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LA DOMINIQUE - Retour sur l’année 2016-2017

LA DOMINIQUE - Retour sur l’année 2016-2017

31 octobre 2016 - par Jean-Yves Bonnaire 
 - © Flickr - Scottmontreal
© Flickr - Scottmontreal
Erika dévaste la Dominique

Une île meurtrie par le passage de la tempête tropicale Erika fin août 2015

Ce phénomène météorologique exceptionnel qui a prévalu par l’intensité des précipitations a causé la perte de vies humaines et de considérables dégâts aux infrastructures et aux habitations évalués à 1,3 milliard de dollars des Caraïbes de l’Est. Ce chiffre correspond quasiment à une année entière de Produit Intérieur Brut ; il donne la mesure de la catastrophe pour une île de 68 000 habitants.
Le Premier ministre Roosevelt Skerrit a estimé que son pays avait reculé de 20 ans et que la reconstruction allait être lente, difficile et coûteuse. L’aide internationale d’urgence a été effective dans les jours et semaines ayant suivi l’événement avec une mention particulière pour les territoires et nations de la Caraïbe, départements français d’Amérique compris, qui se sont remarquablement mobilisés durant plusieurs semaines.
Cependant, l’année écoulée a donné raison au Premier ministre, les dons n’ayant représenté au 30 juin 2016 que 46 millions de dollars des Caraïbes de l’Est. Si les stigmates de la catastrophe disparaissent peu à peu, de nombreuses personnes déplacées continuent à vivre dans des conditions précaires, les infrastructures routières restent à reconstruire en grande partie et l’économie tourne au ralenti.

Le traumatisme généré par ce phénomène mettra sans doute de nombreuses années à s’effacer des mémoires. Cet événement tragique a confirmé si besoin en était la très grande vulnérabilité des petites îles états de la Caraïbe aux phénomènes climatiques extrêmes et au changement climatique d’une manière générale.

POLITIQUE

Le Dominica Labor Party conserve brillamment la circonscription de Pointe-Michel/Soufrière/Scotts Head

La vie politique a été marquée par la démission en cours de mandat du représentant parlementaire de la circonscription sud-ouest de l’ile pour des raisons personnelles. Denise Charles a permis au DLP de conserver la circonscription en remportant brillamment la législative partielle du 7 juin 2016.
Les élections générales n’étant pas constitutionnellement dues avant 2019, le débat politique semble être retombé en intensité et les passes d’armes entre le parti au pouvoir et l’opposition parlementaire restent confinées aux sessions parlementaires.


Le tourisme "peut mieux faire" ! (Ph : Flickr - Cycling man)

ÉCONOMIE

Erika a détruit des pans entiers de l’économie dominiquaise

Le Premier ministre Skerrit a présenté le budget 2016-2017, le premier post-Erika, le 27 juillet dernier sur le thème « Bâtir une Dominique plus résiliente ».
Ce budget a été présenté quelques jours après le vote du BREXIT par une majorité des citoyens du Royaume-Uni et le Premier ministre n’a pas manqué de mettre en lumière les risques induits pour les économies des ex-colonies des Caraïbes pour lesquelles les transferts des populations émigrées, parfois depuis plusieurs générations, continuent à représenter des sommes très importantes.
Un budget global de 718, millions de dollars des Caraïbes de l’Est dont 566,7 millions de dollars de recettes courantes a été présenté. Alors que tous les indicateurs montraient que le pays se dirigeait vers une croissance de + 2,4 % pour 2015, les conséquences du passage d’Erika ont finalement conduit à une contraction du PNB de – 3,9 %. Le gouvernement prévoit une reprise à + 1,3 % de croissance en 2016.
Au 30 juin 2016, la dette s’établissait à 1,055 milliards de dollars de Caraïbes de l’Est. Cette dette représentait 77,8 % du PNB et le service de la dette représentait 22,6 % des revenus récurrents.
L’agriculture avait compté pour 11,5 % du PNB en 2015, mais ce secteur continue à décliner en raison de difficultés croissantes de certaines productions telles que la banane. Les exportations restent impactées par l’inadéquation des moyens maritimes existants.

En 2016, le gouvernement prévoit une croissance du secteur de 0.3 % marquant les progrès du secteur de l’élevage. A ce titre, le gouvernement a mis en service un abattoir moderne réalisé grâce à l’aide à la coopération vénézuélienne. Des projections encore plus optimistes prévoient un rebond de plus de 6 % du secteur agricole en 2017.
La mise en service de bâtiments de tri et d’emballage financés par l’Union européenne devrait progressivement permettre d’accroître la qualité des productions agricoles de la Dominique.
L’Union européenne a également financé la modernisation de chemins agricoles et forestiers qui devrait faciliter l’accès aux parcelles de terrain situées à l’intérieur des terres.

La pêche reste un secteur en devenir et les captures ont été plus faibles en 2015 que l’année précédente. Le gouvernement prévoit une reprise de ce secteur en 2016 sans toutefois avoir détaillé un plan d’action permettant d’atteindre cet objectif.

Le secteur de la construction sera le grand bénéficiaire de la période post-Erika. Dans un premier temps, le secteur a beaucoup souffert des conséquences de la tempête tropicale, car de nombreux projets ont été suspendus ou annulés. Dans les mois qui ont suivi le passage de la tempête, le gouvernement a lancé plusieurs projets qui ont bénéficié à ce jour aux entreprises locales en très grande majorité. Une entreprise chinoise vient de commencer la construction d’un hôpital moderne pour un montant de 40 millions de dollars US, ce projet, un don de la République Populaire de Chine correspond au dernier volet de l’accord de coopération sino-dominiquais conclu au début des années 2000. La reconstruction des infrastructures et habitations post-Erika et de nouveaux projets hôteliers semblent donner un nouveau souffle au secteur dont le gouvernement attend une croissance de + 26 % en 2016.

Le secteur du tourisme a également beaucoup souffert de la tempête, l’aéroport principal de l’île étant resté fermé au trafic pendant plusieurs semaines après les événements. Certains établissements hôteliers ont été affectés. Un éco-hôtel de renommée internationale situé sur la zone sud-ouest de l’île a été complètement détruit. Cependant, le secteur a de nouvelles perspectives avec le début de la construction en juin dernier d’un hôtel de luxe dans le nord qui mettra 160 chambres de plus sur le marché en 2018. Cet équipement est financé par le programme de citoyenneté économique par l’investissement. D’autres projets hôteliers ont été annoncés grâce à ce mode de financement. Ces projets sont une opportunité pour faire décoller le tourisme de séjour, mais l’accès au pays reste pour le moment une contrainte forte. La formation des employées reste également un sujet de préoccupation. Le secteur de la croisière reste pénalisé par un manque de renouvellement des produits touristiques et le manque d’attractivité de Roseau la capitale. Le tourisme de croisière est une activité fortement saisonnière qui génère pour les prestataires et l’Autorité portuaire des écarts de revenu mensuel très pénalisants.

Le secteur manufacturier a été très durement touché par Erika. Plusieurs unités industrielles, dont Dominica Colgate Palmolive ont dû être fermées. Ces fermetures ont également touché la seule rhumerie agricole de l’île et l’usine de production d’huiles essentielles de bois d’inde de Petite Savane dans l’est du pays. Le secteur des carrières a cependant vu ses perspectives de marché s’améliorer fortement grâce aux nombreux travaux de reconstruction qui commencent à voir le jour.

L’ile nature (Ph : Flickr - Göran Höglund)

SOCIÉTÉ – FRANCOPHONIE

L’emploi au cœur des priorités d’une société plus exigeante

Les Dominiquais continuent à souffrir d’une économie atone offrant peu de perspectives d’emploi à une population jeune et à présent mieux formée. Le gouvernement a maintenu son programme d’emploi jeune aidé (National Employment Program) qui est à présent financé par les subsides du programme de citoyenneté économique par l’investissement. Le secteur privé reste marginalement générateur d’emplois.

La légendaire bonne humeur est écornée (Ph : Flickr - Göran Höglund)

D’une manière générale, la légendaire joie de vivre dominiquaise dans l’île nature des Caraïbes semble être quelque chose du passé. La jeunesse est plus ouverte à son environnement caribéen et au monde grâce aux facilités à voyager et grâce à l’explosion des réseaux sociaux.

La francophonie n’a pas semblé souffrir de ce contexte difficile. L’année écoulée a vu de nombreuses et traditionnelles manifestations culturelles, éducatives, sportives, économiques et politiques mettre en valeur l’importance de la langue et la culture françaises en Dominique. Cependant, le Créole Music Festival un lien traditionnel entre la Dominique et ses deux voisines françaises qui a lieu chaque fin octobre a été annulé en 2015, toujours en raison des dégâts causés par la tempête tropicale Erika.

La Dominique a rejoint 79 autres pays autour du monde pour célébrer le mois de la francophonie en mars 2016.
La semaine française a été organisée du 14 au 20 mars 2016 avec des expositions dans toutes les écoles de l’île montrant les réalisations des élèves.
Le 20 mars 2016 a été organisé le concours annuel de «  mademoiselle francophonie » entre des écoles primaires du pays au cours duquel un certain nombre de pays francophones ont été mis à l’honneur. Ce concours a été organisé par l’Alliance Française, le comité de la francophonie et le ministère de l’Éducation.
L’école de primaire de Goodwill sur les hauteurs de Roseau a organisé pour la première fois un festival français au cours duquel les professeurs de français ont été récompensés. Une attention particulière a été portée aux pionniers qui continuent à se battre pour l’apprentissage du français dans les écoles de la Dominique. Dans cette école a aussi été organisé un concours de cuisine française. Une trentaine d’élèves et leurs parents ont pu participer à cette compétition que le ministère de l’Éducation espère organiser chaque année. Le représentant du ministère des Affaires étrangères a annoncé que l’école allait être équipée d’une nouvelle salle de français à partir du 26 mars 2016.
Au vu de l’intense activité générée par le mois de la francophonie, il est évident que l’apprentissage et l’usage du français restent vivaces en Dominique.
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Jean-Yves Bonnaire
Chef d’Entreprise (Industrie)
jybonnaire.css@cwdom.dm

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