L’actualité guinéenne a été riche durant l’année écoulée. Les autorités ont enfin fixé la date des premières élections locales depuis plus de 10 ans. Sur le plan économique, le pays a obtenu le financement de son Plan national de développement économique et social en plus de relancer les activités des entreprises minières.
- Conakry - Ph :Flickr - Claude Robillard
POLITIQUE
Les élections locales très attendues fixées au 4 février 2018
La Commission électorale indépendante (Céni) a proposé la date du 4 février 2018 pour les premières élections locales depuis douze ans. Pour les réclamer, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté le 21 septembre à Conakry pour exiger l’organisation d’élections locales qui n’ont plus eu lieu depuis 2005. La manifestation a été dirigée par les principaux leaders de l’opposition. Elle s’est achevée par un meeting sur l’esplanade du Stade du 28 septembre à Conakry. L’opposition a accusé le président Alpha Condé d’être à l’origine de ce blocage.
Reportées à de nombreuses reprises, des élections à cet échelon auraient dû se tenir en février 2017, en vertu d’un accord conclu en octobre 2016 dans le cadre du dialogue politique national entre le pouvoir, l’opposition, la société civile et les partenaires internationaux de la Guinée. Mais depuis lors, les discussions sur le calendrier ont à chaque fois achoppé créant ainsi le mécontentement de l’opposition.
Alpha Condé évasif sur le troisième mandat
Interrogé lors d’un passage à Paris sur un éventuel troisième mandat en Guinée, Alpha Condé n’a pas répondu clairement à la question se limitant à indiquer que c’est le peuple qui décidera. Selon le chef de l’État guinéen, cette question n’est pas à l’ordre du jour pour le moment parce que c’est le respect des engagements pris avec le peuple de Guinée et la satisfaction de ses besoins qui l’intéressent.
Situation dans la ville de Boké
En plus de sa manifestation pour la tenue des élections locales, l’opposition a apporté son soutien aux habitants de Boké, qui protestent contre l’absence d’électricité depuis plusieurs semaines dans cette cité minière située à quelque 300 km au nord-ouest de Conakry. Des heurts dans ont fait au moins deux morts et des dizaines de blessés. Le responsable de l’Union pour la démocratie en Guinée (UDG), Dembo Sylla, a estimé que les manifestants de Boké sont dans leur droit de réclamer des services sociaux de base les plus élémentaires comme l’accès l’eau potable, à l’électricité et à l’emploi. Des sources hospitalières ont indiqué qu’à la fin de la manifestation, deux personnes ont été blessées par balles et ont dû être opérées d’urgence.
Des centaines de jeunes qui protestaient contre l’absence d’électricité à Boké ont incendié des bâtiments publics dans la ville voisine de Kolaboui, un important nœud de communication pour cette région minière. Tous les édifices publics, dont les bureaux de la sous-préfecture, la mairie, le poste de gendarmerie et la résidence du sous-préfet ont été mis à sac ou sont partis en fumée.
Arrestation de responsables syndicaux
Trois responsables syndicaux, Mohamed Doumbouya, Fodé Abass et Mohamed Kaba, à l’origine de la grève qui a paralysé les écoles publiques ont été arrêtés le18 novembre 2017. Le Syndicat Libre des Enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) qui demande la libération de leurs camarades arrêtés a indiqué que la grève continue tant que des négociations sérieuses ne seraient pas convoquées par le gouvernement.
- Conakry 2 - Ph :Flickr - Claude Robillard
ÉCONOMIE
Reprise des entreprises minières
Les deux principales entreprises minières de bauxite de la région de Boké ont pu reprendre leurs activités. C’est l’arrêt de l’exploitation de bauxite qui a été à l’origine des manifestations violentes pour réclamer un meilleur accès à l’électricité, à l’eau et au marché de l’emploi. Cette reprise est intervenue au moment où les autorités négociaient une sortie de la crise qui a paralysé l’activité économique de la zone.
Les compagnies minières présentes dans la région avaient dû arrêter leurs activités à plusieurs reprises. Parmi elles figurent deux entreprises importantes, la Société Minière de Boke-Winning Africa Port (SMB-WAP), un consortium guinéo-chinois et la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG). Ces deux compagnies produisent en tout près de 15 millions de tonnes de bauxite par an, soit pratiquement la totalité de la production nationale.
Signature d’un accord de 20 milliards de dollars entre la Chine et la Guinée
La Chine et la Guinée ont signé, le 6 septembre 2017, un accord-cadre prévoyant l’octroi de ressources minières guinéennes à des sociétés chinoises contre le financement d’infrastructures, à hauteur de 20 milliards de dollars américains. La somme est à décaisser progressivement entre cette année et 2036. En échange, la Guinée accordera des concessions minières à des entreprises chinoises.
À l’issue de la signature de cette entente, le ministre guinéen des Investissements et des Partenariats public-privés, Ibrahima Kassory Fofana, a indiqué que les « les entreprises chinoises qui se verront attribuer des permis et des conventions minières aideront à rembourser ce grand programme de financement pour la Guinée ». Parmi les projets prévus dans l’accord figurent une raffinerie d’alumine de China Power Investment Corp, et deux mines de bauxite pour Aluminium Corp of China (Chinalco) et China Henan International Cooperation Group. Ces trois projets seront situés près de la ville de Boffa à 200 kilomètres de Conakry.
Financement du Plan national de développement économique et social
Après deux jours de discussions entre le gouvernement guinéen et ses partenaires à Paris, les bailleurs de fonds ont accepté de financer le Plan national de développement économique et social (PNDES) pour la période 2016-2020. Les financements dépasseront les 20 milliards de dollars, beaucoup plus que les 14,6 espérés par la Guinée. Une partie de ce financement permettra de réaliser de grands chantiers comme le barrage hydroélectrique de Kaleta, la construction d’infrastructures routières et ferroviaires (notamment la partie guinéenne du chemin de fer Conakry-Bamako-Bobo Dioulasso), ainsi que des projets sociaux de base.
Le gouvernement critiqué pour sa gestion des mines
L’Indice de gouvernance des ressources naturelles, publié le 28 juin par l’ONG Natural Resource Governance Institute, classe la Guinée 63e sur 81 pays dans le monde. Le classement portant entre autres sur la gouvernance de l’attribution des droits d’extraction, la gestion des revenus, etc. est contesté par les autorités qui estiment la notation lacunaire. Dans un communiqué du 13 juillet 2017, le ministère guinéen des Mines et de la Géologie a dit constater avec regret que la plupart des informations divulguées sont en net déphasage avec la réalité du secteur minier guinéen et exige la correction « des erreurs relevées » et la révision du « score et du classement de la Guinée ». À titre de comparaison, la Guinée apparaissait au 33e rang de ce même classement en 2013, qui portait alors sur 58 pays. Ce pays est loin d’être le seul mal noté en Afrique par ce rapport. La majorité des pays du continent ont reçu des notes comprises entre « faible » et « défaillant ».
- Conakry 3 - Ph :Flickr - Claude Robillard
SOCIÉTÉ
Première édition du salon international du livre de jeunesse
La maison d’édition Ganndhal, a organisé la première édition du Salon international du livre de jeunesse pour fêter ses 25 années d’existence. Le livre consacré aux jeunes lecteurs a été au cœur des rencontres entre professionnels des lettres, les amoureux du livre et le public. Le directeur général des éditions Ganndhal, Elhadj Aliou Sow, a indiqué que cet événement exprime la volonté de la Guinée d’être une actrice majeure de la promotion de la lecture dans le monde. Les éditions Ganndhal ont raflé le prix de meilleur éditeur de livres de jeunesse lors de la Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne, en France.
Lancement des états généraux de la circulation routière en Guinée
Le président guinéen, Alpha Condé a procédé au début de ce mois de novembre au lancement à Conakry, des états généraux de la sécurité routière. Ces assises visent à limiter les accidents de la circulation qui ont fait près de 1700 morts en six ans dans le pays. La police routière a indiqué que 21 159 accidents de la circulation ont été enregistrés en Guinée entre 2010 à 2016 faisant, outre les 1700 décès, 5666 blessés graves et 5638 légers. Au total, 6662 véhicules ont été fortement endommagés contre 6145 véhicules légèrement alors que 7893 motos sont concernées par ces cas d’accident de la circulation.
Selon les spécialistes, ces accidents sont provoqués par le mauvais état des routes et des véhicules, le laxisme des chauffeurs et l’absence de panneaux de signalisation. Le Ministère de la Sécurité a été chargé de poser sans complaisance le diagnostic des maux qui minent la circulation routière en Guinée pour envisager des solutions à court et long terme, de faire respecter les normes de la CEDEAO comme le tonnage des camions, le nombre de litres par camion-citerne, les surcharges des véhicules et d’interdire de circulation à tout véhicule qui dépasse ces normes.
La CAF disposée à accompagner la Guinée à abriter la CAN 2023
Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad en visite en Guinée, a réitéré sa volonté d’accompagner la Guinée à organiser la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2023. Pour sa première visite en Guinée depuis son élection, Ahmad Ahmad a tenu un discours rassurant en rappelant que la CAF n’a jamais mis en doute l’attribution des CAN 2019 au Cameroun, 2021 à la Côte d’Ivoire et 2023 à la Guinée. Il a toutefois fait savoir que la CAF a le droit de s’inquiéter de l’organisation des coupes d’Afrique, parce que sa responsabilité sera engagée si celle-ci devait échouer.
Pourtant, peu après son élection à la tête de la CAF, certains pays du Conseil des fédérations de Football d’Afrique Australe (COSAFA) ont remis en cause l’attribution des trois futures CAN dont celle de 2023 à la Guinée. Ce à quoi le président de la Fédération guinéenne de football, Antonio Souaré, avait répliqué que la Guinée serait bien en mesure d’organiser sa CAN à la date indiquée.
SOURCES :
Agence de presse africaine
jeuneafrique.com
guineematin.com
guineenews.org