POLITIQUE
Par Onésimo Sima Mba Oyana
La Guinée Equatoriale face à son destin
L’année 2016 a été marquée par la tenue de l’élection présidentielle en Guinée équatoriale, au mois d’avril. Un scrutin qui s’est notamment soldé par la réélection du président au pouvoir pour un cinquième mandat, le 28 avril : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Un septennat qui s’annonce décisif pour lui, puisqu’il s’agit de son dernier mandat présidentiel. Il n’entend pas « mourir au pouvoir » a-t-il affirmé lors de sa tournée nationale.
En dehors du Parti Démocratique de Guinée Équatoriale (PDGE) et des Citoyens pour l’Innovation (CI), d’autres formations politiques ont pris part à cette élection, à l’instar de la Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS) et l’Union Populaire(UP), pour ne citer que les principaux.
Quelques semaines après sa réélection à la magistrature suprême, le 24 avril, le président a (re) formé le gouvernement avec lequel il souhaite mener à bon port le peuple de la Guinée Équatoriale. Une équipe qui est constituée de 80 membres, à savoir un Premier ministre en charge de la coordination administrative, trois vice-premiers ministres, 31 ministres, 22 ministres délégués et vice-ministres et 23 secrétaires d’État.
- Pendant le scrutin présidentiel (Ph : guineaecuatorialpress.com)
L’investiture qui s’est tenue dans la ville de Sipopo, baptisée « la ville de l’union africaine », a compté avec la présence de bon nombre de chefs d’états africains qui sont venus assister leur frère et homologue équato-guinéen. Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National en France, était également présent lors de ladite investiture.
Par ailleurs, comme n’importe quel peuple du monde entier, celui de la Guinée équatoriale a aussi une histoire à raconter à ses fils et à ses voisins. Le 3 août 1979 constitue un temps fort sur l’évolution de ce pays d’Afrique centrale. Une date mémorable qui revêt plusieurs significations de par un fait historique : le « coup de la liberté ». Une opération qui était dirigée par l’actuel chef de l’exécutif, qui avait le grade de capitaine des forces armées à cette période-là. Trois ans plus tard, un conseil militaire s’est tenu et avait pour principal objectif d’instaurer un processus de démocratisation dans le pays. Chaque année, cet événement est commémoré dans un endroit différent du pays et c’est au Palais des Congrès et Conférences Internationales de Bata que la célébration a eu lieu en 2016.
ÉCONOMIE
Par Reginaldo Nguema Eba Owono
À l’aube d’une économie diversifiée
Le défi est considéré comme un propulseur majeur en Guinée équatoriale. Une Guinée équatoriale très ambitieuse sur tous les plans au point que le gouvernement en place s’est lancé le défi de faire de cette nation un pays émergent pour l’horizon 2020.
Malgré la chute du prix du baril de pétrole, principale voire unique source dont dépendait le pays, le gouvernement a décidé de diversifier son économie en développant les secteurs de l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture et de rentabiliser également le secteur minier et énergétique.
Depuis 2014, le ministère de l’Agriculture a mis à disposition des terrains pour développer le secteur agricole dans le pays. Cette initiative s’est concrétisée en juin 2016 par des crédits offerts par le gouvernement via une banque nationale, aux coopératives qui exercent dans l’agriculture et l’élevage, non seulement pour soutenir ces micro-projets mais aussi jouer le rôle de partenaire fiable.
Les secteurs minier et de l’énergie ne sont pas restés en marge de cette vision, puisque le gouvernement a récemment étendu sa production en gaz domestique à travers la Société Nationale de Gaz (SONAGAS) en construisant en août 2016 une autre usine d’approvisionnement en gaz dans la capitale économique du pays : Bata. Tout cela dans l’objectif de relancer l’économie nationale.
La Guinée équatoriale, c’est aussi sa superficie d’eau exploitable. Une commission nationale du ministère de la Pêche a soumis au gouvernement le 3 mars 2016 un projet de pêche qui se fera sous deux formes : artisanale et industrielle. Cela s’est concrétisé par le lancement de la construction d’un port artisanal dans la ville de Bata, chargé de conserver et de commercialiser le poisson. Ce port devrait ouvrir ses portes en 2017.
- Une économie en phase de diversification (Ph : Flickr - jorge alvaro manzano)
SOCIÉTÉ
Par Pilar Obono Maňana
Un nouvel élan dans l’éducation en Guinée équatoriale
La politique gouvernementale en matière d’éducation a remis en place pour cette année académique 2016 un système de primes de motivations destinées aux étudiants de l’Université Nationale de Guinée Équatoriale (UNGE) de la 1re à la 3e année de licence, dont la moyenne se situe au-dessus de 7/10. Une initiative qui a été reçue comme un encouragement de la part des étudiants bénéficiaires.
Pour l’enseignement secondaire, l’année académique 2016 a été un échec inquiétant pour l’avenir du pays puisque les résultats enregistrés au baccalauréat ont été catastrophiques : seulement 6 % de réussite.
De ce fait le ministère de l’Éducation pour cette année académique, 2016-2017 exige une réglementation et plus de rigueur d’abord par l’arrêt temporaire d’exercice de certains établissements privés et ensuite par la suspension définitive de classes de terminal dans des établissements privés et publics. Seuls les établissements de référence tels que Carlos luanga, Padre Sialó, Resurrección, Madre Catalina, Bisila, Misión, Lasalle de Lea, Colegio español ainsi que les centres éducatifs intégrés à l’ACEGE (Association des Centres Éducatifs de la Guinée Équatoriale) pourront continuer de proposer un enseignement jusqu’à la terminale.
En ce qui concerne l’enseignement primaire, pour faciliter les déplacements des élèves qui étudient loin de leur maison, un service de transport scolaire a été mis sur pied dans la ville de Malabo et bien entendu à Bata en janvier 2016. Cet heureux événement s’est concrétisé à travers une cérémonie d’inauguration des nouveaux bus scolaires où la présence des autorités du ministère de l’Éducation et science a été notée.
CULTURE
Par Suzana Da Rocha
L’année 2015-2016 a été marquée par l’ouverture de la Guinée Équatoriale vers d’autres communautés linguistiques et culturelles : la lusophonie, avec l’inauguration du siège de la CPLP à Malabo en juin 2015 et la 1e célébration de la journée de la langue portugaise et de la culture lusophone le 5 mai 2015, la culture anglo-saxonne avec la rencontre en juin 2015 entre l’Ambassadrice de Guinée Équatoriale au Royaume-Uni et le Directeur du développement économique de l’Université de Chichester pour discuter de la création d’un centre culturel britannique et enfin le monde sinophone, avec l’inauguration de l’Institut Confucius le 25 janvier 2016 à l’UNGE de Malabo.
La francophonie n’a toutefois pas été en reste : le français, 2e langue officielle du pays depuis 1998, reste néanmoins la langue la plus répandue dans le pays après l’espagnol. La diffusion de la langue française et des cultures francophones se fait à travers l’Institut français de Malabo et la Maison de la francophonie de Bata, inaugurée en novembre 2013 et mise à la disposition de la France par l’État équato-guinéen. À l’image d’une Alliance française ou d’un Institut culturel, le rôle de cette Maison de la francophonie est de promouvoir les cultures francophones et de proposer un enseignement de qualité. Depuis son ouverture, de nombreux événements culturels ont été proposés tels que la célébration de la langue française et de la francophonie en mars 2015 et 2016 et la Fête de la musique en juin 2015 et 2016. Également lieu d’échanges et de formation, la Maison de la francophonie propose des cafés linguistiques depuis janvier 2016 ainsi que des formations destinées aux enseignants de français de la partie continentale du pays et des diplômes internationaux de langue française.
La langue française en tant que vecteur de culture a également été mise à l’honneur dans les médias, à travers des émissions de télévision telles que « L’école championne », émission culturelle, éducative et de divertissement créée par Maiga Aboubacar en collaboration avec la Maison de la francophonie en avril 2015 à Bata ou encore des émissions radiophoniques telles que « Reggae vibration », relancée en 2015 et animée par Onésimo Sima Mba Oyana, qui a pour objectif d’introduire et de promouvoir le reggae en Guinée équatoriale.
- La Maison de la francophonie (Ph : Suzana Da Rocha)
Le cinéma à l’honneur
Du 23 au 28 novembre 2015, la capitale du pays a accueilli la 4e édition du Festival de cinéma itinérant Sud-Sud, organisée par la Direction générale des centres culturels et du cinéma, avec pour objectifs cette année de promouvoir le 7e art dans le pays et de faire revivre les tout premiers films équato-guinéens devenus cultes : « El limpiabotas », « El tesorero » ou encore « Consejo inmortal », de Bony et Kanuto Edjang.
La Guinée équatoriale a été source d’inspiration pour deux grands films espagnols : « Palmeras en la nieve », de Fernando González Molina, sorti en salles en février 2016 et « Los últimos de Filipinas », de Salvador Calvo, dont le tournage vient de se finaliser en mai 2016, tournés tous deux sur l’île de Bioko.
SPORT
Par Suzana Da Rocha
- Le taekwondo en pays ami ! Karim Oulachgar et ses troupes... (Ph : Suzana Da Rocha)
Tout le monde a entendu parler de l’organisation de la CAN 2012 et 2015 en Guinée équatoriale. Mais qui aurait pu parier qu’il y avait aussi une Fédération de taekwondo dans ce petit coin d’Afrique ? En 2016, cet art martial a été remis à l’honneur avec l’arrivée à Bata de Karim Oulachgar, 5e dan. À l’issue de divers échanges avec le ministère des Sports équato-guinéen, une association sportive rassemblant toutes les Fédérations de Guinée équatoriale verra bientôt le jour. Cette association nationale, qui a été baptisée « Djibloho Sport » (« Écho, qui sonne », en langue fang), comprendra dans un premier temps le taekwondo et le foot en salle. En attendant la finalisation des démarches juridiques de l’association, la Fédération de taekwondo est, elle, belle et bien active. Entre autres, Maître Karim propose des cours 3 fois par semaine à Bata. En mai 2016, à Malabo, s’est tenu une compétition coorganisée par la Fédération et l’Ambassade de Corée du Sud et a remporté un vif succès. De nombreux projets sont en cours de réalisation... préparez-vous à entendre parler de Maître Lorenzo Massoko, Ignacio Matala Evita, Jimmy et bien d’autres !