTE
Crise énergétique
Le 28 juillet 2015, le gouvernement comorien et l’ambassadeur de l’Inde auprès de l’Union des Comores, représentant des autorités indiennes, et le représentant de la société indienne chargée des travaux de construction et d’installation des équipements pour l’électrification de Ngazidja ont concrétisé le projet de la centrale thermique à fioul lourd, en procédant à la pose de la première pierre à Domoni-ya-Mbwani à 5 kilomètres de l’Aéroport International Prince Saïd Ibrahim à Ngazidja. La centrale aura une capacité énorme par rapport aux besoins de la population concernée par le projet. Elle produira une puissance électrique de 18 mégawatts.
Port de Mohéli
Assimilé à un bouffeur financier sans résultats du moins à court terme, et dans une situation de marasme économique, le port de Bwangoma se présente en objet de décoration de l’île de Djoumbé Fatima, île natale du président Ikililou Dhoinine, une île longtemps mal servie en termes d’infrastructures publiques. Le FMI a exprimé son inquiétude sur l’intérêt de la rentabilité d’un port en eau profonde à Mohéli. Ce port sera financé et construit respectivement par Exim Bank China et la société China Communication Construction Company. La convention est signée en mars 2015 par les Chinois et le ministère des Transports du gouvernement comorien. Le projet engloutira la bagatelle somme de 149 millions de dollars, soit presque 64 000 000 000 kmf. Exim Bank China supportera 85 % du montant du projet, et la société publique chinoise de construction supportera les 15 %.
Même si la délégation du FMI ne voit pas l’utilité d’un tel investissement à Mohéli en ces temps difficiles, le président Ikililou Dhoinine a soutenu auprès de la mission : « En plus d’un terre-plein de très grande capacité qui permettrait de garder des milliers de containers qu’on dépose provisoirement à Mombassa, à Zanzibar, à Maurice, à Maputo ou Longoni à Mayotte…. La construction de ce port permettrait de désenclaver les Comores, la circulation rapide des personnes et des biens en toute sécurité, accroître et diversifier les activités économiques dans le pays ». Le démarrage des travaux de ce port est attendu avant la fin de l’année 2015 et durera 2 ans. Au cours des travaux, 3 000 emplois directs et 2 000 emplois indirects sont prévus.
- Fleur d’ylang-ylang (Flickr - zaqqy)
Produits de Rente
Le girofle, la vanille et les essences d’ylang-ylang continuent de faire la fierté des Comores dans le secteur. Depuis presque 2010, la filière Ylang s’est stabilisée et l’île d’Anjouan qui produit plus de 90 % des essences appréciées des Comores connait un problème sérieux de déforestation. Les nouvelles méthodes d’exploitation de la filière et les exigences des clients internationaux ont permis d’arrêter tout système de trucage, des pratiques illicites dévalorisant la production qu’a connue la filière avant. Le kilo d’ylang chez le producteur avoisine 500 kmf ou plus selon le cas et la région. La diminution des plants d’ylang et les mesures contre la déforestation abusive ont ralenti la production, mais les acteurs du secteur se frottent les mains, car la rentabilité est encourageante. De nouvelles méthodes comme l’utilisation des foyers améliorés encourageraient les distillateurs qui font moins de dépenses et plus de recettes.
Quand à la filière vanille, après une période très longue de mauvais résultats, les agriculteurs ont enfin eu un ouf de soulagement pour la récolte de 2015. Ces producteurs des gousses vertes sont récompensés de leurs efforts en récoltant 1 kilogramme de vanille pour une année. Après des années de souffrance, la vanille est achetée chez le producteur à 5 000 kmf. Les courageux ont pu se partager les millions qui circulaient à la recherche d’une pincée de quelques gousses.
Le girofle s’est dégagé comme leader dans l’ensemble des trois filières. Au cours de ces dernières années, les producteurs du girofle manifestent leur satisfaction. Cette année, les producteurs ont vécu un coup de théâtre quant au prix à Anjouan. Suite à un conseil des commissaires, le gouvernement de l’île a décidé le prix de girofle à 5 000 kmf. La nouvelle a été bien accueillie par la population, mais les collecteurs et les exportateurs ont refusé de suivre la décision du gouvernement insulaire. « Guerre des éléphants, les herbes paient le prix ». Les exportateurs l’achètent à moins de 3 000 kmf et le gouvernement aurait manifesté une incapacité de réagir.
- Anjouan (Flickr - reizigein)
SOCIÉTÉ
Le manque de soins appropriés dans les hôpitaux comoriens livre les populations elles-mêmes dans toutes les îles. Pour trouver des solutions, un trafic de transport clandestin est ouvert entre Mayotte et Anjouan. Des accidents se multiplient et des femmes, des enfants et des hommes de toutes les couches sociales périssent dans ce bras de mer qui sépare ces îles d’un même archipel.
Malgré les efforts du gouvernement et les partenaires aux développements des Comores, la situation empire. Les grands centres hospitaliers du pays dont El Maarouf à la Grande Comores, Hombo à Anjouan et Fomboni à Mohéli considérés comme les chouchous de l’État du fait des investissements, sont incapables d’offrir des services sanitaires décents aux populations. Le Programme d’Appui au Secteur de la Santé aux Comores conduit en partenariat par l’État et l’Agence Française de Développement a mis des moyens importants à disposition du Ministère de la Santé de l’Union des Comores. Ces moyens ont permis d’améliorer la qualité des services et des infrastructures.
Mais, la situation s’est empirée encore dans les hôpitaux les régions isolées où les populations des villages sont vulnérables. Loin d’une mise en cause des compétences des ressources disponibles en médecine dans le pays, quel que soit leur niveau d’implication, ces mauvaises conditions s’expliquent par le manque d’équipements adaptés ou acceptables permettant aux techniciens des hôpitaux de répondre aux exigences des patients. S’ajoutent également, les problèmes de versement de salaire, l’insuffisance des ressources humaines, etc.
Cette situation continue d’entraîner des irrégularités quant au fonctionnement des hôpitaux. Les services des urgences de l’hôpital El Maarouf ont déposé un préavis de grève le 02 juin 2015 pour réclamer le versement des indemnités de garde qui accusent des mois de retard, des conditions appropriées pour un service d’urgence d’un hôpital de cette taille, etc. Ce cas n’est pas isolé dans l’ensemble de l’Union des Comores et les Comoriens sont obligés de payer le prix.
La migration clandestine entre Anjouan-Comores et Mayotte (l’île comorienne sous administration française) n’a pas seulement pour but l’installation à Mayotte. Les passeurs ont inventé les Kwassa-Kwassa sanitaires (Barque de pêche sous un nom d’une danse africaine) pour aider les populations à faire des évacuations sanitaires clandestines sans aucune assistance sociale ou médicale pendant au moins 5 h de temps de traversée. Naufrages, chavirements, pannes de moteur et bien d’autres phénomènes conduisent à des deuils incessants dans les familles des trois îles.
À la demande des autorités comoriennes, la coopération chinoise vient d’achever, depuis fin 2014, les travaux de construction d’un grand centre hospitalier, à Anjouan, équipé d’appareils médicaux multiples de nouvelle génération. La population attend impatiemment l’ouverture officielle des portes de cette forteresse construite à Bamabao Mtsanga, une ville du Nord Ouest d’Anjouan où se trouve le Palais de l’ancien Sultan Mawana et les vestiges des grandes activités des installations coloniales.
Un autre grand centre hospitalier est en pleine construction toujours à Anjouan dans la capitale Mutsamudu juste dans l’enceinte de l’hôpital Hombo. Celui-ci est financé par des fonds du Cheikh Jassim Al Jabor Al Tani du Qatar. Le pays est-il en mesure d’entretenir ces centres quand ils seront opérationnels et d’imposer une bonne gouvernance pour la gestion de ces hôpitaux moderne.
CULTURE
L’actualité culturelle comorienne 2014-2015 a été marquée par des événements culturels permanents mettant en rôle tour à tour, et selon les agendas, tous les acteurs culturels du pays. Les services culturels du pays, les Alliances Françaises, les Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC), les bibliothèques communautaires ou municipales, le réseau des bibliothèques des Comores, l’Association des bibliothécaires des Comores (ABC), etc. ont animé toutes les régions : des mini festivals, des projections avec le grand public, des concerts, des projets culturels, etc. Mais, la visibilité et l’intérêt de deux festivals tenus à Anjouan, dont le Festival scolaire (FUKA LA MWEGNE PEYA) et le Festival Franco Jeune 2014, 13e édition, ne sont pas passés inaperçus.
Festival Scolaire D’Anjouan
Le festival était à sa 2e édition, il est considéré comme une innovation du système éducatif comorien et vu par ses initiateurs comme un projet pilote. Le festival met en compétition tous les établissements scolaires (Primaire, Collège et Lycée) durant toute l’année scolaire. Les élèves participent à des jeux sportifs et culturels dans les différentes Circonscription d’Inspection Pédagogique (CIPR). Les meilleurs élèves participent à un festival en mai de chaque année pour les finales et la remise des trophées. Les jeux qui marquent le festival prennent leur source dans l’organisation des activités extra et parascolaires dans l’ensemble des établissements scolaires. Ces activités font partie des engagements des chefs des établissements qui ont signé des contrats d’objectivité avec le Commissariat à l’Éducation. Les enfants ont des heures spécifiques pour ces activités axées sur des productions théâtrales, des animations des clubs de lecture, des danses modernes et traditionnelles, des jeux d’épelle mots, des sketchs, productions artistiques, etc.
Festival Franco Jeune
Le Festival Franco Jeune, une activité littéraire créée par l’Amical Francophone de l’Océan Indien (AFRAOI), une association pour la promotion de la production littéraire dans l’océan Indien. Il a l’allure d’un événement régional, comme les organisateurs l’ont montré dès les premières éditions. Ce rendez-vous littéraire fonde l’essentiel de ses objectifs à partir des dix mots de la francophonie. L’événement met en compétition des jeunes amateurs écrivains à partir des textes littéraires produits par des jeunes de moins de 25 ans. Les textes mettent en valeur les dix mots de la francophonie chaque année, et qui apparaissent dans le texte selon le thème et le sens des mots. Le conte, la nouvelle et la poésie sont mis à l’honneur. Le festival regroupe des jeunes des régions de l’océan Indien à l’instar de Mayotte, Anjouan, Majunga, Tuléar, Ngazidja, Zanzibar, Mohéli, Diégo, etc.
Le festival pourrait se tenir à Zanzibar pour la prochaine édition si les organisateurs se prononcent favorablement pour cette île où le français n’occupe pas une place importante. Les services chargés de gérer l’activité au niveau des Comores seraient prêts pour les préparatifs en vue d’une participation des jeunes comoriens à cette prochaine édition.