Il est de plus en plus fréquent d’écouter, ces dernières années au Brésil, la langue française parlée de façon spontanée, entrecoupée par des mots de créole haïtien ou en alternance avec cette autre langue officielle d’Haïti. Cela s’explique par l’arrivée de centaines de milliers d’Haïtiens après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a laissé plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 de sans-abris dans le seul territoire francophone indépendant des Caraïbes.
En espérant trouver du travail pour reconstruire leurs vies, les Haïtiens entrent par l’extrême nord du Brésil pour s’installer dans les grandes capitales du sud-est, telles que São Paulo, ville qui rassemble aujourd’hui autour de 40.000 Haïtiens.
Mais São Paulo est une grande ville cosmopolite qui, ayant reçu des migrants de différentes nations pendant toute son histoire, s’est habituée aux parlers les plus inattendus. Beaucoup plus inouï c’est de rencontrer des Haïtiens en plein cœur de l’Amazonie, à Manaus, par exemple, capitale de l’État de l’Amazone, le plus grand des états brésiliens en superficie (1 664 000 km2), mais avec une faible densité démographique (3 807 923 habitants au total, soit 2,62 habitants par km2, la moyenne nationale étant de 25 hab./km2), ce qui s’explique par la présence de la forêt amazonienne dans une grande partie de ses terres.
Manaus a toujours été une étape de passage pour les migrants : selon le CSEM (Centre Scalabrinien d’Études Migratoires, publication du 25/10/2017), 11.000 Haïtiens sont passés par la capitale amazonienne entre 2010 et 2017 pour aller s’établir dans d’autres régions du Brésil, mais un nombre considérable y est resté. Dans leur grande majorité, ce sont des hommes qui travaillent de manière informelle dans le commerce, en vendant des vêtements, des glaces et des produits divers. « Ce sont des gens vraiment bosseurs, qui arrivent à s’en sortir avec de petits boulots au début et qui très vite ont déjà une situation plus sûre », nous explique le serveur d’un restaurant de Manaus à propos des Haïtiens. Son admiration par la capacité qu’a cette population de refaire sa vie, n’efface pourtant pas la difficulté de tout recommencer dans un pays étranger, surtout dans un pays qui a encore beaucoup de problèmes économiques et sociaux, où les noirs souffrent toujours de la discrimination et du racisme.
Pour mieux comprendre la présence haïtienne à Manaus, les professeurs de français Fabrício Vasconcelos, Angélica Pires et Styphanne Leite ont interviewé, en 2019, des Haïtiens résidant depuis quelques années dans la capitale manuara — comme Marie Micheline Desmornes — et des représentants de deux institutions qui les accueillent : la coordinatrice de la Pastorale des Migrants, Rosana Nascimento, et les pasteurs Frank et Josette Sénatus, membres de la congrégation évangélique Vie en Abondance). L’enseignante brésilienne de français Eziane Costa e Silva a, elle aussi, participé à la conversation et a affirmé quelque chose de très important pour l’intégration des Haïtiens dans la ville : « La langue française est notre lien », lien avec tous ceux qui parlent français à Manaus, lien entre les Haïtiens eux-mêmes. Leurs témoignages nous montrent la force de ce peuple, l’importance du travail pour eux, la présence de l’église dans leur lutte pour survivre et aussi leurs difficultés à Manaus actuellement, comme on le verra ci-après.
Les raisons qui poussent les personnes à abandonner leur pays et, en général, leurs familles, sont diverses : crises politiques, persécutions religieuses, guerres civiles, catastrophes climatiques, ce qui entraîne la famine et les épidémies. Haïti, première République noire indépendante du monde (1804) n’a jamais eu une situation politique facile : obligé à payer pour son indépendance (dette qui a entravé son développement pour toujours), ce pays a connu des coups d’État divers, une domination américaine (1915-1934) et la dictature de la dynastie Duvalier (Papa et Baby Doc, de 1957 à 1986) qui l’a ruiné. Jusqu’en 2004, le pays a vécu sous une grande instabilité politique, avec des gouvernements élus et déchus en très peu de temps, et les milices dans les rues. Quand tout semblait relativement tranquille, l’île a subi son plus grand séisme, le 12 janvier 2010, avec des centaines de milliers de morts et plus de trois millions de personnes sans-abri. La même année, en octobre, une épidémie de choléra a éclaté, en faisant plus de quinze mille morts en deux ans. En 2016, l’ouragan Matthew a frappé le pays, encore très fragilisé par le tremblement de 2010.
Le Brésil a un lien très fort avec Haïti, les deux pays ont des relations diplomatiques depuis 1928. En 2004, suite à la révolte populaire contre le président Jean-Bertrand Aristide, le Brésil, sous la présidence de Luiz Ignácio Lula da Silva, autorise l’armée brésilienne à intégrer la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Les militaires brésiliens y sont restés jusqu’en 2017 et ont participé à la reconstruction après le séisme de 2010, année pendant laquelle le Brésil a envoyé une importante aide financière au pays caraïbe. Tous ces liens ont, sans aucun doute, influencé la décision d’un grand nombre d’Haïtiens, surtout après 2010, de venir s’installer au Brésil, qui avait, à l’époque, une très bonne situation économique et une grande et positive visibilité mondiale. Tout en étant volontaire, ce type de migration est considérée comme une « migration de crise », selon Baeninger et Peres (2017), c’est-à-dire, il s’agit d’un phénomène historique construit socialement dans le pays d’origine, qui comprend un grand nombre de personnes obligées à quitter ce pays, mais d’une façon très différente des réfugiés politiques et des apatrides qui, pour cette raison, passent par une sélection limitant leur entrée dans d’autres territoires. Comme nous le verrons ensuite, grâce au visa humanitaire concédé aux Haïtiens le Brésil ne limite pas leur entrée dans le territoire brésilien.
Une difficile arrivée, une dure, mais possible intégration
À part quelques programmes brésiliens qui permettaient aux Haïtiens d’entrer dans le pays de façon documentée, tel que le Programme d’Urgence en Éducation Supérieure Pour-Haïti-Graduation, créé en 2011 par le gouvernement de Dilma Roussef, et qui offrait des bourses d’études pour les étudiants universitaires, la plupart des ressortissants d’Haïti sont entrés au Brésil de façon illégale au début, car ils ne répondaient pas aux critères du Comité National pour les Réfugiés. Ce n’est en 2018 que le gouvernement brésilien a décidé d’accorder aux Haïtiens un traitement prioritaire pour des objectifs humanitaires, leur concédant un visa pour une résidence temporaire de deux ans pouvant devenir permanente, avec le permis de travail et le droit à la santé et à l’éducation brésiliennes.
Les portes d’entrée au Brésil sont les états de l’Acre (par les villes d’Assis Brasil et Brasileia) et de l’Amazone (par la ville de Tabatinga), les deux situés en Amazonie. D’après le gouvernement de l’Acre, depuis décembre 2010, environ 130 000 Haïtiens sont entrés par la frontière de cet état et le Pérou, parfois en payant très cher à des passeurs. En général, il s’agit d’un passage territorial, vu que les grands centres urbains du pays, tels que Sao Paulo, Paraná, Santa Catarina e Rio Grande do Sul, sont les destinations les plus recherchés. Cependant, un bon nombre d’Haïtiens reste dans la région nord et l’on estime à 3000 ceux qui résident aujourd’hui à Manaus, selon la Pastorale des Migrants de la ville.
Venus seuls dans leur grande majorité, les Haïtiens (la plupart des hommes ayant en moyenne 31,7 ans) ont comme premier but celui de travailler pour envoyer de l’argent à leurs familles et après pouvoir les faire venir au Brésil :
« Les Haïtiens viennent au Brésil pour travailler. C’est leur objectif primordial. Ils vont même emprunter de l’argent pour pouvoir venir, s’endetter pour ça, prêts à tous les sacrifices. Ils peuvent faire n’importe quoi, mais s’ils ne trouvent pas de travail, ils rentrent », affirme le groupe interviewé, qui se sent très bien accueilli à Manaus :
« Pour nous, le Brésil est un vrai pays d’accueil. Les Brésiliens parlent beaucoup avec nous, veulent savoir des choses sur notre pays, et disent souvent que nous, les Haïtiens, nous aimons travailler, ils nous félicitent même pour ça. On peut dire que les Manauras sont des Haïtiens tellement ils s’aiment ! »
Ceux qui n’ont pas de formation vendent, de façon informelle, des marchandises diverses – fruits, bonbons, glaces. Des glaces, d’ailleurs, fabriquées à Manaus par une coopérative créée grâce au don d’une ville brésilienne à l’église de São Geraldo à Manaus et gérée par Jean Wilkenson Justin, jeune Haïtien d’une trentaine d’années. En 2015, l’Haitidelícia employait 30 Haïtiens et produisait 1.500 glaces par jour aux parfums locaux (cupuaçu, açaí et buriti, entre autres).
Ceux qui ont une formation technique travaillent dans plusieurs domaines de l’économie, mais surtout le bâtiment, les services de réparation et de ménage, dans des entrepôts divers. Quand ils maîtrisent la langue française, en plus du créole, ce sont les secteurs hôteliers et gastronomiques qui les embauchent le plus. Les Haïtiens qui vivent au Brésil, ainsi que ceux vivant dans d’autres pays, envoient systématiquement de l’argent à leurs familles. Selon Magalhães (2017:240, apud BAENINGER et PERES, 2017:136), Haïti a reçu de ses ressortissants migrants, en 2012, l’équivalent à 22 % de son Produit Interne Brut (PIB).
Dans le groupe interviewé, Micheline Desmornes, veuve, mère de trois enfants restés en Haïti, est un exemple de ce qui a été décrit ci-dessus : enseignante de français et de biologie en Haïti, elle arrive à payer pour l’éducation et la santé de ces enfants grâce au travail trouvé dans une école bilingue (portugais-français) de la capitale amazonienne, se sentant chez elle au Brésil :
« Je suis à Manaus, je me sens chez moi. La seule chose difficile c’est que je ne peux pas aller en Haïti voir mes enfants et mes parents. Ici j’arrive à payer l’école de mes enfants, à les aider à trouver de la nourriture, tout cela c’est une grâce que Dieu m’a donnée. On espère qu’un jour Dieu va libérer Haïti des problèmes qu’il a. On vit toujours avec l’espérance. »
La religion apparaît beaucoup dans son discours, ainsi que l’appui donné par l’église brésilienne aux Haïtiens. C’est un fait connu dans d’autres États : faute d’un travail gouvernemental capable d’offrir de bonnes conditions à tous les migrants, ce sont des organisations non gouvernementales et l’église qui s’en occupent. À Manaus, les Haïtiens sont d’abord accueillis dans des « maisons de passage », comme celle administrée par l’association AMA Haiti, qui fait la liaison entre les migrants et les employeurs, et survit grâce aux dons reçus. Dans une maison de trois étages, cette association accueille environ 70 personnes, mais en a déjà reçu 400, en 2010, dans un espace voisin.
Les Pastorales des Migrants, associations catholiques qui existent partout au Brésil, constituent le grand centre de référence lors de l’arrivée des migrants. À Manaus, d’après Rosana Nascimento, la Pastorale fonctionne en partenariat avec les Pères et les Sœurs Scalabriniens et offre, en plus de trois maisons qui accueillent autour de 100 personnes, des cours de portugais en partenariat avec le CETAM et aussi des cours pour apprendre à générer des revenus :
« Nous orientons les migrants sur le marché du travail, en leur présentant les lois brésiliennes en la matière, en les aidant à élaborer leurs CV et en les orientant également vers de possibles employeurs qui nous cherchent en offrant de postes de travail. La Pastorale des Migrants agit dans l’Archidiocèse de Manaus depuis 27 ans et nos actions sont basées sur le trio Formation, Incidence et Articulation, de même que sur les quatre verbes que le Pape François nous oriente à conjuguer : Accueillir, Protéger, Promouvoir et Intégrer. »
Outre la Pastorale, d’autres institutions se font présentes à Manaus dans l’accueil des migrants : l’Œuvre Sociale Franciscaine, la Fondation Alan Kardec, le Centre d’Éducation Technologique de l’Amazone et la Maison de Passage João Batista Scalabrini. Sans ce soutien, certainement leurs premières expériences auraient été plus difficiles qu’elles ne l’ont été. Ces institutions les ont aidés – et les aident toujours – dans la recherche d’un logement provisoire et d’un travail, dans l’obtention des documents, avec un support psychologique et la possibilité d’apprendre la langue portugaise, élément fondamental d’intégration.
Des églises haïtiennes sont elles aussi présentes à Manaus. L’interview citée a été faite avec les pasteurs Frank et Josette Sénatus, membres de la congrégation évangélique Vie en Abondance, présente en Haïti et au Brésil, avec siège provisoire dans l’une des salles de l’Église Baptiste du quartier Dom Pedro, dans le centre-sud de Manaus. Le couple travaille dans l’aide à l’insertion de leurs compatriotes qui, ne sachant pas parler portugais au début, se renferment dans des ghettos, ce qui pose davantage de problèmes pour eux. Les Sénatus sont venus à Manaus spécifiquement pour ce travail bénévole. Parents de trois enfants, ils trouvent que les Brésiliens sont très accueillants et solidaires, même s’ils constatent l’existence d’attitudes racistes, « mais comme partout ailleurs » affirment-ils.
Selon Oliveira (2019), « pour les migrants, la croyance religieuse signifie surtout l’appartenance à une communauté de référence », d’où sa grande importance. Dans les cultes religieux la langue, en l’occurrence, le français, renforce les liens, comme c’est le cas de l’église de la Communauté Adventiste Haïtienne, située aussi dans le centre-sud de la capitale. Tous les mercredis, vendredis et samedis des cultes sont dispensés en français pour environ 80 membres de la communauté haïtienne à Manaus. Ces cérémonies les rassemblent davantage, en mettant en valeur leur identité culturelle et en leur donnant la voix dans le contexte extrêmement difficile de la migration.
Nous pouvons tous être migrants
La période comprise entre 2012 et 2014, d’intensification de l’arrivée des Haïtiens, est connue comme celle de la « fièvre brésilienne », selon Oliveira (2019). Après le coup d’État qui a mis fin à la présidence de Dilma Roussef, du Parti des Travailleurs, la situation des migrants haïtiens a connu un grand changement. Pendant les années 2017 et 2018, leur flux migratoire a diminué, et cela non seulement en vue de la baisse d’offre d’emploi, mais aussi à cause du durcissement de la politique de migration sous le gouvernement Bolsonaro, de droite, qui ne reconnaît pas le Pacte Global pour la Migration (signé par deux tiers des 193 pays membres de l’ONU), comme un instrument adéquat pour traiter le problème migratoire. Ernesto Araujo, ministre des Affaires étrangères brésiliennes, affirme que la migration ne doit pas être traitée comme une question globale, mais selon la réalité et la souveraineté de chaque pays, ce qui ouvre le chemin pour des mesures qui rendent encore plus difficile l’entrée de migrants dans le territoire brésilien. La crise socio-économique brésilienne, à son tour, fait partir de nombreux étrangers installés au Brésil. Quelques-uns rentrent chez eux, d’autres partent dans les pays voisins.
Ainsi, l’avenir des migrants à Manaus est-il encore incertain. Cependant, des institutions non gouvernementales continuent d’agir en leur faveur. C’est le cas du Projet Église Ouverte, lancé en février 2019 par l’Église Chama Church qui envisage l’insertion dans le marché formel de travail des migrants vivant dans la capitale et dans d’autres villes de la région métropolitaine, en plus de leur offrir des cours gratuits de portugais, sous la responsabilité de Maria Luísa Fontenelle, enseignante brésilienne diplômée en Lettres et Communication.
On constate, de plus en plus, un effort de la société manaura pour sensibiliser ses membres à l’accueil des migrants. Un bon exemple c’est l’exposition de photographies organisée par le professeur Djonatan Piehwiak et réalisée par le SENAC (Service National d’Apprentissage pour le Commerce) en 2019 et ayant pour thème les migrations : « Migrants : vous pourriez en être un » (« Migrantes : Poderia ser você »).
Accepter les migrants, leur offrir une assistance, contrairement de ce que prêche le président Bolsonaro, n’est pas un fardeau pour le Brésil. Plus vite les Haïtiens ont leur droit au travail garanti, plus vite ils peuvent contribuer économiquement à la vie du pays, et pour cela il faut qu’ils puissent utiliser leurs talents et leurs métiers au bénéfice du bien-être collectif. Nombreux sont déjà les cas d’Haïtiens qui enseignent le français au Brésil ou qui arrivent à travailler dans les mêmes secteurs qui les employaient en Haïti.
Il faut souligner que le Brésil, tout en ayant un immense territoire, reçoit aujourd’hui le plus faible nombre d’étrangers de son histoire. Selon des données de la Police Fédérale Brésilienne, environ 750 000 étrangers habitent aujourd’hui le pays au beau milieu de plus de 207 millions d’habitants, ce qui veut dire un pourcentage de 0,4 %, bien en dessous de ce qu’enregistrent d’autres pays (aux États-Unis, par exemple, ce pourcentage est de 12,3 %).
Or, accepter la présence d’étrangers et savoir les intégrer est toujours une grande et importante opportunité d’enrichissement social et culturel. Dans le cas des des Haïtiens, dans une ville comme Manaus – ville rêvée des Brésiliens eux-mêmes, ville magique au bord du fleuve Negro, qui forme le grand Amazonas lors de sa rencontre avec le fleuve Solimões, ville de gens rieurs et accueillants —, c’est avoir une grande possibilité d’échange entre deux cultures pleines de musique, de mythes, de gaîté, de littérature : Manaus, terre de Milton Hatoum (Dois irmãos, 2000. Deux Frères, Actes Sud, 2015) et de Márcio Souza (Galvez, imperador do Acre, 1976) et Haïti, terre de Jacques Roumain, auteur de Gouveneurs de la rosée (1944) un hymne à l’amour d’Haïti et de son peuple, l’un des livres fondateurs de la littérature haïtienne ; de Yanick Lahens, auteure de Bain de Lune (Prix Femina 2014) et de Danny Laferrière et son Énigme du retour, où l’auteur décrit magistralement le sentiment de ceux qui ont dû fuir leur terre natale :
(...) On peut bâtir sa maisonnette
sur le flanc d’une montagne.
Peindre les fenêtres en bleu nostalgie.
Et planter tout autour des lauriers-roses.
Puis s’asseoir au crépuscule pour voir
le soleil descendre si lentement dans le golfe.
On peut bien faire cela dans chacun de nos rêves
on ne retrouvera jamais la saveur
de ces après-midi d’enfance passés pourtant
à regarder tomber la pluie. (...)
(LAFERRIÈRE, 2009 : 21)
- Manaus