2016, année des élections présidentielles et parlementaires au Ghana, marque un tournant décisif dans la vie politique, économique et sociale de ce pays anglophone de l’Afrique de l’Ouest qui a été cité comme un modèle en matière de démocratie et de bonne gouvernance sur le continent africain suite aux efforts réalisés au cours de ces dernières décennies (Jacquemot, 2008). Au cours d’une année électorale, plusieurs décisions et mesures sont prises par les différents acteurs de la vie politique vis-à-vis des citoyens. Quelle que soit la nature de telles décisions, leurs incidences ne se limitent pas seulement aux sphères de la vie politique, mais s’étendent aussi au domaine de la vie économique et sociale du pays. Dans cet article, quelques évènements importants ayant marqué l’actualité ghanéenne sur les plans politique, économique et social entre juillet 2015 et juillet 2016 seront exposés.
- Le président John Dramani Mahama (Ph : Facebook Mahama)
POLITIQUE
Le Ghana ayant réussi le test de sa vie démocratique au cours des dernières années en organisant des élections libres et régulières, le gouvernement au pouvoir et la commission électorale du Ghana ont exprimé le souhait de continuer dans cette même dynamique lors des élections prévues pour le 7 décembre 2016. Au moment où la fièvre électorale prend de l’ampleur, des tensions montent entre les deux partis principaux de la scène politique ghanéenne, à savoir le NDC, « National Democratic Congress » dont le candidat est l’actuel président de la République du Ghana ; John Dramani Mahama et le NPP « National People Party » dont le candidat est Nana Akufo Addo. Alors que ces deux parties multiplient les stratégies pour convaincre la population ghanéenne à voter pour l’un ou l’autre, force est de constater que les politiques et les programmes proposés ne diffèrent pas beaucoup sur plusieurs plans. En attendant les élections de décembre 2016, rappelons qu’une des politiques phares du gouvernement Mahama est la mise sur pied d’un visa d’entrée à l’arrivée sur le territoire ghanéen destiné aux ressortissants de l’Union Africaine. L’octroi du visa de 30 jours aux ressortissants des pays africains leur permettra selon les termes du président Mahama : « d’expérimenter ce que le Ghana pourrait leur offrir ». Bien que cette nouvelle politique cherche à attirer d’éventuels investisseurs africains en vue d’établir des partenariats et de renforcer l’économie locale, il est important que le Ghana fasse des vérifications nécessaires concernant les personnes qui entrent sur son territoire. Cela est d’autant plus important que de nos jours aucun pays ne pourrait prétendre être à l’abri des menaces terroristes.
- L’énergie au coeur des difficultés de l’économie (Ph : NPA)
ÉCONOMIE
L’économie ghanéenne qui est dépendante du coût du pétrole et des matières premières sur les marchés mondiaux n’est pas à l’abri des différents aléas auxquels l’économie mondiale est confrontée. Avec la dépréciation du cedi qui s’accentue, ceci a des incidences importantes sur la vie quotidienne des Ghanéens. Certains secteurs de la vie publique se retrouvent pris au piège dans les effets engendrés par ces aléas économiques. Parmi les secteurs les plus touchés, l’énergie en est un. Étant donné que le secteur énergétique est un des moteurs de l’économie, un secteur énergétique peu développé et peu fiable a des répercussions sur la vie économique et sociale d’un pays. Depuis plusieurs années, le Ghana a connu des difficultés en ce qui concerne sa capacité de fournir sur une base régulière de l’énergie aussi bien à sa population ainsi qu’aux entreprises. Ce défi énergétique constituant un handicap au développement économique du pays a fait l’objet d’un accord particulier. En effet, le Ghana a bénéficié d’une subvention de 700 millions de dollars de la Banque mondiale pour développer le projet de gaz Sankofa. Ce projet innovateur en matière d’énergie propre et renouvelable pourrait servir de panacée aux problèmes de coupures d’électricité dans les années à venir. Ceci contribuera à stimuler les activités économiques, renforcer la productivité et encourager la consommation des ménages surtout ceux de la classe moyenne qui vivent dans les zones urbaines.
- Le coût de l’éducation en question (Ph : Flickr - EIFL)
SOCIÉTÉ
Sur le plan social, un des défis auxquels la société ghanéenne, comme d’autres pays voie de développement d’ailleurs, est confrontée est son incapacité à créer des emplois ou des emplois convenables aux milliers de jeunes diplômés. Par conséquent, beaucoup de diplômés sont au chômage. Cette problématique soulève plusieurs questions dont une concerne la formation de ces diplômés. La réalité est que les formations bien souvent post-secondaires ne favorisent pas toujours l’acquisition de compétences ou habiletés qui sont pertinentes sur le marché de l’emploi. Les politiques visant à rendre les formations plus pertinentes sont donc de mise, mais avant d’arriver à ce point il est important que tous les acteurs soient impliqués dans les discussions sur ce sujet. Par ailleurs, on constate qu’au niveau du cours secondaire, des efforts ont été réalisés afin de rendre l’éducation accessible aux personnes défavorisées et habitant dans des zones rurales. La politique progressive d’éducation gratuite a vu plus de 150 000 élèves bénéficier de cette initiative gouvernementale.
L’initiative consiste à prendre en charge des frais des élèves issus de milieux défavorisés. Bien que cette initiative soit à ses débuts, elle connait un grand succès à cause des couts colossaux engendrés par l’éducation des enfants surtout dans un pays où les parents qui n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarité de leurs enfants n’hésitent pas de les retirer de l’école par manque de ressources financières. Néanmoins, à long terme, ce programme contribuera à former la jeunesse qui est la relève de demain. C’est dans cette perspective que la politique d’investissement dans l’éducation des jeunes issus des milieux défavorisés remplit un double objectif. D’une part, d’un point de vue économique, les jeunes pourront contribuer de façon significative à l’économie du pays et aussi supporter leur famille lorsqu’ils auront obtenu un emploi. D’autre part, d’un point de vue social, cette politique à long terme favorisera une meilleure intégration sociale des jeunes issus des milieux défavorisés, ce qui contribuera aussi à réduire ou éliminer la délinquance juvénile ou la criminalité. Néanmoins, il convient de rappeler qu’en dépit des atouts reconnus à ce programme, on se demande s’il pourrait affecter tous les jeunes concernés étant donné que l’augmentation du cout de l’éducation au Ghana ces dernières années est préoccupante et par conséquent, beaucoup de jeunes se retrouvent dans la catégorie de personnes issues de milieux défavorisés.