CONTEXTE
Le Costa Rica est un pays à démocratie constante et forte, réputé comme oasis de paix. Depuis sa fondation comme nation, il n’a connu que de brèves périodes instables, dont la dernière, un conflit interne appelé la « guerre de 48 » a abouti à la suppression de l’armée en 1949. Les Costariciens (qui n’aiment pas d’ailleurs se voir appeler Costaricains) donnent encore leur appui au système politique et y font confiance, mais leur seuil de tolérance envers les idées opposées et l’implication enthousiaste aux vraies fêtes électorales des années 80, ont diminué.
Lors des élections précédentes, en 2010, la participation citoyenne avait remonté, mais en 2014 le niveau d’abstention chez les très jeunes (au Costa Rica le vote s’exerce à partir de 18 ans) a atteint des niveaux plus élevés que jamais. Néanmoins, la variété des partis politiques, dont l’offre à était longtemps réduite à deux grandes options traditionnelles et quelques partis éphémères, s’est multipliée. Le FA, Front Ample, parti de gauche, est passé d’un seul député à six, sur un total de 27, pour le pays. Les partis dits « chrétiens » ont assisté aussi à une augmentation de leurs votes. Les électeurs, avant rassemblés autour du Parti Libération Nationale (PLN) et du Parti Unité Sociale Chrétienne (PUSC) se sont répartis dans plusieurs directions.
- Le président Luis Guillermo Solis Rivera (Ph : costarica.fr)
POLITIQUE
Pour la première fois, le Parti Action Citoyenne (PAC), tout récent dans l’arène politique, remporte le siège présidentiel du pays. Luis Guillermo Solís Rivera, professeur universitaire, vainqueur en février 2014, a promis aux électeurs un changement par rapport au style de gouvernement des deux partis politiques qui alternaient naturellement au pouvoir. Après plusieurs années de dénonciation de la corruption, de trafic d’influence et de malversation de la part de la classe politique traditionnelle, les Costariciens rêvaient de punir et de chasser les coupables.
Cet espoir qui l’a fait remporter les élections malgré la méfiance des électeurs, s’est évanoui peu après la première année de son mandat. Un premier rapport dénonçant des abus et les irrégularités du gouvernement précédent a éveillé l’attente des sanctions anti-corruption, promises dès l’époque électorale, les espoirs des électeurs se sont vite évanouis après l’élection, qui fut très médiatique.
ÉCONOMIE
Après 2008, une période de ralentissement économique accentuée par la crise européenne et américaine, les Costariciens ont essayé de baisser les indices de pauvreté, qui ont atteint leur indice le plus haut en 2014. Le taux de pauvreté des foyers a atteint 22,4 % de la population.
Les traités de libre commerce se sont constitués. Ils sont les instruments préférés des derniers gouvernements pour diversifier les revenus du pays, et faire entrer de devises. Parmi les partenaires, il y a des pays des trois Amériques (Canada, États-Unis, Pérou, Chili, Mexique, Panama, République dominicaine), mais aussi des asiatiques (Chine, Singapour) et la Communauté européenne.
- Le "grain d’or" ! (Flickr - Sarah Murray)
Le secteur agricole dépérit depuis plus de 20 ans. Les enfants des paysans ont abandonné la terre pour aller vivre en ville, ils ont plus d’opportunités et de services. Le café appelé aussi « grain d’or » depuis le XIXe siècle, ainsi que la banane, a permis de construire le pays. Ces deux produits d’exportations ont connu un nouvel essor, lors des dernières années, grâce aux concours internationaux de qualité qui placent le Costa Rica aux premiers rangs dans le monde cafetier.
Le secteur touristique constitue un espoir pour le développement des zones rurales, ce secteur est devenu vital pour les revenus. Chaque année, presque deux millions de visiteurs (l’équivalent à la moitié des habitants) viennent apprécier la diversité biologique (4 % de celle du monde) concentrée dans cette petite superficie. Malheureusement, de sérieux problèmes d’infrastructure routière (embouteillages insupportables, peu de voies rapides, excès de voitures et « cratères » dans le revêtement). L’insécurité due à la délinquance et le coût de la vie, le plus élevé en Amérique centrale, ont permis aux pays voisins d’accaparer l’attention des touristes. Ils sont d’ailleurs aussi très beaux .
- Une biodiversité exhubérante ! (Pixabay)
Le président avait d’abord promis une halte de la multiplication des impôts, mais il s’est vite contredit à la vue de la situation des finances nationales. Malgré l’élimination de bon nombre de dépenses superflues pour équilibrer les revenus de l’État, ces derniers mois le gouvernement insiste pour réaliser une réforme fiscale, vivement refusée par les principaux syndicats (fonctionnaires, enseignants, secteur de la santé, etc.). Le gouvernement veut aussi reculer le seuil de la retraite.
SOCIÉTÉ
Avant très homogène, le Costa Rica assiste à une transformation constante de sa société.
Pays mondialement reconnu pour le respect des droits de l’homme, il s’est vu dénoncer devant la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) pour le refus d’appliquer la fécondation in vitro. L’opinion publique est scindée en deux positions : refuser l’avortement considéré comme un crime envers un être humain ou l’accepter comme un droit des femmes. Le thème des droits de la population LGTBI est sujet à vive discussion.
L’immigration connaît deux dimensions dans la dernière année : l’une habituelle, en provenance surtout du Nicaragua et dont le nombre à présent atteint maintenant un quart de la population ; et l’autre extraordinaire, en provenance de pays africains dont les groupes de réfugiés payent des passeurs (appelés en espagnol des « coyotes ») pour arriver de manière clandestine aux EU et utilisent l’Amérique centrale comme un pont pour leurs trajets. Ils sont souvent trompés par les « coyotes » et abandonnés pendant le chemin, sans droit, sans secours, sans réponse. Le pays a pris en charge les réfugiés entrés sur le territoire, mais le coût de cette action humanitaire, bien qu’accepté au début par le peuple, a fini par déborder les capacités du pays.
- L’UNESCO récompense le Costa Rica (Ph : Flickr - Anita Gould)
CULTURE
Quatre sites au Costa Rica ont été reconnus par l’UNESCO sous la déclaration du Patrimoine culturel de l’Humanité, notamment l’île Cocos et les sphères indigènes de Diquis.
Le secteur culturel a subi une diminution budgétaire en 2015. Cette baisse touche des évènements tels que le Festival des Arts, le Festival de la Musique, la saison de concerts régionaux des orchestres, l’Atelier National de Musique, l’Atelier National de Théâtre et bien d’autres initiatives permettant l’accès à la culture chez les gens moins favorisés. Les spectacles étaient distribués tout le long de l’année pour assurer une tournée des artistes partout dans le pays. Avec cette réduction, les Ateliers nationaux ont beaucoup diminué leur présence, les orchestres et la musique ont supprimé de nombreuses présentations populaires et les artistes ont vu rétrécir leur temps de travail.
Dans l’industrie du film, des courts-métrages ont été projeté en France à Bordeaux cette dernière année dans un effort conjoint entre plusieurs partenaires pour faire connaître la production digitale.
Les concepteurs costariciens d’animation digitale sont recherchés pour leur qualité, au premier rang des pays des Caraïbes et de l’Amérique centrale. Ils souffrent de problèmes de financement et la concurrence de pays asiatiques qui travaillent à moindre coût. Ceci a freiné le développement. Mais, malgré tout, ils sont réputés et ils exportent leurs produits dans plus d’une vingtaine de pays. Le potentiel d’innovation est le premier au niveau latino-américain d’après le Forum Économique Mondial.
FRANCOPHONIE
Avec l’entrée du Costa Rica comme membre observateur de l’OIF fin 2014, la francophonie connaît un nouvel essor et le gouvernement s’intéresse plus aux échanges commerciaux, ainsi qu’aux conventions éducatives. La deuxième université en importance du pays, l’Université Nationale, a adhéré à l’Association des Universités Francophones (AUF). Presque au même moment, le Costa Rica était accepté à l’OIF.
Un accord pour l’équivalence des diplômes universitaires costariciens et français a permis plus de souplesse dans les conversations académiques entre universités pour établir des conventions et des échanges entre étudiants et enseignants. Bénéficiaire d’un pourcentage non négligeable de places dans le système de mobilité pour des assistants d’espagnol en France, le Costa Rica a envoyé depuis plus de vingt-cinq ans, environ une vingtaine d’étudiants chaque année (presque tous en filière d’enseignement du FLE) pour travailler dans différentes académies. Ceux-ci reviennent avec un perfectionnement linguistique bénéfique pour les élèves. Ces étudiants deviennent des enseignants qui ont une expérience de terrain. Au Costa Rica, le nombre d’élèves apprenant le français dans le système scolaire national atteint les 350 000, toutes modalités confondues.
Pour la première fois, en 2016, le ministère de ’Éducation publique a signé un accord de réciprocité, en accueillant deux assistants de langue française comme appui à l’enseignement bilingue (appelé par les Inspections de français EMILE-CR, une version costaricienne de ce dispositif)