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HAÏTI - Retour sur l’année 2016-2017

HAÏTI - Retour sur l’année 2016-2017

31 octobre 2016 - par Fritz Calixte 
Haïtiens, toujours forcés à rebondir ! - © Flickr - Bradjward
Haïtiens, toujours forcés à rebondir !
© Flickr - Bradjward
Tout bouge mais rien ne change (Ph : Flickr - Andre Luis Felicio)

La longue attente du changement

Haïti, tout bouge, mais rien ne change. La formule résume à elle seule toute l’année politique, économique, sociale et même climatique du pays. Dans le dernier article publié dans l’Année Francophone Internationale, Haïti se battait dans un dédale électoral dont il peine à trouver l’issue. Un nouveau président élu aurait dû prendre domicile au palais présidentiel en février 2016. En lieu et place, c’est un énième président provisoire, le 52e en deux cents ans, qui a été investi. 2015 et maintenant 2016 ont connu une succession de rendez-vous électoraux manqués jusqu’à atteindre le vide politique. Comment a-t-on fait pour arriver à ce point ?

Voilà trente que le petit pays des Caraïbes cherche la stabilité. En 2017, la constitution haïtienne aura trente ans. Jamais une constitution n’avait tenu aussi longtemps en application. Cette charte avait prévu un seul conseil électoral provisoire qui devait déboucher sur un conseil électoral permanent et ainsi garantir l’organisation régulière des élections. Rien de tout cela ne s’est déroulé comme prévu. Du départ des Duvalier à aujourd’hui, le pays a connu plus d’une vingtaine d’organismes électoraux provisoires et les élections sont les unes plus mal organisées que les autres au point où chaque scrutin est suivi d’une crise de contestation plongeant le pays dans plus de difficulté.

La nouveauté des deux dernières années est le fait que la crise n’a pas attendu la réalisation des élections. Elle est arrivée avant même les joutes. Des partis de l’opposition à l’ancien président Michel Martelly ont commencé à contester la crédibilité des différents conseils électoraux mis sur pied par ce dernier avant leur installation. Aucun compromis n’a pu être trouvé à temps pour la réalisation des élections selon le calendrier politique. Le pays a accumulé un retard considérable. En 2015, la chambre des députés et celle des sénateurs n’étaient plus opérationnelles. Le pouvoir législatif, déjà improductif, était devenu tout simplement caduc. Parallèlement à cette lente descente dans le vide institutionnel, des élections présidentielle et législative ont pu être programmées pour le 9 août 2015 et le 25 octobre 2015 après moult tergiversations et grâce à un accord de dupe entre gouvernement et opposition.

Chacun avait pipé les dés de son côté et espérait remporter la victoire. Mais c’était sans compter avec les contestations de part et d’autre et le refus de l’opposition d’aller à un deuxième tour qu’elle savait perdu d’avance. Le pays n’a pas eu d’autre choix que de valider partiellement une législative tout aussi contestée que la présidentielle. La date du 7 février 2016 arriva et le départ du président Martelly fut acté. C’est dans les rangs des parlementaires qu’est sorti Jocelerme Privert. Il est passé du fauteuil de président de l’Assemblée nationale à celui de nouveau président provisoire pour un délai de 90 jours avec le mandat de relancer le processus électoral et passer l’écharpe présidentielle à un nouveau chef d’État, mais élu par le peuple cette fois-ci. Les 90 jours sont passés et Jocelerme Privert donne rendez-vous au pays à février 2017 pour transmettre le pouvoir à un nouveau président. Il sera resté une année au pouvoir.


Jocelerme Privert, un président provisoire depuis un certain temps... (Ph : présidence haïtienne)

Autre fait nouveau, la communauté internationale qui avait coutume de payer à grands frais les élections haïtiennes a décidé, États Unis en tête, qu’elle ne dépenserait pas un centime pour les prochains scrutins. À charge pour les Haïtiens de régler la facture de leur élection. Dans ce contexte de crise politique interminable, l’économie du pays est plus que moribonde. La production est au plus bas. Les exportations souffrent. Pour couronner le tout, on découvre que les anciens responsables ont dilapidé les Fonds issus de la coopération Pétro-Caribé. Cette manne que le Venezuela a alimentée en déversant du pétrole à crédit sur Haïti pour financer des travaux d’infrastructures. Sauf qu’au temps de Martelly, cet argent a servi à autre chose. L’ironie de cette histoire est que la personne qui a enquêté sur l’utilisation des Fonds Pétro-Caribé n’est autre que Yourie Latortue, ancien conseiller de l’ancien président Martelly, neveu de l’ancien Premier ministre Gérard Latortue au temps du gouvernement provisoire de 2004 à 2006.

Pour l’heure, ce sont des élections prévues pour le 9 octobre 2016 qui viennent d’être renvoyées. Mathew, le dernier ouragan qui a touché l’île a terriblement dévasté toute la partie sud du pays. Douché par l’expérience de la gestion de l’aide internationale après le tremblement de terre de 2010, le pays cherche à éviter la répétition des mêmes erreurs. On se souvient qu’à l’époque plusieurs organismes internationaux ont collecté des dons pour le pays, mais ne l’ont pas distribué convenablement. De tous les organismes, la Croix rouge américaine est celle qui s’est fait prendre. Des parlementaires américains ont enquêté. Celle-ci a reçu un demi-milliard de dollars pour Haïti, mais n’a réparé ou reconstruit que 6 maisons en Haïti.
En 2016, cette fois-ci, après Mathew, l’État tente de maîtriser la gestion des aides. Le problème cette fois-ci est le manque de compétence pour la gestion de l’aide et l’urgence des besoins de la population sinistrée.


Matthew, dernier fléau en date (Ph : Flickr - Commission européenne)
Fritz Calixte
Docteur en philosophie Université de la Sorbonne
calixte_f@yahoo.fr

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