Installée au Rwanda, Tchèque et Française à la fois, Lucie surprend par son parcours et nous emporte vers une aventure africaine.
Je suis née en 1986 à Ostrava, au nord-est de la République tchèque. Je suis partie assez vite, à seize ans, en France à Dijon, dans le cadre d’un partenariat entre les deux pays. En fait il y a deux villes, Dijon et Lille, qui reçoivent des étudiants tchèques depuis les années 20 avec des interruptions pendant la guerre et la période communiste. J’ai rejoint ce programme francotchèque pour étudier donc, tous frais payés, à Dijon. Après avoir terminé le lycée, je me suis dit que ce serait dommage de rentrer et j’ai rejoint Science Po Paris qui a créé une antenne à Dijon. Les deux premières années, j’étais à Dijon, ensuite j’ai été à l’étranger puis je suis revenue à Paris. J’ai travaillé pour Capgemini Consulting, une grosse entreprise française, pendant sept ans.
Envie de revenir en République tchèque ?
Cette idée de rentrer « chez moi », en République tchèque a été présente pendant très, très longtemps, pendant au moins, je pense les cinq ou six premières années de mon séjour en France. En France, dans ma quatrième année je me suis dit, ça y est, je finis Sciences Po et ensuite je rentre. Mais, Paris m’avait séduite et je me suis finalement décidée à rester.
Vous y avez travaillé en tant que consultante ?
Oui, j’ai rejoint Capgemini Consulting, au départ en tant que stagiaire et ensuite j’ai un peu monté les échelons dans cette entreprise. Quand je suis partie, j’étais manager.
Avant de partir pour le Rwanda, vous avez acquis la nationalité française...
Oui. Pendant très longtemps, la République tchèque ne permettait pas la double nationalité. La loi a changé à un moment donné. Je trouve que ça me donne une sorte de protection en plus. À l’époque c’était complètement sentimental. C’était juste pour formaliser le fait que j’avais passé une moitié de ma vie en France et une moitié de ma vie en République tchèque.
Comment avez-vous fait le choix du Rwanda ?
Je suis passée par un programme de réorientation pour travailler dans le secteur à but non lucratif. Cela faisait un moment que j’avais envie de partir en Afrique. C’était le bon moment puisque je n’avais pas de contrat à Paris et que je n’avais pas vraiment d’attache. J’ai demandé à mon réseau d’amis s’ils avaient des opportunités, même de bénévolat ou de petits projets. Et j’ai eu assez rapidement des pistes prometteuses, une au Togo, une en Sierra Leone et une au Rwanda. J’ai fini par choisir le Rwanda. J’ai été bénévole dans un incubateur de start-up où je devais rester deux mois et finalement, j’y ai travaillé pendant huit mois. Un des clients était un ancien de la société dans laquelle je travaille actuellement et il s’avère qu’elle cherchait un manager. À présent je travaille toujours dans un cabinet de conseil, mais dans un environnement différent, avec des valeurs complètement différentes.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de votre vie en Europe ?
Je pense que c’est quand même la nourriture qui me manque le plus. Parfois aussi c’est un certain niveau des services.
Est-ce que vous souhaitez rentrer en France à un moment donné ?
Là, ici et maintenant, j’ai un copain rwandais qui est assez enraciné, mais nous sommes convenus qu’à un moment donné nous allons déménager en Europe. Peut-être bientôt, parce que j’aimerais bien avoir des enfants.