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Espagne - Une année d’actualité - 2019

Espagne - Une année d’actualité - 2019

11 janvier 2020 - par Rosa de Diego  , Carmen Mata Barreiro 
Séville - © Flickr - Alph Thomas
Séville
© Flickr - Alph Thomas

Par Rosa de Diego

POLITIQUE

Pour faire le récit des événements de l’actualité espagnole pendant l’année 2019, je vais aborder trois épisodes : la crise institutionnelle du pays avec deux élections législatives, la situation en Catalogne et l’affaire des ERE en Andalousie.
La crise institutionnelle en Espagne

Une alliance entre le PSOE, les indépendantistes catalans et basques, et plusieurs autres forces régionales avait déposé le 25 mai une motion de censure contre le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, après la condamnation pour corruption de son parti, le Parti populaire (PP), qui a été remplacé à l’été 2018 par le PSOE de Pedro Sánchez. Les socialistes, pour accéder à diriger le pays, acceptaient de s’allier avec les différents partis adversaires de l’unité nationale, ce qui a été durement critiqué, non seulement par la droite, mais aussi par les socialistes eux-mêmes. C’est un gouvernement Frankenstein, d’après Roubalcaba, ancien ministre socialiste décédé dernièrement. Finalement, l’Espagne a eu des élections anticipées le 28 avril, car le pays vivait dans un blocage du budget lors de la dernière législature. Le parti socialiste a gagné les élections avec 28,5 %, 123 des 350 députés. Il n’avait pas la majorité suffisante pour gouverner et il a refusé de négocier un gouvernement de coalition avec Unidas Podemos, après l’exigence du chef de file de ce parti de gauche radicale, Pablo Iglesias, d’obtenir plus de pouvoir au sein du conseil des ministres. En plus, il aurait dû s’appuyer sur les indépendantistes de la gauche républicaine de Catalogne (ERC) pour compléter une majorité relative. Pendant les derniers mois, Pedro Sánchez s’est donc contenté de demander à Unidas Podemos, au Parti populaire (PP) et à Ciudadanos (centre droit) des « abstentions techniques » afin de débloquer la législature d’un gouvernement socialiste « en solitaire ».

Après plusieurs mois de divagations, de fausses négociations, voire des pantomimes, les Espagnols n’ont pas compris ce blocage : au mois de juillet, il y a eu une tentative d’investiture sans succès. Le roi d’Espagne, Felipe VI, ayant constaté l’incapacité des partis politiques à se mettre d’accord pour constituer un gouvernement, a convoqué de nouvelles élections pour le 10 novembre. Les quatrièmes élections en quatre ans (deux fois en 2016 et deux fois en 2019), ce qui est un signe de la crise institutionnelle qui paralyse le pays depuis l’irruption, il y a cinq ans, de 3 nouveaux partis sur le damier politique : la gauche radicale Unidas Podemos, la formation libérale Ciudadanos, et Vox à l’extrême droite, après des années d’un pratique bipartisme. Et tout cela sur un panorama de scandales de corruption, de crise économique et de montée de l’indépendantisme en Catalogne. Pedro Sánchez a été durement critiqué par Pablo Iglesias, pour son obsession à monopoliser un pouvoir absolu que les Espagnols ne lui ont pas donné. Et Pablo Casado, le président du Parti Populaire, a été lui aussi très dur avec le chef du Parti Socialiste : « Il n’est pas acceptable qu’un candidat demande tout en échange de rien ». 

Donc, six mois après les dernières élections législatives, le résultat n’a pas été meilleur pour pouvoir former un gouvernement stable : le Parti socialiste (PSOE) de Sánchez, qui espérait obtenir une majorité claire pour mettre fin au blocage politique du pays, remporte 28 % des suffrages et 120 sièges au Congrès des députés qui en compte 350 (trois députés de moins que lors des élections du 28 avril). Le Parti populaire (PP) obtient 21 % et passe de 66 à 89 députés. L’extrême droite, Vox, enregistre une hausse spectaculaire et passe de la cinquième à la troisième place dans le Parlement, avec 52 sièges, au lieu des 24 obtenus en avril. Ciudadanos s’effondre avec 10 sièges, soit 47 de moins qu’il y a six mois. Unidas Podemos reçoit 35 parlementaires au lieu des 42 du parlement sortant. Donc, ni le bloc de droite PP, Vox et Ciudadanos, ni celui de gauche PSOE, Unidas Podemos et sa liste dissidente Más País n’obtiennent la majorité absolue de 176 sièges sur 350. Et en plus, il faut signaler qu’il y a eu une évidente augmentation de l’abstention. La nouvelle configuration n’aide en rien à résoudre l’instabilité politique espagnole. Pedro Sánchez ne cache pas qu’il aurait préféré gouverner seul en minorité plutôt que de tenter de s’entendre avec Unidas Podemos après l’échec de leurs négociations l’été dernier. Il a plusieurs fois répété que les autres partis devraient laisser gouverner celui qui arrive en tête, avec leur abstention. Mais le président du PP, Pablo Casado, a exclu de faciliter un gouvernement socialiste. Une alliance des trois partis au centre du jeu, PSOE, Ciudadanos et PP, rassemblerait 218 sièges, une très large majorité du Parlement. Jamais expérimentée, cette « grande coalition » séduit les milieux économiques et d’affaires, mais elle est rejetée par les principaux acteurs, surtout par Sánchez lui-même. D’autre part, elle laisserait tout le jeu de l’opposition aux formations les plus radicales : Unidas Podemos à gauche, Vox à droite, ainsi que les formations indépendantistes en Catalogne. Une alliance parlementaire des formations de droite, entre PP, Ciudadanos et Vox, qui fonctionne dans de nombreuses régions et mairies, n’a aucune chance de fonctionner au Congrès des députés, sans majorité absolue, car aucune force régionale ne donnera ses voix à celles de Vox, qui propose de recentraliser l’Espagne et terminer avec l’état des autonomies.


Pedro Sánchez à dr) et Pablo Iglesias en grande discussion !

Le scénario du vertige des troisièmes élections ne peut être totalement écarté. Mais dans ce contexte, le Premier ministre sortant du PSOE et le secrétaire général d’Unidas Podemos, qui n’avaient pas pu trouver un terrain d’entente il y a moins de quatre mois, ont signé, le lendemain des élections, un surprenant préaccord de coalition, avec dix grands axes d’action. « Tout s’est fait de manière si improvisée et secrète… pour arriver à cette “déclaration d’intention” d’une “coalition impossible” », raconte le journal El País. L’image des deux hommes s’embrassant pour sceller leur entente a fait la Une de la presse. El Independiente signale, par exemple, que “les leaders de la gauche ont surmonté en quelques heures les obstacles qui avaient rendu impossible un gouvernement de coalition il y a quatre mois”. Pablo Iglesias, le leader d’extrême gauche, a déclaré que l’Espagne avait besoin d’un gouvernement stable, et qu’il fallait oublier les reproches. Il a offert au PSOE son appui : “Vous pouvez compter sur toute notre loyauté”. Pedro Sánchez a promis un “gouvernement progressiste” qui serait sans doute le premier gouvernement de coalition de l’histoire démocratique espagnole.

Pour le journal El Mundo, cette accolade de la honte démontre que Pedro Sánchez est un politicien sans scrupules et extrêmement cynique. Et en plus, signale le journal, Pablo Iglesias est un fervent partisan du droit à l’autodétermination et de la nationalisation du secteur bancaire. Plusieurs journaux de droite, comme ABC et La Razón parlent d’un gouvernement de coalition inquiétant et prédisent une coalition de courte durée ainsi qu’un désastre pour l’économie et l’unité de l’Espagne. Les socialistes espagnols, après avoir scellé rapidement un premier accord avec Podemos, sont toujours en train de négocier l’abstention des indépendantistes catalans. Même avec le soutien de plusieurs petits partis régionalistes et les nationalistes basques, l’investiture n’est pas garantie. La négociation est difficile avec le parti indépendantiste catalan ERC, car son chef, Oriol Junqueras, est condamné à 13 ans de prison pour son rôle dans la tentative de sécession de 2017. D’autre part, ERC vit des tensions avec son rival indépendantiste Ensemble pour la Catalogne (JxC) de Carles Puigdemont, qui s’est prononcé contre l’investiture de Pedro Sánchez. En tout cas, les Catalans exigent aborder la question de l’autodétermination pour appuyer un gouvernement du PSOE avec Podemos, ce qui est une ligne rouge pour les socialistes. Au moment de finir la rédaction de cet article, la situation reste en suspens.

La situation en Catalogne
Rappelons qu’au sein du gouvernement régional de la Catalogne, il y a deux formations politiques alliées, qui jouent un rôle important, Ensemble pour la Catalogne (JxC) de l’ancien président régional Carles Puigdemont qui veut la confrontation avec Madrid, et la gauche républicaine de Catalogne, ERC, d’Oriol Junqueras (actuellement en prison) qui a une approche plus modérée et favorable au dialogue avec le pouvoir central. Les deux formations sont alliées au sein du gouvernement régional. En Catalogne, après un référendum d’autodétermination interdit, il y a en prison douze dirigeants indépendantistes qui ont été finalement jugés pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, qui est sans doute la pire crise politique de l’Espagne depuis 40 ans. D’autre part, Carles Puigdemont, l’ancien Président de la généralité de Catalogne, a quitté la Catalogne en pleine nuit, déjà il y a deux ans, deux jours après avoir déclaré l’indépendance. Il habite actuellement à Waterloo, dans la banlieue bruxelloise, dans une belle villa nommée “la maison de la République”. Élu eurodéputé à distance en mai dernier, il n’a pas pu prendre possession de son siège, car on a bloqué son accréditation. Et s’il venait en Espagne, il serait automatiquement placé en détention provisoire avant son procès.


Carles Puigdemont présent bien qu’absent... mai 2019

Pourtant, depuis la Belgique, il continue de contrôler la politique catalane et il est en contact avec l’actuel Président catalan, Quim Torra. La grande manifestation annuelle des indépendantistes catalans à Barcelone, La Diada, qui commémore la chute de Barcelone en 1714 face aux troupes de Philippe V, a connu en octobre 2019 sa plus faible participation, depuis la première grande mobilisation indépendantiste en 2012. Alors qu’un million de militants séparatistes avaient parcouru les rues de Barcelone en 2018, cette dernière fois, ils n’étaient qu’environ 600.000, selon a police municipale. Et quelques jours plus tard, la justice espagnole a condamné à des peines de prison, entre 9 et 13 ans, aux dirigeants indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017, ce qui a provoqué de graves tensions dans la région. Pendant plusieurs jours de mobilisation, Barcelone a vécu de véritables scènes de guérilla urbaine entre manifestants et policiers. Des indépendantistes catalans ont bloqué l’aéroport de Barcelone, ont occupé et coupé plusieurs routes ainsi que la gare et les voies des chemins de fer. Des manifestations ont lieu à Gérone, Lleida, Tarragone ou encore Manrèse, répondant à l’appel à la mobilisation des Comités de défense de la République et du groupe Tsunami Democratic, d’un jour de grève générale en Catalogne. Le résultat de ces journées de violence : 51 personnes arrêtées en Catalogne après les manifestations contre la condamnation de dirigeants indépendantistes, 72 policiers régionaux et nationaux ont été blessés, conteneurs en feu, charges policières.

L’affaire des ERE en Andalousie
Dix-neuf anciens dirigeants socialistes d’Andalousie, filiale historique du Parti socialiste espagnol, ont été condamnés dans l’un des plus grands scandales de corruption en Espagne. Une condamnation compliquée pour le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez, dans une période où il essaie toujours de trouver les soutiens nécessaires pour devenir chef du gouvernement, après avoir gagné, mais affaibli, les élections législatives du 10 novembre, comme on vient d’expliquer en détail.
Dans cette affaire baptisée ERE (acronyme qui désigne les plans de restructuration de l’emploi), ces 19 anciens membres du gouvernement andalou et/ou de l’administration régionale ont été condamnés pour avoir donné dans la plus totale opacité des centaines de millions d’euros d’aides qui étaient destinés à soutenir et les salariés licenciés et les entreprises en difficulté. C’est ainsi que des personnes ou des entreprises, proches du PSOE et sans difficulté économique, ont reçu ces fonds, entre 2000 et 2010. Le principal accusé de ce procès, Manuel Chaves, baron du PSOE, plusieurs fois ministre et Président de l’Andalousie entre 1990 et 2009, a été condamné à 9 ans d’inéligibilité pour prévarication. Son successeur à la tête du gouvernement régional entre 2009 et 2013, José Antonio Griñán, a été condamné à une peine de six ans de prison et 15 ans d’inéligibilité pour détournement de fonds public. Cette affaire, qui avait éclaté en 2010 quand l’Espagne vivait une énorme crise financière, avait poussé José Antonio Griñan à la démission. L’affaire ERE a déjà eu des conséquences politiques en Andalousie. Puni par les électeurs, le PSOE a été renversé du pouvoir pour la première fois en Andalousie, une région qu’il dirigeait depuis 36 ans. Le Parti Populaire et les libéraux de Ciudadanos y ont pris le pouvoir grâce au soutien de l’extrême droite de Vox devenue depuis la troisième force politique au niveau national.

Finalement, le 7 janvier 2020, 167 députés ont voté pour l’investiture du socialiste, 165 contre et 18 se sont abstenus, de manière que Sánchez a obtenu la confiance pour former un gouvernement très minoritaire en coalition avec la gauche radicale de Podemos, après de longs mois de blocage politique.


Par Carmen Mata Barreiro

CULTURE

L’univers de la politique imprègne l’imaginaire culturel en Espagne en 2019. La préoccupation inhérente à la difficile constitution d’un gouvernement stable pour la gestion du présent et de l’avenir, le travail de mémoire sur le 80e anniversaire de l’exil républicain ou Retirada, et l’incontournable inquiétude sur l’érosion de la démocratie ou ce que des intellectuels appellent le « retour du monstre » (Traverso, Huyssen, Zelizer, Ribeiro, 2019) sont exposés et analysés dans les médias quotidiennement. Des expositions et des films les mettent en scène.

L’énergie féministe continue à féconder le monde de la culture, et la sensibilité écologiste accroît sa visibilité et cherche des voies pour communiquer son cri d’alarme. Et des voix puissantes de la culture francophone telles que Louise Dupré, David Diop et Kim Thúy nous poussent à accomplir le parcours de l’émotion vers la « commotion » (Didi-Huberman 2016, 432-433).

Culture politique : le « retour du monstre »
L’irruption du parti politique Vox, représentant une extrême droite xénophobe, misogyne et négationniste par rapport à la violence envers la femme, a contaminé la droite moins extrême et prône un modèle de société ancré dans des valeurs ultra-conservatrices et soumis à un autoritarisme agressif. La rhétorique du « nous » face à « eux, les autres » et la lutte obsessionnelle contre ce que leurs leaders appellent dictature progressiste et « idéologie du genre » constituent un moteur de tensions permanentes. La revue La maleta de Portbou, dirigée par Josep Ramoneda, a édité un numéro (novembre – décembre 2019) dans lequel Enzo Traverso, Andreas Huyssen, Barbie Zelizer et Nelson Ribeiro se focalisent sur le risque de l’autoritarisme postdémocratique et le retour des vieux monstres totalitaires.

Travail de mémoire, recherche et création : Guerre civile, exil, identités
Face au négationnisme et à l’incitation à l’oubli, constants et tenaces dans la pensée et l’action de l’univers idéologique des droites en Espagne, le travail de mémoire est mené et rendu visible par le monde de la recherche et de la création.

De remarquables expositions ont approfondi, en 2019, le drame de l’exil républicain espagnol de 1939. La Bibliothèque Nationale a présenté « L’exil républicain de 1939, 80 ans après », et le Ministère de la Justice en a organisé une autre, plus vaste, « 1939. Exil républicain espagnol  », dans l’espace de l’Arquería de Nuevos Ministerios (Madrid). Parallèlement à la dimension historique, politique et sociologique, ces expositions abordent le vécu des exilé. e. s dans la lutte contre l’Occupation nazie en France et dans des camps de concentration, l’apport des exilés aux pays d’accueil, à leur culture et à la vie universitaire de pays comme le Mexique, l’Argentine et les États-Unis. On y expose des œuvres d’écrivains comme Alberti, Max Aub et Jorge Semprún, de philosophes tels que María Zambrano, et de peintres comme Pablo Picasso, Fernández Granell et Maruja Mallo, et on se penche sur l’activité culturelle de l’exil dans les quatre langues de la République littéraire, à savoir castillan, catalan, galicien et euskera.

Sur le plan de la recherche, une série de congrès, colloques et journées a eu lieu dans plusieurs villes d’Espagne et dans différents pays, avec le soutien de l’équipe du GEXEL, le Groupe d’études sur l’exil dirigé par Manuel Aznar Soler, professeur à l’Universidad Autónoma de Barcelone. Parmi ces espaces de recherche et de débats, nous soulignerions le Colloque international « L’exil espagnol républicain et le champ littéraire francophone », organisé par l’Université Paris Nanterre en octobre 2019, et les Journées sur « Max Aub et les Arts », organisées par l’Universidad Autónoma de Madrid en novembre 2019.

Le cinéma a participé activement au travail de mémoire de la Guerre civile espagnole et de l’exil. Ainsi, les réalisateurs Alejandro Amenábar, avec Mientras dure la guerra (« Tant que la guerre durera »), et Eloy Enciso, faisant partie du « Nouveau cinéma galicien » (Novo Cinema Galego), qui, dans Longa noite (« Longue nuit »), convoque la littérature de l’exil et des lettres de condamnés par le franquisme pour comprendre ses traces et son héritage dans la culture, les mentalités et l’imaginaire.

En Galice, le parcours historique qu’investit l’exposition Galicia, un relato no mundo (« Galice, un récit dans le monde »), dans l’espace grandiose de la Cité de la Culture à Saint-Jacques de Compostelle (www.cidadedacultura.org), inclut le rapport de la Galice avec la II Guerre mondiale ainsi que la diaspora galicienne. Cette exposition explore la construction de l’identité galicienne en dialogue avec des cultures de l’Atlantique et de la Méditerranée, de l’Europe et de l’Amérique.

Olga Khokhlova par Picasso

Mémoire et création au féminin
Si la photographie et la poésie ont été les deux axes thématiques des expositions temporelles sur Picasso au Musée Picasso de Barcelone en 2019, CaixaForum Madrid a choisi d’aborder le rôle d’Olga Khokhlova, sa première épouse, dans son œuvre, et le regard de Picasso sur elle.

Au Musée Reina Sofía, une exposition sur Ceija Stojka, artiste rom née en Autriche et rescapée des camps de la mort du nazisme, constitue un témoignage exceptionnel sur le porrajmos, la persécution et le génocide des Roms en Europe. Dans le même musée, l’exposition Muses insoumises : Delphine Seyrig et les collectifs de vidéo féministe en France aux années 1970 et 1980 analyse l’interaction entre les histoires de cinéma, la vidéo et le féminisme en France.

Dans le cadre de la commémoration du Bicentenaire du Musée du Prado, l’exposition « Historie de deux femmes peintres : Sofonisba Anguissola et Lavinia Fontana » rassemble, pour la première fois, les travaux fondamentaux de deux femmes très importantes dans l’histoire de l’Art de la seconde moitié du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle qui ont été oubliées ensuite.


L’exposition Sofonisba Anguissola et Lavinia Fontana

Culture et francophonie : arts visuels et littérature
Différentes sensibilités et cultures cinématographiques francophones ont été représentées à la Ve Muestra de cinéma francophone, Encuentros/Rencontres, coordonnée par Carmen Mata et Alain Lefebvre, qui a eu lieu en mars 2019, à Cineteca (Madrid). La jeunesse et l’enfance, la femme et l’immigration (cf. L’homme qui répare les femmes, Fortuna, La belle et la meute, Et au pire on se mariera) en ont été les axes thématiques. Le réalisateur québécois Francis Leclerc a été l’invité du festival, et a présenté le film Pieds nus dans l’aube, adaptation libre du roman de son père, le grand chanteur et poète Félix Leclerc.



En ce qui concerne les littératures francophones, des conférences, des rencontres et un spectacle littéraire ont fait mieux connaître des auteur. e. s québécois. e. s remarquables. En avril 2019, dans le cadre du XXVIIIe Colloque de l’AFUE « Un certain regard. La langue française pour penser, appréhender et exprimer le monde », organisé par l’Universidad Autónoma de Madrid, le long poème Plus haut que les flammes, de l’écrivaine Louise Dupré, a été mis en scène par Rhizome, générateur de projets interdisciplinaires qui font participer la littérature, en tant que discipline artistique, à une démarche interdisciplinaire de création. Dans une mise en scène dépouillée, Louise Dupré, une des figures de proue de la littérature québécoise contemporaine, se fait lectrice et dialogue avec la musique (compositeur Nicolas Jobin) et les images (Jonas Luyckx).

Kim Thúy, écrivaine canadienne réfugiée, d’origine vietnamienne, a fait des conférences à Barcelone et à Madrid, dans des Universités et à la librairie Central de Madrid, et l’écrivaine amérindienne Naomi Fontaine a fait des conférences et des lectures à Madrid. Le Bureau du Québec à Barcelone et l’ANEL (Association nationale des éditeurs de livres du Québec) ont organisé en juin les « Rencontres Québec », des journées professionnelles et une Table ronde adressées aux acteurs du secteur du livre, des éditeurs, des traducteurs ainsi que des lecteurs passionnés de bonne littérature. Des représentants des maisons d’édition québécoises reconnues, Alto, La Peuplade, le Quartanier, Québec Amérique, Ta Mère et XYZ Éditeur, ont présenté des livres intéressants et susceptibles d’être traduits à l’espagnol.

Prix Goncourt Espagne 2019 : Ambassade de France et Universités espagnoles
Sept universités espagnoles ont participé à l’élection du Prix Goncourt Espagne 2019. Les jurys, constitués par des professeurs et des étudiants, ont évalué les quatre livres correspondant à la 3e sélection du Goncourt, et le 4 décembre, à la Résidence de France, les étudiants sélectionnés, accompagnés des professeurs référents, ont été convoqués pour la délibération finale. Le jury étudiant, présidé par l’écrivaine espagnole Carmen Posadas, et avec la présence de Pierre Assouline, représentant l’Académie Goncourt, a délibéré, et le lauréat a été Jean-Paul Dubois, auteur de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. À l’Institut français, dans la soirée du même jour, le lauréat du Prix Goncourt Espagne 2018, David Diop, a reçu le prix et a participé à un dialogue avec Pierre Assouline.

Culture et solidarité : Principes humanitaires
L’importance voire l’urgence de renforcer la sensibilisation et la réflexion sur les crises humanitaires dans le monde constituent le moteur de l’exposition « Principes humanitaires, Ici et Maintenant », organisée par l’Ambassade de Suisse, dans le cadre du 70e anniversaire des Accords de Genève, et présentée à CaixaForum Madrid.

Dans l’installation d’art contemporain, dix photographes suisses réfléchissent et illustrent des principes humanitaires : l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance. Le projet a été élaboré par l’Agence suisse pour le Développement et la Coopération (COSUDE), en collaboration avec le Musée de l’Élysée à Lausanne et le Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

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