- Juliette Gréco, au coeur de l’exposition.
- Ph : ZigZagthèque
Il se dégage de cette exposition un air de déjà vu, déjà entendu... L’affiche représentant Aristide Bruant et son écharpe rouge accueillant le visiteur ; les charmeuses photographies de Doisneau sur les murs ; Mistinguett, Piaf, Trénet et Renaud dans les oreilles... Au premier coup d’œil, on sait. Enfin, on croit savoir... et si tout cela n’était pas aussi simple, aussi convenu ?
Recommençons la visite ! Moins sceptique... Qui n’a pas siffloté ou massacré un air entendu ici ? Et si au-delà de la nostalgie qui nous conduit tous à écouter avec bienveillance et tendresse une chanson qui craque ou une qui nous rappelle les dimanches chez nos grands-parents ou encore une récente soirée arrosée il y avait un quelque chose de plus ? Ce qu’on pourrait appeler l’identité nationale ! Attention, terrain miné, diront certains ! Tant pis. Ici, nous parlons de celles et ceux qui de Moscou à New York, de Tokyo à Bamako, sont considérés par des océans de gens, toutes générations confondues, comme l’essence même de Paris et de la France. Oui, quoi qu’on en pense ce Paris qui s’exhibe sur les murs de l’expo et descend tout droit des enceintes est le Paris qui fait l’unanimité. Le Paris que viennent fouler tant de passants d’un jour... Quel touriste étranger ou venu d’une province française, n’a pas filé à Montmartre, place du Tertre, jeter un œil sur ce qui reste des mots des chansonniers ?
Unanimité pour les étrangers autant que pour les français de souche, voire même les français d’une souche moins directe, plus zigzagante ! Et savez-vous ce qui est encore plus admirable que d’écouter et de regarder... c’est de remonter le temps, de partir sur la piste des origines de ces artistes qui sont l’identité française : une est née dans le Missouri, un arriva d’Italie accompagnant ses parents antifasciste, deux autres originaires de Russie eurent une jeunesse bousculée par le nazisme, d’autres encore virent le jour en Kabylie, en Égypte ou à Monaco* ! Il serait malhonnête d’oublier les parigots « pur jus », comme Renaud mais comment passer sous silence Brel le Belge, Trénet le Narbonnais ou Mano Solo de Châlons-sur Marne !
- Mistinguett... toute une époque !
- Ph : ZigZagthèque
Tous autant qu’ils sont, ont chanté l’esprit frondeur réel ou fantasmé des parisiens, ils ont succombé aux mièvreries et outrances des amoureux, ils ont donné vie aux mauvais garçons et aux filles légères, ils ont embelli la Seine, agrandi la Tour Eiffel, fait vibrer les sabots des chevaux sur les pavés... Violence et tendresse, ombre et lumière, naïveté ou contestation, tout est là !
Si le Noir et Blanc est écrasant, constatons avec délice que la source n’est pas tarie. Louise Attaque, Les Garçons Bouchers, Zedess, Diam’s, Abd Al Malick ou Benjamin Biolay sont les dignes successeurs. À eux de faire en sorte que dans 50 ans, les amoureux chantonnent leurs airs et que les vacanciers traversent l’Atlantique ou la Méditerranée un refrain dans les oreilles !
- Des images comme si il en pleuvait !
- Ph : ZigZagthèque
* : Joséphine Baker,Serge Reggiani, Serge Gainsbourg, Jean Ferrat, Mouloudji, Moustaki, et Leo Ferré.