Avec l’approche actionnelle de l’enseignement/apprentissage du F.L.E., nous avons compris l’importance d’accomplir une tâche réelle dans des situations concrètes. Quand on parle des situations de la vie réelle, il faut toujours prendre en compte le côté socio-culturel, qui prime par rapport à nos choix et à nos habitudes linguistiques de communication.
Il existe des variétés de français dans le monde, par exemple au Québec, en Afrique, historiquement en Amérique, comme dans l’Etat de la Louisiane, et bien sûr, en Océanie et aux Antilles. Quand on dit « variétés », selon Larousse, il s’agit des caractères de quelque chose dont les éléments sont divers ou différents. Les variétés de français, - une langue riche culturellement et connue universellement -, reflètent l’histoire du pouvoir socio-politique et culturel qu’avait la France et qu’elle a toujours dans le monde actuel.
Avant toute chose, il est important de comprendre ce qu’est un créole par rapport à un dialecte. En effet, l’existence même des langues vernaculaires suppose toujours une destruction des règles grammaticales des langues véhiculaires, mais pas totalement. Il convient donc de définir ces termes pour mettre en lumière les difficultés que certains apprenants d’une langue étrangère peuvent rencontrer en raison de leurs origines socio-culturelles et linguistiques.
Les Définitions :
(I) qu’est-ce qu’un créole ?
A) Un créole, en tant qu’un nom, c’est une personne d’ascendance européenne née dans une des colonies intertropicales (en particulier aux Antilles de l’ouest).
B) C’est aussi un parler créole, une langue provenant du mariage des langues des colonisateurs avec des langues indigènes ou importées, par exemple des langues africaines.
(II) Qu’est-ce qu’un dialecte ?
C’est une forme régionale, nettement distincte d’une langue véhiculaire. Par exemple, il y a des dialectes ruraux avec des accents différents, et des dialectes régionaux, comme ceux des Antilles anglophones.
(III) Qu’est-ce que la créolisation ?
La créolisation, c’est le processus par lequel les langues et cultures créoles convergent. De plus, il y a de la créolisation quand des interlocuteurs sélectionnent des éléments culturels linguistiquement, qui font partie d’une culture d’héritage ; par exemple, c’est le concept d’ebonics, un anglais vernaculaire des Américains d’origines africaines, nommé « l’anglais vernaculaire noir » ou bien « The Black English Vernacular » (B.E.V.). Cette langue vernaculaire se rapproche du dialecte anglophone de St. Kitts & Nevis.
À titre d’exemple, nous allons analyser des productions linguistiques à l’aide des paroles d’une chanson en créole martiniquais pour faire une comparaison de traductions en français standard, en anglais standard, en dialecte anglophone de St. Kitts & Nevis. Considérons les paroles utilisées comme exemples de la réalité linguistique d’un pays francophone, où l’on parle non seulement le français standard, mais aussi une langue vernaculaire, à savoir le créole martiniquais.
Ainsi, si l’on écoute la chanson en créole martiniquais « Ké sa lévé » de Saïk avec Phyllisia Ross et Jocelyne Béroard (1), on entend des productions linguistiques distinctes des Antilles francophones. En soulignant un vers de cette chanson, la partie chantée par Jocelyne Béroard, on peut faire une comparaison de la traduction dans les langues mentionnées précédemment.
Par exemple :
(i) en créole martiniquais :
A) Si ou pou chapé
B) Souplé ralé pot-la dèyè « w
C) Pou van-an pa vini chouboulé
D) Sa ka rété mwen jodi-a
(ii) en français standard :
A) Si tu t’en vas
B) S’il te plaît, referme la porte derrière toi
C) Pour que le vent n’emporte pas
D) Ce qui me reste aujourd’hui
(iii) en anglais standard :
A) If you must walk away
B) Please pull/shut the door behind you
C) So that the wind may not come and turn upside down/take away
D) What I’ve got left here today
(iv) en dialecte anglophone de St. Kitts & Nevis :
A) If you gaw go,
B) Please shut de door behin’ you, you hear
C) So de win’ wouldn’ mess up an » tek « way
D) Wha’ me gaw lef’ yah today
En comparant ces langues, on arrive à identifier les variétés verbales utilisées dans chaque phrase dans toutes les langues.
Ce tableau montre les similitudes étymologiques entre le créole martiniquais et le français standard, par exemple à la ligne D avec « rété » et « reste », ainsi qu’entre le dialecte anglophone « gaw’ lef" et l’anglais standard "got left". Cette comparaison démontre bien les liens étymologiques qui existent entre ces langues et leurs histoires socio-politiques et l’importance de les tenir en compte dans l’aspect socioculturel de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères et les erreurs que puissent faire des apprenants de ces langues.
Les difficultés que rencontrent certains apprenants en langue étrangère, dépendent donc souvent de l’écart qui existe entre leur langue maternelle et la langue véhiculaire du même pays. En conséquence, plus il y a d’écart, plus ils auront des difficultés parce qu’ils ne comprennent pas immédiatement la structure grammaticale de cette langue cible (étrangère) sans ces connaissances ou compétences apprises dans une institution de la langue officielle de leur pays. C’est le cas à St. Kitts & Nevis et dans d’autres pays de langues vernaculaires.
C’est la raison pour laquelle il est important que les éducateurs considèrent toujours l’aspect socio-culturel du processus d’enseignement/apprentissage du Français Langue Etrangère ou de n’importe quelle autre langue étrangère. Cette analyse nous rappelle aussi ce besoin éminent qu’ont les êtres humains de se comprendre, même en étant confinés chez eux à cause d’une pandémie telle que la Covid-19.
Note :
(1) Il s’agit d’un remix de la chanson originale du groupe Kassav.