Contrairement à ce que la mondialisation et l’ère numérique pourraient laisser à penser, l’anglais n’est pas la seule langue d’Internet, y compris des contenus de divertissement et de culture. En témoigne le succès faramineux toujours grandissant des chaînes de vulgarisation francophones sur les divers sites d’hébergement de vidéos – YouTube en première ligne. Dans ce domaine, le français est une langue très bien représentée par rapport aux autres, y compris à l’anglais, et ses hérauts sont aussi bien français que belges, suisses ou canadiens. En effet, les estimations vont de plusieurs milliers de chaînes (selon le premier recensement très inclusif de Stéphane Debove) à tout de même quelques centaines (selon le recensement plus restreint de cette liste mise en ligne sur le site de la DGLFLF).
La question de savoir d’où vient cet engouement des francophones pour les contenus scientifiques et culturels n’est pas triviale, mais elle demanderait des années d’études sociologiques spécialisées sur ce phénomène de mode... La question à laquelle on peut répondre dès à présent, en revanche, est de savoir quelle est la teneur de l’offre permise par cet engouement, et quels avantages peuvent en tirer ses utilisateurs. Cet article présentera donc dans un premier temps une tentative de typologie des chaînes YouTube et de leurs créateurs et créatrices, puis un rapide panorama des intérêts que peut présenter une telle offre.
Typologie des chaînes YouTube scientifiques et culturelles
Les chaînes YouTube, même si on se restreint aux chaînes dédiées aux sciences ou à la culture, sont d’une grande diversité, et il peut être aisé de s’y perdre. En effet, afin de “sortir du lot”, les vidéastes ont tout intérêt à vendre un concept original, dans une mise en forme aussi agréable que possible, mettant parfois l’accent sur l’humour, voire sur leur propre personnalité et leur capital sympathie. Il pourrait donc sembler difficile de dégager une typologie de cette diversité. Pourtant, de grandes lignes émergent, qui seront décrites ici du type le plus “sérieux”, ou “formel”, au plus léger : les vidéos de cours, les vidéos de médiation et de vulgarisation, les vlogs, et enfin les vidéos humoristiques.
Lorsqu’on parle de véhiculer les sciences et la culture, le premier format auquel pensent les habitués du système scolaire traditionnel, c’est la classe, l’enseignement par le cours, construit par un professeur et réceptionné par des élèves, de façon verticale. De fait, ces vidéos d’enseignement se trouvent effectivement, et ce sous diverses formes.
On trouve d’abord les vidéos de cours à proprement parler, plus ou moins assumées telles par le ou la vidéaste. Leur propos est construit sur un sujet généralement assez large de façon à apporter un contenu où tous les éléments sont pour ainsi dire aussi importants les uns que les autres, et la finalité est clairement que tous ces éléments soient retenus par les téléspectateurs. Ainsi, les vidéos sont construites comme des leçons et visent un public étudiant. On en trouve par exemple en lettre et littérature, avec la chaîne Médiaclasse de Romain Boussot, professeur de formation et dont le but est de faire vivre le site associé qui propose notamment des analyses d’œuvres classiques. On trouve aussi énormément de cours de langue, dont les plus célèbres sont sans doute les cours de japonais de Julien Fontanier, professeur et traducteur de métier, dont la chaîne entière est construite de façon linéaire : il vaut mieux voir les vidéos dans l’ordre pour être sûr de suivre. On peut aussi citer la chaîne de philosophie Monsieur Phi, de Thibaut Giraud, docteur en philosophie et professeur de l’éducation nationale, les chaînes de mathématiques de Hans Amble et Jaicompris Maths, toutes deux également tenues par des professeurs agrégés, la chaîne d’histoire de la médecine Histomède, qui reprend un cours donné dans une faculté de médecine, Le Prof de Physique en physique-chimie, Gradus ad Parnassum en écriture musicale, L’histoire-géo au tableau en histoire et géographie, etc. On remarque que ces chaînes sont généralement tenues par des professeurs ou d’anciens professeurs ; certaines sont même des chaînes initialement à destination de leurs propres élèves dans le cadre d’une pédagogie par classe inversée, comme Prof Roques en physique-chimie ou Prof SVT 71 en biologie.
Mais ces chaînes spécialisées, et généralement investies par un ou une seule vidéaste, sont aussi en concurrence avec des chaînes pluridisciplinaires, qui servent généralement de vitrines à des entreprises versées dans le cours à domicile ou dans le soutien scolaire, comme Les bons profs ou Le prof du web. Ces entreprises tirent parti du fait que les vidéastes particuliers sont nécessairement limités dans leur champ d’action : si tous ou presque proposent bien des vidéos de méthodologie en plus des vidéos à contenus, pour expliquer par exemple comment structurer son plan, écrire une dissertation ou réussir une explication de texte à l’oral, leur analogie au MOOC se limite là : ils n’ont aucune obligation de répondre aux commentaires des internautes, et n’ont pas vocation à corriger des exercices — ce que proposent contre paiement ces entreprises.
Pour terminer, notons que ces vidéos de cours, qu’il s’agisse de vidéos à contenu ou de vidéos de méthodologie, peuvent être complétées par un troisième type de “vidéos-écoles”, les vidéos de révisions. Ces dernières visent clairement les élèves du secondaire et cherchent à reprendre le programme de l’éducation nationale de façon synthétique pour préparer aux examens. L’exemple le plus connu est sans doute la chaîne lancée par le vulgarisateur en philosophie Cyrus North, L’Antisèche.
Ceci étant, les vidéos d’enseignement pur ne constituent pas la majorité de l’offre scientifique et culturelle sur YouTube. La première place est en réalité remportée par un autre type de vidéos : les vidéos de vulgarisation.
On entend généralement par là les vidéos dont le contenu traite d’un sujet unique, sans relation de précédence ou de succession nécessaire avec les autres vidéos de la chaîne, et sur un ton potentiellement plus léger, mais toujours en citant ses sources. De plus, le public-cible n’est plus tant l’élève ou l’étudiant que le grand public. Il faudrait cependant ajouter des distinctions au sein-même de ce groupe, où on peut en réalité trouver des captations de conférences, des vidéos de médiation scientifique et culturelle, et des vidéos de vulgarisation à proprement parler. Il faut se garder, cependant, de voir une hiérarchie de valeur entre ces types de vidéos, qui relèvent d’ailleurs plus du continuum que de la catégorisation nette : il s’agit tout simplement d’approches différentes à la fois des sujets traités et des publics visés, chacune ayant ses avantages.
Les captations de conférences sont plus courantes qu’on ne pense : Jensky en physique, astronomie ou histoire des sciences ; Confér’ENS, la chaîne de retransmission des conférences données à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, y compris Vulgarizators, dont les intervenants sont justement des YouTubeurs ; la chaîne de l’Espace des sciences de Rennes, etc. S’il est très intéressant d’avoir accès à ces contenus en ligne gratuitement, il faut souligner que ces vidéos n’ont pas été créées expressément pour YouTube, et sont généralement longues puisqu’elles durent souvent plus d’une heure.
Les vidéos de médiation scientifique ou culturelle, quant à elles, sont construites expressément pour YouTube, mais sont d’une teneur plus dense que les vidéos de vulgarisation. Elles font appel à l’effort des téléspectateurs, à leur concentration, pour suivre le propos d’un bout à l’autre, mais la structure de la vidéo ressemble moins à un cours et vise plus à répondre à une question intéressante qu’à transmettre une série de connaissances. De plus, ces vidéos établissent généralement un état de l’art assez pointu et citent leurs sources en description de la vidéo. L’un des exemples les plus emblématiques est sans doute la chaîne Science Étonnante, tenue par le docteur en physique David Louapre, qui fonctionne d’ailleurs en parallèle d’un blog qui entre plus en profondeur dans les questions traitées en vidéos. Le ton du discours et la structure de la vidéo restent pédagogues, et la méthode rigoureuse, mais le but semble y être plus de mener le téléspectateur par la main jusqu’à la conclusion, que de lui inculquer des connaissances brutes. Des chaînes comme la chaîne de physique Scilabus de la docteure Viviane Lalande, qui s’amuse à répondre grâce à une expérience rigoureuse à des questions qui peuvent sembler triviales, la chaîne MicMaths de Mickaël Launay, docteur en mathématiques et vulgarisateur professionnel, la chaîne Linguisticae de Romain Filstroff, vulgarisateur professionnel des sciences du langage, la chaîne de médecine Primum non nocere par un chirurgien de métier… sont autant de bons exemples. Mais il en existe des centaines, certaines avec une poignée d’abonnés, d’autres en comptabilisant plusieurs centaines de milliers.
Les vidéos de vulgarisation à proprement parler sont, elles, plus légères dans le ton et moins abondantes en littérature dans les descriptions. Elles visent à sensibiliser le très grand public sur des questions assez larges, ou à rétablir la vérité sur des idées reçues. Un exemple canonique de cette approche se trouve chez le plus “gros” vidéaste scientifique francophone : Dr Nozman, qui sensibilise aux sciences, notamment à la biologie, à la géologie et à la physique, plus de 3 millions d’abonnés. En outre, la chaîne de vulgarisation médicale Dans ton corps, la chaîne généraliste E-penser ou celle consacrée à l’histoire et à la géopolitique de Dave Sheik, sont également de bons exemples.
A ces vidéos de vulgarisation scientifique s’ajoute une catégorie particulière, dont la valeur ajoutée ne tient pas que dans les informations transmises mais qui tâchent essentiellement de véhiculer de bonnes pratiques intellectuelles : les vidéos qu’on pourrait dire “d’esprit critique”. Ces dernières sont de plusieurs ordres. D’abord, on trouve les vidéos de zététique, ou science de l’esprit critique, à proprement parler : elles ont pour but de sensibiliser le public aux biais cognitifs en les expliquant. Parmi elles, les plus connues sont sans doute La tronche en biais, Hygiène Mentale ou Horizon Gull. Ensuite, on trouve ce qu’on pourrait appeler des chaînes de “journalisme éclairé”, c’est-à-dire des chaînes centrées sur l’actualité mais qui visent à passer en revue les publications récentes pour en tester la fiabilité. Parmi eux se trouvent Aude What The Fake ou Mr Sam. Une catégorie analogue mais légèrement différente se définit parmi ces zététiciens de l’actualité, catégorie davantage engagée dans ce qu’on appelle le “débunking”, c’est-à-dire la réfutation des théories du complots, comme Le Débunkeur des Etoiles ou Defakator. Enfin, on trouve des chaînes qui mettent en pratique la méthode scientifique sous les yeux du spectateur, et le prennent par la main à travers toutes les étapes à suivre pour vérifier une information : c’est le cas d’une chaîne comme Macroscopie, dont la créatrice Helixis Felis ne fait pas que répondre à des questions, généralement liées à la biologie, mais le fait en montrant sa méthode pas à pas.
Les vlogs, ou vidéo-blogs, sont des productions plus spontanées, et donc généralement plus intimes et, par voie de conséquence, moins scientifiques. Pourtant, quelques chaînes de ce type se démarquent.
On notera surtout la mouvance du booktube, ces vidéos consacrées à la littérature et aux conseils de lecture, voire d’écriture, comme Bulledop, Nine Gorman, Margaud Liseuse ou Piko Books. Dans la même veine, les vidéos consacrées au cinéma et aux analyses à chaud de films sont pléthores, mais on notera surtout Licarion Rock qui se démarque par son ton acerbe et sans concession envers les clichés sociaux véhiculés dans les films du box-office et tente par-là de sensibiliser son public à l’inclusion et au respect des minorités.
De même, on peut ranger ici ce qui relève beaucoup plus du vlog traditionnel, c’est-à-dire les retours d’expérience face caméra. Si là encore l’aspect spontané du propos peut inviter à la méfiance, certaines chaînes de conseils peuvent s’avérer utiles. Par exemple, le créateur du Monde des Langues dispense avec bienveillance ses conseils pour s’atteler à l’étude d’une langue. On notera ici aussi le mouvement du vlog-thèse, c’est-à-dire des doctorants qui parlent de leur expérience de thèse face-caméra à intervalles réguliers, comme le fait par exemple Manon Bril sur sa chaîne par ailleurs consacrée à l’histoire de l’art, C’est une autre histoire.
Parmi les vlogs toujours, on peut noter les vidéos de “mises en pratique”, même si certaines sont en réalité travaillées comme des vidéos de médiation scientifique, tant au niveau du propos qu’au niveau du montage. Ainsi, les vidéos d’Experimentboy, qui s’amuse à faire exploser des microondes dans son jardin, sont nécessairement spontanées dans la mesure où le vidéaste semble bien tester des choses face à la caméra, mais ses vidéos sont en réalité riches d’enseignement en physique et en mécanique.
Enfin, faisons une place ici aux vidéos qui ne s’affichent pas comme scientifiques ou culturelles mais peuvent s’avérer utiles à l’enseignement.
C’est le cas par exemple des vidéos de Links the Sun. Ce dernier ne se présente absolument pas comme un vidéaste culturel, et de fait il n’en est pas un : il est avant tout un curieux enthousiaste à l’idée de transmettre des contenus, que ces derniers soient ancrés dans la culture populaire ou d’ordre plus “sérieux”. Par exemple, la série des Points Culture présente des top 20 (dont les items sont classés selon l’avis personnel du vidéaste) consacrés pêle-mêle à des sujets “scolaires”, comme la musique classique, les figures de style, le corps humain, les drapeaux… comme à des sujets plus légers, notamment les super-héros. De même, sa série Non mais t’as vu ce que t’écoutes critique les paroles des chansons francophones du top 50, à grand renfort de figures de style et d’analyse sémantique… En somme, des explications de textes déguisées en coups de gueule contre la médiocrité (à moins que ça ne soit l’inverse ?) – le tout saupoudré de sketchs pinçants et de formules efficaces qui invitent à la mémorisation.
Les vidéastes scientifiques et culturels sont donc nombreux et extrêmement diversifiés. L’éventail des approches décrit ici ne rend d’ailleurs pas justice au foisonnement de contenus de qualité.
Beaucoup de vidéastes en effet se démarquent en spécialisant leur chaîne de façon incongrue. Ainsi, la chaîne Confessions d’histoire a opté pour le documentaire fictif : des acteurs campent les personnages historiques qui racontent un épisode de l’Histoire à la façon d’une interview de télé-réalité. PvNova parle de musique en écrivant lui-même un morceau, Lyokoï Kun explique l’étymologie d’un mot en suivant la structure d’un article du wiktionnaire ou contribue en direct à Wikipédia, L’Histoire en jeux explique l’histoire grâce aux jeux vidéos, Mister Géopolitix produit des reportages à travers le monde, Accropolis commente en direct les séances de questions d’actualité au gouvernement, C’est jeune et ça sait tout réunit des vidéastes autour d’une thématique de société sous forme de podcast, etc.
De nombreuses chaînes aussi se démarquent par la spécificité de leur propos : Scinéma parle de sciences à travers le cinéma, Aude GG parle dans son émission Virago de personnalités historiques exclusivement féminines (et généralement oubliées), L&O parle de théâtre contemporain tout en se refusant à faire la promotion de son contenu sur les réseaux sociaux, etc.
Cette diversité rend la typologisation difficile et pourrait rendre le néophyte confus, mais s’avère en réalité un atout pour la diffusion de la culture et de la science auprès du grand public.
Les limites de la typologie, l’utilité de la diversité
On l’a dit, cette diversité peut s’avérer problématique. Pour commencer, la question se pose pour tout nouvel utilisateur de savoir à qui faire confiance. Les vidéastes sont si nombreux que la qualité des contenus peut varier, et certains ou certaines ont tôt fait de s’auto-proclamer scientifiques ou culturels. Heureusement, quelques outils existent pour aiguiller le public vers les contenus fiables. L’association de la Vidéothèque d’Alexandrie, l’association du Café des sciences, ou le collectif Médiapason spécialisé en musique, sont autant de structures fiables qui aident à faire le tri. Une quatrième plateforme, EduCulture, est en cours de construction pour aider les internautes, essentiellement les professeurs et les élèves, à naviguer non seulement sur des chaînes fiables, mais aussi à s’aiguiller quant à leur “potentiel éducatif”(1).
L’avantage de ces structures comme de YouTube, c’est que le contenu est accessible. Accessible déjà parce que facile d’accès : les vidéos sont en ligne, il suffit de cliquer sur un lien pour les visionner. Accessible ensuite parce que gratuit : tout un chacun peut enchaîner les visionnages sans débourser un centime. Enfin, accessible parfois aussi grâce aux sous-titres, essentiels notamment pour l’accessibilité aux personnes sourdes ou malentendantes : un collectif de bénévoles s’évertue d’ailleurs à contribuer aux sous-titres des divers vidéastes.
Ensuite, les avantages du foisonnement d’offres sur YouTube sont nombreux. Tout d’abord, véhiculer les sciences et la culture sur un ton plus ou moins léger sur une plateforme aussi populaire, permet d’espérer un changement de perception des sciences et de la culture dans le grand public (notamment les jeunes). La multitude d’approches, de tons, de personnalités des vidéastes permet de couvrir la quasi-totalité de la demande : il y en a pour tous les goûts ! C’est là qu’est utile un concept comme celui de “potentiel éducatif” : toutes les catégories de chaînes citées ont un potentiel éducatif positif : elles visent toutes à transmettre du contenu intellectuel ou des compétences. Cependant, tandis que certaines l’assument ouvertement, comme les vidéos de cours, d’autres le dissimulent derrière un “potentiel divertissement” plus prégnant. Mais ces potentiels ne sont pas exclusifs : l’un n’empêche pas l’autre. Bien au contraire, l’aspect divertissant de certaines chaînes peut être une porte d’entrée vers les sciences et la culture pour les publics à priori les moins intéressés par le sujet.
Enfin, YouTube et sa diversité d’offres permettent de mettre en place des réseaux de vidéastes, donnant lieu à de nombreuses initiatives salutaires. La première et la plus évidente peut-être est la mise en valeur de l’interdisciplinarité et le décloisonnement des disciplines, souvent distinguées les unes des autres dans le système scolaire traditionnel. En effet, les vidéastes sont régulièrement amenés à entrer en collaboration pour produire des vidéos à la rencontre entre leurs sujets. Il peut s’agir d’initiatives personnelles, par exemple lorsque le vulgarisateur Léo Grasset de la chaîne Dirty Biology collabore avec Manon Bril au sujet de la représentation du lion dans la Grèce antique et son rapport à l’amnésie écologique, ou encore avec la chaîne consacrée à la science-fiction Nexus VI autour de la question de la surpopulation. Ce dernier a d’ailleurs aussi collaboré avec le Fossoyeur de Films, qui a lui-même collaboré avec La Brigade du livre, et ainsi de suite. Mais ces initiatives peuvent aussi être des commandes d’institutions. Par exemple Le Louvre a commandé des vidéos à plusieurs vidéastes. Chacun a fait sa vidéo de son côté et ils ne se rencontrent pas, mais la playlist a le mérite de regrouper autour d’un même thème, les collections du célèbre musée, des vidéastes de différents horizons : histoire, philosophie, cinéma, littérature…
Enfin, un autre avantage notable de ces communautés de vidéastes, ce sont les actions en direct, en présentiel : les festivals comme celui de Montbazon ou Frames à Avignon, les conférences, les conventions, etc.
Le paysage de la création sur YouTube est donc complexe. Les vidéastes sont très nombreux et leur tentative pour sortir du lot les invite à l’originalité la plus poussée, rendant les généralisations à leur sujet malaisées. En termes de format et de ton, on l’a vu, tout existe : de la pastille de quelques minutes à la conférence de plus d’une heure, de la vulgarisation grand-public au cours pointu… En termes de thématiques abordées, les vidéastes sont plus ou moins généralistes, mais même les plus spécialisés sont hétéroclites.
Ce qu’ont en commun ces chaînes disparates, pourtant, c’est de lutter, chacune à sa façon, contre la désinformation et de participer à diffuser le plus largement possible la connaissance, la culture, la science et l’esprit critique.
(1) J’emprunte le terme au spécialiste en sciences de l’éducation Pleen le Jeune, de la chaîne EduKey, que je remercie de sa relecture.
A consulter absolument :
La webographie de la Vidéothèque d’Alexandrie sur les vidéastes culturels et scientifiques.
Les Enjeux de l’éducation aux médias par Evelyne Bevort, directrice du Clemi, pour la revue Lecture Jeunes.
Le numéro 117 de la revue Lecture Jeune consacré à la transmission de la culture scientifique.
Au sujet de la situation des vidéastes scientifiques et culturels, les enquêtes de Tania Louis en 2016 et 2018.